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La Fête à La Maison : pourquoi Netflix doit laisser tranquilles nos années 90

Qu’on aime ou non ses créations originales (Jessica Jones, décevant, Daredevil, brillant, Bloodline, injustement méconnue) ou les séries qu’elle sort des tiroirs (Arrested Development, pour une quatrième saison hautement dispensable, Gilmore Girls...
La Fête à La Maison : pourquoi Netflix doit laisser tranquilles nos années 90

Qu’on aime ou non ses créations originales (Jessica Jones, décevant, Daredevil, brillant, Bloodline, injustement méconnue) ou les séries qu’elle sort des tiroirs (Arrested Development, pour une quatrième saison hautement dispensable, Gilmore Girls bientôt), difficile de ne pas saluer la stratégie de Netflix, souvent gagnante, régulièrement audacieuse, toujours intéressante. Netflix énerve, Netflix intrigue. Et parfois, Netflix se prend les pieds dans le tapis, tombant la tête la première sur ce qu’on appelle le mauvais goût.


La Fête à la Maison, c’est les années 90: des rires enregistrés, une chanson pop habillant un générique composé d’images de la vie quotidienne (Everywhere You Look). Tout le monde s’aime, tout le monde est heureux, rien n’est jamais réellement grave, tout finit toujours bien, et en 2016, tout le monde s’en fout. Car franchement, qui s’inquiétait de savoir ce que devenaient ces personnages depuis la fin de la série en 1995 ? C’était il y a 21 ans, une éternité pour un public qui a vu l’offre  s’étendre sérieusement, et désormais hanté par l’idée de rater quelque chose, de faire les mauvais choix, chaque network, chaque plateforme offrant désormais quantité de programmes de qualité (hey, même Lifetime a surpris son monde avec la sympathique Unreal).


Il était donc important pour Netflix et Jeff Franklin, créateur de la série (et également producteur de Stuart Little, comme cela vous savez tout), d’actualiser cette dernière, d’en offrir une version plus moderne, moins niaise, davantage en phase avec son époque. Une mise à jour nécessaire qui n’a donc pas eu lieu, ce que les premiers extraits laissaient craindre et que les premiers épisodes confirment (seules les blagues déjà moisies sur les smartphones placent la série dans notre époque). 


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Comme s’il avait sorti des cartons un bibelot poussiéreux pour le poser sur sa cheminée sans prendre la peine de lui redorer sa brillance d’antan, Netflix déterre Full House, et ne change rien. Strictement rien. Les mêmes couleurs criardes, les mêmes vannes de CM2, les mêmes sentiments, tellement bons et irritants, le même casting (il est certes agréable de revoir John Stamos, mais les fans d’Urgences ne l’avaient pas perdu de vue - les soeurs Olsen sont, elles, absentes), et les mêmes rires. Et pas n’importe lesquels.


Les rires enregistrés ont été inventés dans les années 1950 par un ingénieur du son du nom de Charley Douglass. Ce dernier, remarquant que le public ne rigolait pas en rythme avec les blagues (quand il ne se marrait tout simplement pas, créant un profond sentiment de gêne en plateau), créa donc la Laff Box, qui contenait différents sons (rires gras, rires hystériques, pouffade), lui permettant de créer l’illusion. Une illusion qui ne durera pas, tant le procédé est aujourd’hui associé à la plus pure ringardise télévisuelle (AB Productions).

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En décidant de ne rien changer, de faire comme si La fête à la Maison avait encore sa place dans le coeur des fans et dans les années 2010, Netflix se trompe lourdement, et rate l’occasion de prouver que sa conquête du monde, faite de films, de documentaires, de reboots, de spinoffs et de créations, est bien le résultat d’une réflexion et non d’une incontrôlable boulimie obligeant l’entreprise américaine à investir chaque recoin, chaque époque, chaque souvenir de fans qui pensent vouloir en voir plus, mais non. Vous ne voulez pas voir une reformation du casting de Friends. Vous le pensez, aveuglés par votre nostalgie, mais non. Il en va de même pour Urgences, Charmed, K2000 ou encore Buffy, et plus récemment, X-Files (dont la saison 10 s’est achevée sans réellement enthousiasmer la planète, mais sans pour autant ruiner l’héritage, bref, sans faire de vague). Laissez les années 80 et 90. 


Nous ne pensons pas que c’était mieux avant (d'ailleurs, Full House, c'était naze dès le premier épisode), merci donc de ne pas nous donner de raisons de le croire. 


Nico Prat