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The Division : le jeu vidéo génial et idiot à la fois

The Division est un jeu de gunfight urbain où le headshot ne tue pas. Ouais, ça peut choquer, encore plus qu’une ville mise à sac par sa population entièrement habillée en hoodie.
The Division : le jeu vidéo génial et idiot à la fois

The Division est un jeu de gunfight urbain où le headshot ne tue pas. Oui, cela peut choquer, encore plus qu’une ville mise à sac par sa population entièrement habillée en hoodie.


Oh, trois, quatre chargeurs d’AK47 auront raison d’un street thug lambda mais on est loin de "la réalité”. Ce qui est d’autant plus étrange quand on voit les rues de New York qui n’ont jamais paru aussi réelles. Il faut accepter le fait que The Division est un RPG. Après, tout ira pour le mieux. Promis.

Dans ce Manhattan vidé de sa population à cause d’une attaque bactériologique, on incarne un des agents de la fameuse Division. Survivant à la première vague de décès, leur but est d’établir une base puis de reprendre la ville, quartier par quartier, laissée à l’abandon depuis sa mise en quarantaine. Cela implique des milliers de sauvageons presque tous identiques qui vont dérouiller quiconque ose traverser leur secteur. L’avantage de toutes ces voitures abandonnées, c’est qu’on peut se cacher facilement.

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“Plus Ubi que ça, tu meurs” est une réflexion que l’on se fait à chaque nouvelle sortie Ubisoft. The Division n’échappe pas à la règle. Une grande carte de jeu, des centaines de bidules à explorer, à récupérer, à accomplir, un réticule avec l’itinéraire et la distance jusqu’au prochain objectif. Un jeu avec des jauges qui se remplissent et des dizaines d’informations à l’écran. Si la problématique est la survie, on n’est jamais vraiment seul. C’est le MMORPG du conflit urbain.


Un RPG dans une ville, cela signifie que tout dépend des points d’expérience. Chaque quartier a ses ennemis d’un niveau donné et c’est presque de manière mathématique que la reconquête de NYC va se faire. Il est difficile de croire qu’Ubisoft a réussi à mélanger son goût du contexte hyper réaliste et détaillé et des règles aussi arbitraires que farfelues d’un RPG. “Au niveau 20, tu ne passes pas, mais à 21, t’as peut-être une chance de traverser le quartier Flatiron”. C’est débile et génial à la fois, comme un lapin mutant tout pourri qui dévore les héros d’un Final Fantasy qui se sont avancés trop loin dans l’aventure. Avec son penchant pour le levelling et le loot, on pense immédiatement à Destiny, un jeu de tir-RPG lui aussi mais avec une vue à la première personne. Mais si on y réfléchit un peu, dans l’absolu, The Division est très proche du Parasite Eve de Squaresoft. La même ville, le même goût pour un système RPG intransigeant, la même noirceur et un peu la même menace bactériologique. La jaquette a beau indiquer TOM CLANCY’S en gros devant le titre, on ne nous la fait pas. Seule l’histoire, très en retrait au profit de l’ambiance, est là pour nous rappeler que ce n’est pas un jeu où l’on éprouve de l’empathie pour ses personnages. Ici, on est là pour humer New York par temps de blizzard.

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The Division est un jeu hypnotique comme peuvent l’être tous les jeux remplis de jauge. Mais ce qui fonctionne, c’est ce New York détruit à explorer avec ses alliés. La ville, quand elle est traitée comme un personnage, a toujours quelque chose de fascinant (demandez donc à Gotham City pour voir). Ce Manhattan, éventré et mélancolique, est captivant comme de belles photos d’Urbex. On a juste envie que la radio ferme un peu sa gueule. C’est si beau et si triste à la fois qu’on aurait mérité plus de silence. Le vrai jeu commence vraiment une fois dans la Dark Zone. Dans un Midtown encore plus hostile que les autres quartiers, se jouent les parties PvP, joueur contre joueur. C’est alors une superbe mécanique qui se met en place, celle de la loi du plus fort et du loot à tout prix.

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Alors que la partie normale nous encourage à faire équipe et à dégommer des émeutiers qui veulent sans doute récupérer du matos pour eux et leurs familles, la Dark Zone transcende tout ça. Les ennemis sont d’autres humains en ligne. On n’a alors plus aucun remord à flinguer d’autres joueurs qui sont là pour la même chose, qui ne vont peut-être pas hésiter à nous loger une bastos dans le dos comme des renégats. C’est le meilleur concept amoral appliqué à une mécanique de jeu vidéo depuis très longtemps.


The Division est un ambitieux grand spectacle AAA expérimental où tout n’est pas forcément réussi, un jeu hybride à la fois génial et complètement idiot. C’est sans doute aussi le début d’une nouvelle formule pour Ubisoft, pas un Jugement Dernier mais le tout premier impact. Alors, de manière perverse et cruelle, profitons-en. Aujourd’hui dans ce New York en miettes, au milieu des chiens errants, des rats et des sauvageons, flanqués par sa team, à défaut de se sentir comme un sauveur, on a l’impression d’être un pionnier.


Daniel Andreyev


The Division (Ubisoft) - Disponible