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Lady Gaga a sorti la bande originale de votre prochain road trip américain

Elle fut sorcière, maman, monstre, sac de viande, gag, créature du futur, motarde, nue, maquillée, connue, aimée, intouchable, Gaga. Aujourd'hui, la Lady laisse tomber les artifices et joue la carte de la normalité...
Lady Gaga a sorti la bande originale de votre prochain road trip américain

Elle fut sorcière, maman, monstre de foire, sac de viande, créature du futur, gag, motarde, nue, maquillée, connue, aimée, intouchable, Gaga. Aujourd'hui, la Lady laisse tomber les artifices et joue la carte de la normalité, un grand classique pour toute pop star qui sait un minimum se respecter. Sauf que là, on ne triche pas.


Ce n'était pas prévu ainsi. On devait, normalement, un peu s'en foutre, jeter vite fait une oreille sur l'objet, avant de paisiblement passer notre route. Jusqu'à présent, c'était cela Lady Gaga : des albums remplis de vide, avec ici et là, suffisamment de singles musclés et de provocations futiles pour ne jamais, jamais, jamais laisser passer la moindre petit semaine sans faire parler de soi, d'une façon ou d'une autre. Car être une Pop Star en 2016, c'est avant tout exister, tout simplement, quitte à ne devenir rien de plus qu'un filtre Snapchat sponsorisé. Quand on est en studio, il faut le dire. Quand on a peur, il faut se confier. Et quand on en a marre de la vie médiatique et qu'on souhaite se recentrer sur les choses simples, comme planter des betteraves et bronzer à Guéthary, alors le mieux est encore de donner une série d'interviews sur plusieurs continents, le tout en direct sur Facebook Live, pour rappeler à quel point donner une série d'interviews sur plusieurs continents, le tout en direct sur Facebook Live, c'est tout de même épuisant, et cela ponce la créativité. 


En 2016, Lady Gaga en a donc eu marre de jouer la comédie, en tout cas sur disque (elle continue de le faire, et très bien, dans la série American Horror Story). Ou alors, elle s'est amélioré à ce petit jeu. Ou alors, elle a pris peur. Encore et toujours cette crainte de rejoindre la page Que Sont-ils Devenus des magazines qui pensent que cette rubrique est intéressante... Il faut la voir, en pleine promotion, arpenter le moindre plateau télé, loin de toute frasque et débarrassée de tout déguisement, livrer des réponses insipides, terriblement normales. Chez Stefani Joanne Angelina Germanotta, cette normalité n'est pas un style de plus, une page écorné au sein d'un catalogue de style, mais une nécessité, pour ne pas lasser, et donc, sombrer. Après tout, même les enfants, à l'heure du goûter, en ont marre de la kermesse.

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Ce qui nous amène donc à l'objet de toutes les passions, en tout cas les nôtres, chez Rockyrama, en ce mois d'octobre. Ce pur album d'americana (oui oui), ce disque, le cinquième de la chanteuse, et le premier depuis trois ans, une pause qui n'a rien d'anormale au sein de l'industrie, mais mine de rien, est la plus longue dans la carrière de la native de Manhattan, bref, cet album, Joanne, est un bon, très bon album (qui fait suite, souvenez-vous si vraiment vous le souhaitez, à cette horrible chose qu'était Artpop). Un album qui se révèle, surprend, qui, contrairement à ce que pourrait laisser penser son emballage poppy, parfois carrément guimauve, n'est pas vain, léger, insignifiant. On y croise la meilleure chanson de Lady Gaga depuis la création de Lady Gaga (le titre éponyme, petite merveille), un tube pour les foules de Beyoncé (A-Yo), un classique en devenir (John Wayne), le chanteur de Tame Impala au générique (Perfect Illusion, avec également le terriblement dénué du moindre talent Mark Ronson, mais c'est un autre débat pour un autre jour), et la meilleure chanson d'introduction de cette année 2016 (Diamond Heart).


Enfin libre de s'époumoner comme une diva, mais cette fois-ci servie par une production à la hauteur (comprendre, qui se suffit à elle-même et ne va pas étouffer la composition mais bien la servir), Lady Gaga livre le meilleur album de Lady Gaga, mais aussi peut-être le premier album de sa discographie à finalement ne pas vraiment être une oeuvre de Lady Gaga, mais de Stefani. Et c'est tant mieux. Une carte à jouer, encore une fois, ne soyons pas naïfs  (Madonna avait sorti la même de sa manche en devenant "mère au foyer américaine" sur American Life, avant de redevenir une adolescente avec Confessions On The Dance Floor) qui n'empêche pas la sincérité, et s'il reste impossible de nier la stratégie ("ceci est l'album de la maturité" lirons-nous ici et là), à la fin de la journée, seules restent les chansons, et à défaut d'être les plus efficaces (en club, en salle de fitness, sur NRJ), celles-ci sont de loin les plus sincères, et donc les plus belles.

Gamins, les membres de la famille Rockyrama avaient un rêve, un seul, mais le même, et il est beau de rêver à l'unisson: nous avions le rêve de conduire un superbe camion américain à travers Monument Valley, Comme Sylvester Stallone dans Over The Top. De s'arrêter dans un bar qui passerait une vieille musique roots, une musique du terroir, et de manger une omelette avec une saucisse au comptoir, en finissant sur un café pas très bon, mais bien à sa place. Nous remercions donc Lady Gaga d'avoir réalisé ce vieux rêve avec son dernier album. Dommage pour ceux qui ne prendront pas la route...


Nico Prat & Lindsay Johan

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