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Far Cry Primal : Mammouths et poésie

On ne le dira jamais assez: Far Cry, quatrième du nom, sorti en novembre 2014, fut tout simplement l’un des plus beaux, intenses, riches jeux de l’année. Une constante dans l’univers de la franchise, qui place le joueur, à chaque épisode, dans un déc
Far Cry Primal : Mammouths et poésie

On ne le dira jamais assez: Far Cry, quatrième du nom, sorti en novembre 2014, fut tout simplement l’un des plus beaux, intenses, riches jeux de l’année. Une constante dans l’univers de la franchise, qui place le joueur, à chaque épisode, dans un décor exotique et brutal.


Mais pour ce cinquième volet, Ubisoft remonte le temps, jusqu’en 10.000 avant le mec qui marche sur l’eau, soit il y a 12 000 ans, au début du Mésolithique. Et le studio de préserver ce qui fait l’identité de Far Cry, tout en mettant le joueur à nu. Vous êtes un homme des caverne, un barbare. Vous êtes revenu à l’âge de pierre.


On pourrait voir en Far Cry Primal une bonne raison de s’inquiéter pour un FPS qui n’avait pas besoin d’une déclinaison ancéstrale, et qui sort à peine plus d’un an après un quatrième volet qui lui-même était paru plus de trois années après le précédent. Jugez plutôt: le 5 janvier 2015, Ubisoft proposait aux joueurs de choisir trois univers pouvant accueillir le prochain Far Cry. Le 6 octobre 2015, le développeur diffuse une vidéo annoncant Primal. Ubisoft a acceléré la cadence, comme il a pris l’habitude de le faire avec la très surestimée franchise des Assassin’s Creed, qui déçoit, mécaniquement, un peu plus chaque année. 


Comme pour cette dernière, un changement d’époque est opéré. Et comme pour cette dernière, on a donc le droit, dans un premier temps, de craindre le pire. Sauf que c’est le meilleur qui nous est proposé ici. Encore une fois, le décor est sublime. Encore une fois, on arpente le jeu pendant des heures, et des heures, sans se lasser, s’émerveillant devant la découverte de chaque grotte, de chaque prairie.


Et pourtant, ce plaisir n’est pas immédiat. Car il faut, en effet, marcher. Beaucoup. Ici, point de voiture, de moto ou de petit hélicoptère, vous n’avez que vos jambes. Mais cette crainte de gambader pendant des heures sans rien trouver (ce qui nous a fait rapidement abandonné le jeu Mad Max, lasse de rouler dans le désert pour finalement rouler encore plus) s’estompe vite. Nous sommes ici face à une nature hostile, et derrière chaque pierre peut se tenir un tigre, derrière chaque colline, un troupeau de mammouths. 


Une opulence d’obstacles qui impose au joueur une attention de chaque instant, seulement interrompue par quelques hullulements ou grognements. A l’inverse des trajets en voitures de Far Cry 4 qui abrutissait le joueur avec son irritable station FM, ici, le silence est d’or, et synonyme, aussi, de danger. Il faut tendre l’oreille, rester sur ses gardes. Et le chemin qui nous mène à la création d’une nouvelle tribu n’en devient que plus haletant.

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Face aux dangers donc, il est possible de créer des armes toujours plus mortelles, et d’apprivoiser des bêtes vous aidant dans votre quête. La prise en main est extrêmement facile, pas une mince affaire face à l’abondance des possibilités (maîtriser les nombreuses options de Metal Gear Solid Phantom Pain fut une toute autre affaire). Il est également possible de… Tout, en fait.


Tout est possible dans Far Cry. Au moment d’imaginer comment combler le dénuement total de l’époque choisie, Ubisoft a décidé de ne rien changer, de ne rien toucher, et de proposer la même expérience immersive, le même gameplay, la même histoire, un homme seul qui s’impose face à la jungle, tout en soignant l’écrin (gros boulot sur le langage des habitants de Oros, où se déroule l’action). On se laisse happer, on reste dans la peau de Takkar pendant des heures, on regarde le sang couler, les amitiés se créer, les mammouths courir (un plaisir simple). 


C’est là l’une des grandes forces de Primal: le joueur fait corps avec son environnement, là où il avait pris l’habitude, jusqu’à présent, d’aller contre, de tenter de l’altérer (en délogeant un dictateur, par exemple). Ici, on se surprend par moments à simplement contempler la nature. Une réussite totale, encore une fois, pour un FPS plus poétique qu’il n’y paraît.


Nico Prat