Room 104 : beau bizarre

La nouvelle création des frangins Jay et Mark Duplass pour HBO suprend et séduit, et pas forcément dans cet ordre.

D'ailleurs, il n'y a pas d'ordre, pas vraiment de fil rouge. La chambre 104, celle d'un motel, quelque part, est le lieu unique de multiples récits sans lien apparent. Ici, une babysitter traumatisé par un bien étrange enfant (épisode 1). Là, un couple commandant une pizza avant de jouer un drôle de tour au livreur (épisode 2). L'horreur se mêle à l'absurde, avec un brin de comédie pure, de satanisme, de what the fuck et d'humour gras. « Room 104 est une série anthologique qui raconte plusieurs histoires qui se sont déroulées dans une même chambre de motel. (…) A chaque épisode, une nouvelle intrigue ayant pour seul point commun la chambre 104. » Derrière ce pitch, milles idées et autant de personnages.

Ironiquement, il y a des années de cela, en 1993, David Lynch proposa une idée similaire à HBO. Hotel Room se situait dans la chambre 603 d'un hôtel new-yorkais. Trois épisodes : un se déroulant en 1969, l'autre en 1992, et le dernier en 1936, pour au final ne former qu'une seule et même histoire, un film. HBO déclina la proposition.

Mais dire qu'il y a du Lynch dans cette Room 104 serait au pire faux, au mieux réducteur. Il y en a, certes, tout simplement parce qu'il y a de tout. Room 104 est une pochette surprise. On ouvre, on ne sait pas, on regarde, curieux, on s'attache, puis on passe à autre chose, avant d'y revenir. Freak show moins indigeste mais certes moins ambitieux qu'une création de Ryan Murphy, Room 104 est une chambre en désordre. Qui chaque matin retrouve sa virginité, nous laissant là, perdu. Heureux et un brin mal à l'aise.

Nico Prat

Room 104 - diffusion en France sur OCS