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Descender : une aventure entre Spielberg et Asimov

Si Osamu Tezuka a réussi à ancrer son candide Astro Boy dans l’imaginaire collectif, force est de constater que nombre d’artistes se sont cassés les dents quand ils ont voulu aborder la thématique de l’enfant robot. A.I. est un des rares bides de Spi
Descender : une aventure entre Spielberg et Asimov

Si Osamu Tezuka a réussi à ancrer son candide Astro Boy dans l’imaginaire collectif, force est de constater que nombre d’artistes se sont cassés les dents quand ils ont voulu aborder la thématique de l’enfant robot. A.I. est par exemple l'un des rares bides de Steven Spielberg, d’autant plus surprenant que le matériau de base venait d’un projet abandonné de Stanley Kubrick.


En 2015, Jeff Lemire arrive à transformer l’essai que Spielberg himself avait raté. Avec son Descender, le canadien parvient à conjuguer les thématiques d’Arthur C. Clarke et d’Isaac Asimov, nous transportant dans un univers de SF aux multiples niveaux de lecture. Lemire est issu de cette nouvelle vague de scénaristes, qui, au même titre qu’un Rick Remender, Jason Aaron ou Brian K. Vaughan, arrive à apporter un souffle nouveau au neuvième art en proposant des récits originaux, augurant un nouvel âge d’or des comics.


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Descender, initialement paru dans ce nouveau creuset qu’est Image Comics (dont nous vous parlerons très bientôt sur ce site, ndlr), vient donc de sortir chez nous sous l’égide d’Urban Comics. Le récit se déroule dans un futur lointain, à une époque où les humains ont colonisé plusieurs mondes et fondé un conseil galactique pour les administrer (le GCU). Sur la lune de Dirichu-6, une colonie minière, TIM-21 s’éveille. Au milieu du chaos, l’enfant-robot va chercher à retrouver sa famille. Aidé par Bandit, un chien mécanique et Driller, un colosse de métal à l’IA limitée, il va chercher la trace des hommes qui peuplaient cette colonie. Pendant la décennie qu’a duré le sommeil du jeune androïde, les mondes habités ont été attaqués par les récolteurs, des robots de taille planétaire qui ont décimé des millions d’âmes. L’humanité tente peu à peu de se relever, mais les robots sont devenus indésirables. Dans toute la galaxie, ils sont traqués par des chasseurs de primes pour être torturés et détruits.

Alors qu’il cherche à prendre contact avec le monde extérieur, TIM-21 émet un signal qui fera de lui une proie, mais aussi un espoir pour le GCU et Dr Quon, père de la robotique moderne. Plusieurs factions vont essayer de capturer le jeune robot, qui est peut être la clef pour comprendre d’où viennent les récolteurs, et donc sauver ce qu’il reste de l’humanité.

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Si le comics de Lemire et Nguyen arrive à parler de racisme et de parentalité, il évite surtout le pathos souvent présent dans ce genre d’oeuvre. TIM-21 porte un regard naïf sur le monde qui l’entoure, mais son innocence est le point d’ancrage d’un récit. Dans un univers où règne la violence, la haine et la convoitise, les robots représentent ce qu’il y a de meilleur en l’humanité. La pureté, le courage et l’abnégation de ces intelligences artificielles sont des remparts face aux pires travers de l’humanité.


Si Lemire admet bien facilement s’être inspiré du 2001 de Kubrick pour sa thématique, mais surtout pour sa séquentialité, il avoue aussi être un grand fan du manga PLUTO de Naoki Urasawa, lui même tiré du Tetsuwan Atomu de Tezuka. Bref, tout se recoupe. On en viendrait presque à oublier le travail prodigieux de Dustin Nguyen, qui modèle un univers à base de planches à l’aquarelle travaillées comme des oeuvres à part entière. Chaque visage, chaque teinte, chaque plan a une signification scénaristique. Le découpage aussi bien que les couleurs utilisées, apportent une lisibilité structurelle et narrative qui emportent le lecteur dans cet univers fantastique.


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Ce premier tome de Descender est un petit bijou de SF. Un prologue clair, maitrisé, proposant un véritable « appel à l’aventure » cher à Joseph Campbell. Un Space Opera qui ne fait que débuter, mais dont le succès semble évident devant tant de richesse. Sony ne s’y est d’ailleurs pas trompé car les droits d’une adaptation cinématographique ont été achetés et un réalisateur de premier ordre (Spielberg ?) est envisagé pour le passage de Descender du neuvième au septième art.


Christophe Balme


Descender - Tome 1 paru chez Urban Comics