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The Avalanches, ou le retour du flower power

Voilà donc qu’a pris fin l’une des plus belles arlésiennes de l’histoire de la pop music, lorsqu’en avril, un communiqué troublant semait la panique sur les réseaux sociaux et parmi les nombreux fan de The Avalanches, e groupe australien qui sortit s
The Avalanches, ou le retour du flower power

Voilà donc qu’a pris fin l’une des plus belles arlésiennes de l’histoire de la pop music, lorsqu’en avril, un communiqué troublant semait la panique sur les réseaux sociaux et parmi les nombreux fan de The Avalanches, ce groupe australien qui sortit son unique album en 2000, et dont personne n’espérait le retour, leur travail de sampling et de digging n’étant plus possible avec les lois sur le copyright en vigueur.

 

C’était mal connaître la volonté des gars du bush, réduits à 3 puis à 2, de mettre à jour ce nouvel effort, le bien nommé Wildflower. 16 ans, c’est donc une année de plus que le délai entre The Spaghetti Incident et Chinese Democracy, des Guns N Roses ! Une éternité. Mais malgré le temps et les départs, The Avalanches n’a perdu ni son identité, ni son goût du jeu ni sa fraîcheur.


Depuis que Since I Left You a débarqué dans nos vies (2000 en Australie, 2001 en Europe), sur les cendres encore brûlantes du trip hop et de la French Touch, l’album est devenu une espèce de pierre angulaire de la pop , entre le Endtroducing de Dj Shadow et le Discovery de Daft Punk, un morceau de bravoure bourré de samples ( plus de 3500 !) dont la plupart ne furent évidemment pas déclarés. De John Cale à Marlena Shaw, de Maurice Jarre à Kid Créole, de Françoise Hardy à Cerrone, du Da Funk des Daft au Holiday de Madonna (qui approuva le travail et laissa les droits, beau geste…), Since… brassait des centaines d’influences dans un immense shaker pour un résultat euphorique et contagieux. De la folie pure, addictive, dont on cherche encore la recette secrète. Et des morceaux incroyables (Frontier Psychiatrist, Electricity, Radio, Since I Left You…), devenus cultes et hymnes d’une génération qui allait redécouvrir le rock (Strokes, White Stripes) et la pop hybride (Discovery et le 1er Gorillaz) en 2001. Depuis, l’album est régulièrement cité parmi les 10 meilleurs des années 2000, le vinyle s’arrache à des prix indécents sur le net et les fans se demandent si chaque année sera la bonne, le groupe annonçant régulièrement son retour définitif ! Ce qui aura usé la moitié de ses membres. Quatre sont partis et trois sont restés pour aller au bout de ce nouveau projet pharaonique. Darren Seltmann ayant jeté l’éponge pendant la production finale, Tony Di Blasi et Robbie Chater sont donc les deux garants de la bonne santé du groupe en 2016. Après trois extraits déjà envoyés en éclaireurs, le groupe se fait la main dans quelques grands festivals internationaux en attendant la date fatidique du 8 juillet, qui verra Wildflower fleurir les bacs du monde entier.

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A la première écoute nous voilà rassurés : l’ADN du groupe est toujours là. Cordes, cuivres, groove, chants enfantins, samples sixties ou de programmes télé, l’album est voulu comme une grande émission de radio que cracherait l’autoradio d’un cabriolet lancé sur l’autoroute des vacances. On y entend même, en tendant l’oreille, les hennissements emblématiques du premier album. Et des chevaux il y en a sous le capot. Au milieu de quelques interludes, qui rappellent les productions Dan The Automator (Handsome Boy Modeling School ou Deltron 3030) ou l’univers de Gorillaz (fausses pubs, et ce morceau The Noisy Eater avec Biz Markie !), le groupe déroule quelques tubes estivaux imparables, dans un souci de cohésion qui rendrait presque le tout un peu trop linéaire. Pour dire, les titres enregistrés avec Luke Steele (Empire Of The Sun), Conan Mockasin ou Jens Leckman n’ont pas été conservés, pour garder l’unité musicale, et devraient apparaitre sur de futurs maxis. L’ensemble se veut donc plutôt bucolique, entre le folk pastoral de Mercury Rev ( Jonathan Donahue apparaît d’ailleurs sur 4 titres, dont le single Colours, sans aucun sample!), la pop psychédélique et les relents hippies d’une époque révolue. La majorité des samples puise d’ailleurs dans des groupes sixties de sunshine pop ( Everything is Everything, Harpers Bizarre, Bobby Goldsboro, The Shondells ou The Fuzz.), le modèle avoué restant l’esprit lumineux de Brian Wilson et de ses Beach Boys. Même s’ils adorent évidemment les Beatles : on peut entendre ici McCartney et son Uncle Albert sur Livin’ Underwater ou des chœurs d’enfants chanter Come Together sur The Noisy Eater !

 

Mais derrière cette ambiance générale pointe aussi leur amour pour le disco (l’ultra efficace Subways sample Graham Bonnet et son Warm Ride déjà emprunté aux Bee Gees en 78), la soul (Because I’m Me ressemble à un titre des Jackson 5, sur un sample d’un groupe voisin , The Honey Cone, où vient rapper Camp Lo), les indés (on retrouve David Berman des Silver Jews et Father John Misty sur Saturday Night Inside Out ou Warren Ellis et Jennifer Herrema (Royal Trux) sur Stepkids, construit sur un sample de Folk Implosion ! Toro Y Moi lui illumine le joli morceau If I Was a Folkstar sur un sample des Queens of The Stone Age ! Grand écart, toujours possible avec ces gens-là. Le morceau de bravoure du disque restant ce premier single  envoyé  pour l’été et porté par un clip fou des français Fleur et Manu, le bien nommé Frankie Sinatra. Construit sur un morceau de Wilmoth Houdini, Bobby Sox Idol, le titre muscle l’original grâce à ses invités Danny Brown et MF Doom. Addictif, le morceau arrive pile en plein revival calypso relancé par la reine du genre, Madame Calypso Rose !

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Si l’on est en terrain connu, pas de déflagration non plus, mais une ballade world et ensoleillée du plus bel effet qui mettra un peu de chaleur dans cet été en demi teinte et dans les playlists sursaturées d’EDM à trois francs. Un beau revival peace and love, un nouvel hommage à toutes les musiques, qui voit même le groupe détourner le drapeau ricain de Sly and The Family Stone pout y coller un papillon coloré. Quant au verso, les plus attentifs reconnaitront la soie du premier album des Daft, Homework, qui en son temps a bouleversé la vie de pas mal de kids. Sûr que les australiens de The Avalanches en faisaient partie.


Fabrice Bonnet


Wildflower - Album disponible