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We Have To Go Back, ou la réinvention de Lost

Cela fait désormais trois saisons que les mystères se suivent et ne se ressemblent pas sur l’île. Jack est amoureux de Kate mais Sawyer aussi: qui va-t-elle choisir ? Et ce monstre, c’est quoi ? Et que veulent vraiment les Autres ?
We Have To Go Back, ou la réinvention de Lost

Texte tiré du livre Les 51 Plus Grands Moments de la Télévision Américaine.

Cela fait désormais trois saisons que les mystères se suivent et ne se ressemblent pas sur l’île. Jack est amoureux de Kate mais Sawyer aussi: qui va-t-elle choisir ? Et ce monstre, c’est quoi ? Et que veulent vraiment les Autres ?


D’une certaine façon, une routine s’est installée. Il y eut certes l’ultime plan du dernier épisode de la première saison (l’échelle), mais le cliffhanger de la saison 2 n’était pas vraiment à la hauteur. Et surtout, cette dernière se contentait d’enchaîner les mystère, posait trop de questions, et ce qui devait arriver arriva: nous nous sommes un peu perdus (un travers qui aura la peau, quelques mois plus tard, d’un autre show vendu comme l’enfant de Lost, Flashforward). Alors on regarde, on attend, patiemment, que les réponses nous tombent droit dans le bec. Lost, peu avant ce final, aurait pu devenir comfortable. Elle décidera finalement d’entrer dans l’Histoire.

Cette phrase, “We have to go back”, ne se contente pas, pauvre de nous, de jouer avec nos nerfs, mais va jusqu’à réinventer la série, tout en nous obligeant à repartir de zéro. Soudainement, plus rien n’est certain, on pense savoir mais on se trompe. En nous faisant croire à des flashbacks quand il s’agit en fait de flashforwards, les scénaristes nous obligent, en permanence, à questionner le futur (comment ont-ils quitté l’île ?) mais aussi notre passé (et si nous avions vu des flashforwards dans les épisodes précédents ?) comme le présent (je regarde quoi exactement ?). Flashback, flashforward: la chose pourra par la suite devenir un amusant gimmick. Mais ici, ce procédé bouleverse nos croyances, la série, et nos âmes de sériephiles. Rien ne sera plus jamais comme avant. Ou comme après ?

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On ne le dira jamais assez, un cliffhanger réussi n’est pas une chose simple. Bien sûr, il faut donner l’envie, celle de revenir, de longs mois plus tard. Il faut un évènement qui saura s’ancrer au plus profond de nous, quand, la nouvelle saison prête à débuter, on se posera la question “où en étions nous ?”. Ici, les évènement furent différents. La série continua en son absence, à travers nos recherches, nos spéculations, nos interrogations, nos débats, nos engueulades. Comment sont-ils rentrés ? Pourquoi Jack veut-il y retourner ? Qui Kate doit elle rejoindre ? Lost, à ce moment, est devenu notre raison d’être. Ce que certains ne comprendront jamais. Ils n’étaient de toute évidence pas la nuit sur les forums, à échanger, décrypter, chialer, hurler.

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Et puis il y a Not Penny’s Boat, ces quelques mots écrits à la va-vite, au marqueur, sur la paume du main qui finira plaquée contre ce hublot. Une main rattachée à un corps flottant, sans vie, quelques secondes plus tard. Tout se joue au ralenti, tout se joue en un regard. Not Penny’s Boat, c’est l’autre moment culte de ce final en deux parties, intitulé Through The Looking Glass, en référence à Alice au Pays des Merveilles. Charlie nous quitte ici, dans un ultime élan romantique, dans un dernier souffle d’héroïsme. On le saura plus tard, mais dans Lost, personne ne meurt vraiment. Cependant, pour l’heure, notre musicien préféré se sacrifie. Le choc est double: personne n’est à l’abri (même si nous le savions depuis le final de la première saison et le départ de Boone), et surtout, ce bateau en approche pourrait ne pas être celui que les naufragés attendent. D’une certaine façon, ce final marque le vrai début de la série dont on se souviendra, au-delà du “pilote le plus cher de l’histoire” ou “nouvelle création de JJ Abrams”, et qui reste toujours aussi commentée aujourd’hui. Avant cet épisode, Lost était une série en deux dimensions. La dimension humaine était la plus importante: qui sont ces personnages, que peuvent-ils faire ensemble, quelles sont leurs histoires ? Le présent et les flashbacks étaient là pour nous guider. Il y avait également l’île, et ses mystères, ses habitants. Désormais, il y aura un troisième niveau de lecture: le nôtre.


Lost, ce 23 mai 2007, nous appartient totalement, tant ce chamboulement est autant scénaristique qu’intérieur. Ou comment de simples vies peuvent changer en quelques secondes, quelques phrases. Devant, et derrière l’écran. We Have To Go Back . Ce cri du coeur de Jack, au milieu de la nuit, n’est pas uniquement le sien. Au moment où l’écran devient noir, où l’on sait que ce seront là les ultimes mots de cette saison 3, cette phrase est celle de dizaines de millions de téléspectateurs.


Nico Prat

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