Cinq choses que vous ne saviez peut-être pas sur Conan le Barbare

Le genre fantasy, à mi-chemin entre le fantastique et la science-fiction, a donné naissance dans les années 80 à plusieurs films acclamés par la critique et récompensés par de nombreux prix. C’est en 1977 avec Star Wars que les portes s’ouvrent à toutes sortes de nouveaux mondes imaginaires.

Les années 80 verront naitre de nombreux films, de Labyrinth (1986) à Legend (1985) en passant par Krull (1983) ou encore Ladyhawke, la femme de la nuit (1985). Mais le plus grand film de cette décennie est sans conteste Conan, le barbare (1982), écrit et réalisé par le grand John Milius, et accompagné d’une magistrale bande originale composée par Basil Poledouris (RoboCop, Starship Troopers).

Pour incarner le Cimmérien créé par Robert E. Howard, Milius fait appel au jeune autrichien Arnold Schwarzenegger, et à sa musculature de golgoth ! Et malgré une suite bien inférieure au film original et à un remake de Marcus Nispel désastreux, le film de Milius reste celui qui a façonné le genre et nous propose une épopée fascinante et très divertissante. Aujourd’hui, découvrons cinq faits méconnus ou presque, autour de cette grande fresque sortie il y a plus de 34 ans.

La première version du scénario, écrite par Oliver Stone, se déroulait dans un futur post-apocalyptique.

Les producteurs Edward R. Pressman et Edward Summer commencent à développer un film basé sur le personnage de Robert E. Howard dès 1975, et ce après une lutte acharnée de deux ans pour obtenir les droits. Les deux hommes appellent Oliver Stone, qui vient de signer le script du génial Midnight Express d’Alan Parker. Olivier Stone, dopé à l’époque à la coke et aux analgésiques, rend un premier jet, décrit par John Milius comme étant « a total drug fever ». Dans cette version, le protagoniste était projeté dans un futur post-apocalyptique et devait combattre une armée de 10 000 mutants. Les producteurs aiment et Stone est un temps considéré pour réaliser le projet. Puis Ridley Scott, après sa surprise Alien, est également contacté pour prendre les commandes. Mais la vision d’Oliver Stone a un coût : 40 millions de $ ! Enorme à cette époque ! Trop cher, le projet est vendu à Dino De Laurentiis, et Milius, qui était sous contrat avec le producteur, est choisi pour retravailler le script et mettre en scène le long-métrage. Stone reste tout de même crédité au générique pour l’écriture de plusieurs séquences dont la crucifixion de Conan et l’escalade de la Tour du Serpent.

Milius a combiné plusieurs personnages de l’œuvre de Robert E. Howard.

Avec 25 histoires signées Robert E. Howard, et d’innombrables intrigues tirées de comics et nouvelles, Milius avait l’embarras du choix pour écrire les différents rôles. Mais au final, ce n’est qu’un mix entre plusieurs personnages. Le méchant Thulsa Doom (James Earl Jones), par exemple, a été choisi d’après le vilain de la série non-Conan « Kull of Atlantis », et ressemble aussi au sorcier Thoth-Amon, bad guy de la première histoire de Conan « Le Phoenix sur l’épée ». Pour peaufiner Thulsa Doom, Milius a également beaucoup étudié les cultes Hashishin (secte d’assassins qui exista entre les XIe et XIIIe siècles) et Thug (confrérie d’assassins). Le personnage féminin principal, Valeria, est adapté d’après le sidekick de l’histoire « Les Clous Rouges » mais sa personnalité (et son destin tragique) est plus proche de la pirate Belit qui apparait dans « La Reine de la Côte Noire ». Milius n’a inventé aucun personnage, même le comparse de Conan, Subotai qui est soi-disant une création originale, est finalement calqué sur Genghis Khan. Lors de la sortie du film, certains fans se sont plains quant au traitement de Conan, selon eux Milius a rendu le personnage plus faible et plus bête que celui décrit dans l’œuvre originale d’Howard.

Nous aurions pu voir Charles Bronson dans la peau de Conan opposé à Sean Connery !

Lorsque Pressman et Summer commencent l’élaboration du projet, les deux producteurs ont leur petite idée sur l’acteur qui pourrait incarner le Cimmérien à l’écran. Charles Bronson, Sylvester Stallone ou encore l’acteur Williams Smith (connu pour ses films séries B et qui finira par jouer le père de Conan dans le film de Milius) sont ainsi envisagés pour le rôle. Mais en 1976, Pressman et Summer visionnent le documentaire « Pumping Iron » et trouvent l’homme de la situation en la personne d’Arnold Schwarzenegger, un inconnu venu d’Autriche. Milius engage ensuite Sandahl Bergman, jeune danseuse recommandée par le chorégraphe Bob Fosse, celle-ci jouera Valeria. Tandis que Subotai sera interprété par le surfeur professionnel Gerry Lopez. Pour le rôle du Roi Osric, John Huston et Sterling Hayden ont tous deux étés envisagés, mais c’est finalement le grand Max Von Sydow qui a hérité de la couronne. Sean Connery quant à lui a été courtisé pour endosser le costume de Thulsa Doom, mais les producteurs ont ensuite décidé d’apporter au casting une Star Wars touch, le phénomène de l’époque, en signant James Earl Jones.

La sortie du film a été retardée, Universal Pictures jugeant le film trop violent.

Compte tenu de la nature de l’œuvre originale signée Robert E. Howard, il a toujours été supposé qu’une adaptation serait R-Rated (interdit aux moins de 17 ans), alors qu’Universal Pictures souhaite voir un long-métrage épique dans la veine de Star Wars. Malheureusement, le studio, dont De Laurentiis a donné son accord pour la distribution du film, est un peu choqué par les premières images du film de John Milius. Tourné à partir du mois d’octobre 1980 entre l’Espagne et le Royaume-Uni et ce pendant six mois, le film est initialement prévu pour sortir durant l’été 1981. Mais en août, lorsque Milius projette une version non définitive du film aux dirigeants d’Universal Pictures, ceux-ci sont choqués par le niveau de violence, et décident de repousser la sortie de six mois pour faire quelques cuts. Onze minutes sont finalement coupées des 140 minutes initialement prévues par Milius, dont un gros plan sur la tête décapitée de la mère de Conan.

Milius a essayé de tourner un nouveau film sur le Cimmérien en 2001 avec un script intitulé « King Conan : Crown of Iron ».

Après le succès du premier film, les studios commandent un scénario pour une suite, mais le contrat de Milius, lui, n’est pas renouvelé. Stanley Mann (Intervention Delta) écrit le scénario de « Conan, le destructeur », et Richard Fleischer (20 000 Lieues sous les mers, Soleil Vert) en prend les commandes. Malheureusement ce dernier offre un second opus bien en-dessous du premier, et s’aborde ainsi l’idée d’un troisième film intitulé « Conan, le conquérant ». 15 ans plus tard, Warner Bros. Pictures acquiert les droits du personnage, embauche Milius pour écrire et mettre en scène une nouvelle version du script intitulé « King Conan : Crown of Iron », et proposent au Wachowski (Matrix, Speed Racer, Cloud Atlas) de le co-produire. Le film se veut comme une continuité des événements antérieurs, et le script de 167 pages signé Milius, implique le fils de Conan, devenu roi de Cimmérie, devant faire face à une rébellion. Malheureusement, la nomination de Schwarzenegger au poste de Gouverneur de Californie tue le projet. Robert Rodriguez est ensuite engagé pour reprendre le flambeau, mais après le désistement d’Arnie, les studios préfèrent ne pas donner leur feu vert. En 2006, Boaz Yakin (Prince of Persia) est engagé pour réécrire le script, qui conduit au catastrophique Conan de Marcus Nispel avec Jason Momoa (Game of Thrones)… Comme vous le savez sans doute, un nouvel opus « The Legend of Conan » est actuellement en développement, et cette fois-ci Arnold Schwarzenegger est bien de retour ! Universal Pictures a de nouveau les droits, et a confié le scénario à Chris Morgan (47 Ronin) et Will Beall (Gangster Squad).

Pierre Sauveton