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Crimson Peak : la toile de maître de Guillermo del Toro

Alors qu’il vient de sortir en DVD, retour sur le neuvième film de Guillermo Del Toro, dont le principal défaut est de ne pas être Pacific Rim 2.
Crimson Peak : la toile de maître de Guillermo del Toro

Alors qu’il vient de sortir en DVD, retour sur le neuvième film de Guillermo Del Toro, dont le principal défaut est de ne pas être Pacific Rim 2.


Si l’on devait retenir une constante dans la filmographie de Guillermo Del Toro, ce serait cette capacité à accoucher de plans immédiatement accrocheurs, parfois poétiques, souvent mémorables, et ce quel que soit le thème du film. Un robot géant qui utilise un paquebot comme arme (Pacific Rim), un monstre dont les yeux se cachent aux creux des mains (Le labyrinthe de Pan), la venue au monde de Hellboy… Il y a là de quoi, au mieux donner à disséquer au cinéphile, au pire de quoi faire un bon GIF en quelques clics. Le réalisateur, scénariste et producteur mexicain soigne sa forme, souvent à l’extrême, et parfois au détriment du fond (Pacific Rim dans une certaine mesure, Crimson Peak dans une autre).

Crimson Peak est une toile de maître. Cette maison, au plafond éventré, qui laisse la neige envahir le hall. L’argile qui transforme cette même neige en sang. Chaque image est d’une beauté sans nom, profondément travaillée, riche de mille détails, sans pour autant que cela ne détourne le spectateur du récit, qui lui, est minimaliste, presque nu. Aucune raison pourtant d’y voir la moindre paresse: Crimson Peak respecte les règles du conte, de ceux qu’on racontait aux enfants avant d’aller dormir (ou dans ce cas précis, plutôt pour les terroriser). Le mal s’oppose au bien, sur fond de maison hanté, de conspiration, et, attention au spoiler, d’inceste. Nous ne sommes pas chez Disney, ou les plus sombres (La Belle au Bois Dormant et Cendrillon), mais chez Del Toro, futur réalisateur, peut-être, de l’adaptation de Stories To Tell In The Dark. Si l’histoire semble classique, c’est bel et bien qu’elle l’est, mais pas trop. Alors que les héros de Pacific Rim peinaient à exister dans ce déluge inoui d’effets spéciaux, ici, ils respectent les règles du genre, intentionnellement (tout comme Idris Elba, dans le film le plus cool de 2013, respectait celui du blockbuster apocalyptique en prononçant un discours mémorable).

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Bien sûr, Crimson Peak n’est pas exempt de défauts. Mia Wasikowska irrite un brin à force de subir les évènements, tout comme Charlie Hunnam, second rôle sous-développé. Jessica Chastain, elle, brille par sa froideur, sa distance, tandis que Tom Hiddleston semble prendre un réel plaisir, communicatif, à manipuler son monde. On peut également blâmer une campagne promotionnelle désireuse de nous vendre une histoire de fantôme, finalement relativement peu présents à l’écran.


Moins poétique que Pan et moins cool que Pacific Rim, Crimson Peak prend les apparences d’un Del Toro mineur, presque anecdotique. Et pourtant: même dans les petits films de ce grand réalisateur, la magie opère. Une magie, ici, noire.


Nico Prat



Crimson Peak - Disponible en DVD