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Le Mal par le Mal : le secret le mieux gardé de Michael Mann

Produit par Michael Mann entre deux saisons de Miami Vice, Le Mal par le Mal (Band of the Hand en VO) a plus d’un point commun avec la série du futur réalisateur de Heat : Miami comme décor, le trafic de drogues en arrière-plan et une bande son hurla
Le Mal par le Mal : le secret le mieux gardé de Michael Mann

Produit par Michael Mann entre deux saisons de Miami Vice, Le Mal par le Mal (Band of the Hand en VO) a plus d’un point commun avec la série du futur réalisateur de Heat : Miami comme décor, le trafic de drogues en arrière-plan et une bande son hurlante pour emballer le tout. Bien sûr, le film ne se résume pas à ces trois éléments du décorum mannien et se révèle même touchant dans le portrait qu’il livre d’une jeunesse désœuvrée. Retour sur une péloche culte des eighties.


À la vision du film, on imagine bien ce qui a attiré l’attention de Mann sur un projet à première vue cantonné à sucer la roue des genres à la mode (le teen movie, le polar urbain, le survival, etc.) : l’étude de la frontière poreuse entre le bien et le mal et le choix toujours hasardeux entre l’une ou l’autre voie qui s’offre aux personnages – ici cinq adolescents sur la mauvaise pente. Dans un premier temps le producteur pense même faire de ce script qui fait mouche le pilote d’une nouvelle série télé qu’il produirait. Finalement, la citrouille deviendra carrosse et connaîtra les honneurs d’une sortie en salle. Pour filmer cette histoire de petites frappes rééduquées par un « grand frère » au grand cœur, Mann se tourne vers un vieil ami rencontré à l’époque de ses piges comme scénariste sur Starsky & Hutch : Paul Michael « Starsky » Glaser. Le futur réalisateur de Running Man vient tout juste alors de diriger brillamment le double épisode d’ouverture de la seconde saison de Miami Vice, ce qui convainc Mann de l’engager sur Le Mal par le Mal, qui deviendra donc son premier film comme réalisateur.

Un groupe de jeunes acteurs dont certains ont débuté sur Miami Vice est alors réuni pour camper la bande du titre tandis que pour le rôle de Joe, l’éducateur prêt à tout pour sauver les cinq jeunes délinquants des flammes de l’enfer, on recrute l’inconnu Stephen Lang, que Mann réutilisera pour Crime Story et Manhunter mais qui deviendra surtout célèbre pour son interprétation musclée du Colonel Miles Quarich, le bad guy scarifié d’Avatar.

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L’acteur porte le film sur ses larges épaules et n’a rien à envier au charisme d’un Patrick Swayze, qui à la même époque était le spécialiste des rôles de grand frère ou de jeune mentor (voir ou revoir L’Aube Rouge, The Outsiders ou Youngblood pour s’en convaincre). Arborant fièrement son bandeau d’ancien Marine et utilisant à bon escient les enseignements de ses ancêtres indiens, Joe gardera pour lui jusqu’à la fin du film sa tragique expérience au Viêt Nam qui explique à elle seule son inclination à jouer les bons samaritains. Côté bad guys, outre la légende Paul Calderón, on retrouve  un James Remar des grands jours qui livre une performance redoutable dans la peau de l’effroyable Nestor Quintana – un nom de méchant comme on les aime –, sans oublier Larry Fishburne, tout en rouflaquettes et sculpture capillaire, qui excelle dans la peau d’un dealer un brin dérangé prénommé Cream.

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Mais avant d’affronter les pires racailles de Miami, nos cinq héros se retrouvent plongés en milieu hostile (les Everglades) pour apprendre à se serrer les coudes et à survivre. Ils ne peuvent alors compter que sur l’entraide et les quelques conseils de Joe qui n’hésite pas par ailleurs à les pousser dans leurs retranchements, quitte à frôler la mutinerie.

Dans la moiteur des marécages, le plan du vétéran pour sortir ces jeunes pousses indomptées de leur chute inexorable vers l’enfer de la rue finira par fonctionner, au grand regret des politiciens véreux qui financent le projet par pur opportunisme. Il sera alors temps de retourner à Miami pour transformer cette solidarité naissante en actes concrets, comme par exemple rénover un local délabré de la municipalité et aider les toxicos qui y ont trouvé refuge. Projet philanthropique que Quintana, Cream et leurs mutiques hommes de main tenteront coûte que coûte d’entraver, jusqu’à la confrontation finale, lors de laquelle l’ultraviolence que la dureté des rapports laissait présager depuis le début du film explosera en une scène de fusillade mannienne en diable.


Les cinq garçons sortiront de cette expérience unis « comme les doigts de la main », et puisque l’hypothétique série dont ils auraient pu être les héros ne verra jamais le jour, nous garderons à l’esprit le souvenir de leurs exploits, aux côtés de ceux des « Warriors » et autres « Wolverines ».


Leurs ainés, leurs égaux, leurs frères.


Aubry Salmon


Heat, de Michael Mann, ce soir à 20h55 sur France 4.