Le magnétoscope est mort, vive la VHS !

Le VCR, ou vidéocassette recorder, ou magnétoscope, ne sera bientôt définitivement plus, et avec lui, la VHS, et une certaine idée des années 80 et 90 (les meilleures, parce que les nôtres).  

N'allez pas croire ce qu'on pourrait vous dire ou ce que vous pourriez pensez à la lecture de ces pages (web ou papier, car Rockyrama est également un excellent magazine, ne l'oubliez pas): nous ne sommes pas une équipe profondément nostalgique. Alors oui, parfois, il nous arrive de nous énerver (sur Kung Fury, récemment, ce que vous n'avez pas manqué de noter dans les commentaires de notre page Facebook), ou de nous envoyer deux ou trois textos aux airs de "c'était mieux avant". Mais la vérité, c'est que si nous regardons aussi souvent en arrière, ce n'est parce que nous nous sentons triste dans notre époque (même si, on ne va pas se mentir, le Spielberg des années 90 était tout de même plus en forme que le Spielberg des années 2000, et non, nous n'écoutons plus nos albums préférés sur des cassettes après avoir ressorti le Walkman du grenier, car c'était vraiment un son de merde), mais parce qu'aujourd'hui, tout paraît, un peu quand même, fade. Sobre. Aseptisé. 

Le magnétoscope n'était pas complètement mort. Première nouvelle. C'est seulement ce mois-ci que l'ultime fabricant, Funai Electric Company, arrêtera la production du VCR. Après leur apparition dans les années 70, puis un statut de phénomène (dans les années 90, près de 90% des foyers en possédaient un), et enfin après moins d'une décennie de souffrance avec l'apparition du DVD (un support supérieur à tout point de vue), c'est donc bel et bien la fin de ce gros truc noir sous la télévision, de ce rugissant dévoreur. Et donc d'une icône des eighties. Certes, le magnétoscope n'était pas beau, ni pratique. Il était imparfait, et cela ne le rendait que plus intéressant, touchant presque. Par dessus tout, il était bruyant. Insérer la cassette, la remettre au début, attendre, regarder. Un film, d'une certaine façon, se méritait, et aucun visionnage ne restait réellement secret si par mégarde nous ne pensions pas à être sympa et à rembobiner. Mais ces petits bruits, cette lourdeur dans le processus, cette boîte VHS trop épaisse, tout cela était charmant. Nous ne le savions pas, mais tout cela était cool. 

Le vinyle se porte bien, merci pour lui, et pourtant, comme la cassette, il est bien trop grand et demande bien trop d'efforts (se lever à la fin de la face, par exemple) pour cette année 2016 dans laquelle tout est fait pour que surtout, nous n'ayons rien à faire si nous ne le souhaitons pas: acheter des discographies entières en un seul clic, commander un jeu en ligne et ne jamais s'encombrer du boitier... Alors certes, on pourra nous répondre que le vinyle est bien meilleur que le CD, "en terme de son, toussa toussa". Ok, mais comment expliquer dès lors ce sondage de la BBC paru plus tôt cette année, en avril, selon lequel 7% des acheteurs de vinyles n'ont pas de platine pour les lire, que 41% en ont une mais ne s'en servent pas, et que 48% des personnes ayant acheté un vinyle le mois précédent ne l'ont tout simplement pas écouté ? Parce que le vinyle, bordel, est cool. Comme la VHS. Comme le magnétoscope. Non par nostalgie, mais parce qu'ils EXISTENT, qu'ils sont à NOUS, que nous pouvons les toucher, les regarder, les posséder, en être fier, et parce qu'à chaque utilisation, leurs bruits, leurs formes, nous rappellent que nous sommes des fans, des consommateurs. Les années 10 sont boulimiques, nous n'avons plus le temps de prendre le temps, de sortir, d'acquérir, et d'ailleurs, nous n'en avons plus besoin, merci Netflix. La VHS, elle, était là pour nous rappeler la valeur que nous étions prêts à donner aux choses.

Nico Prat