Cinq séries géniales et méconnues de 2016

A l'heure où Westworld, This Is Us ou encore Stranger Things sont sur toutes les lèvres comme les meilleures séries de 2016, voici cinq séries méconnues de 2016 qui méritent largement le coup d'oeil. Rattrapage.

Coeur Océan, Foudre… Dans les années 2000, les séries françaises pour ados avaient la cote, notamment sur France 2. Après, c'était le vide intersidéral. Jusqu'à cette petite nouvelle, Les Grands, créée par Benjamin Parent et Joris Morio et réalisée par Vianney Lebasque (Les Petits Princes). Rarement une fiction française n'aura été aussi bien écrite et mise en scène. En se basant sur la rentrée en classe de troisième de quatre copains, Les Grands déroule des problématiques fines et intéressantes : le suicide, le harcèlement scolaire, la sexualité, les drogues…

Mais le point fort de cette première saison en dix petits épisodes, c'est l'humour. On retrouve à la fois l'esprit des Goonies mais aussi celui d'American Pie, de Malcolm, Skins… De nombreuses références qui font des Grands un hommage vibrant aux films et séries pour jeunes adultes, qu'ils soient américains ou anglo-saxons. Le format court de 22 minutes est également une réussite, ainsi que la réalisation, aérienne et magnétique, dont le superbe générique n'est qu'un échantillon. Les jeunes acteurs forment une joyeuse bande d'adolescents, qui découvrent l'amour et la vie. Une saison deux est déjà en préparation pour cette série diffusée sur OCS.

Speechless

Speechless, c'est simplement l'art de rire de tout. Autour d'un fils aîné atteint d'infirmité motrice cérébrale, d'une mère à moitié hystérique, et d'un frère complètement perdu, cette petite pépite déploie son univers décalé aux gags politiquement incorrects et au message de tolérance.

La force de Speechless réside principalement dans sa manière de traiter du handicap.  JJ, le personnage principal, ne peut ni bouger le corps ni parler et se fait comprendre grâce à un tableau de syllabes sur lequel il projette la lumière d'un laser, attaché à sa tête. Ce petit génie façon Stephen Hawking des temps modernes (dont la référence est d'ailleurs utilisée dans le pilote), c'est Micah Fowler, qui porte brillamment le show, et donne une authenticité indéniable à la série. A travers lui, c'est un quotidien, le sien, qui est dépeint et tourné en dérision. Pas de misérabilisme ni d'apitoiement, au contraire, une vraie volonté de tordre le cou aux clichés et préjugés. Même si certaines blagues restent un peu caricaturales, on rit aisément à ces situations, sans malaise.

Grâce aux personnages qui entourent le jeune handicapé, c'est une vision complète de la maladie que propose Speechless. Ici, la famille a autant d'importance que celui qui est touché et à travers Ray, le jeune frère, c'est également le mécontentement de JJ qui est exprimé. Ce ton singulier distingue la série et l'érige en sitcom déjà culte, malgré un concept qui pourrait s'épuiser au fil des épisodes.

Doctor Foster

Un simple cheveu peut provoquer de nombreux drames et faire imploser toute une famille. Preuve en est avec Doctor Foster, mini-série britannique aux cinq épisodes aussi haletants que malsains. Cette affaire d'infidélité masculine prend des airs de thriller prenant, autant qu'elle dégage une grande tristesse, devant ce couple parfait qui se déchire sous nos yeux. La réalisation étouffante mais lumineuse ainsi que la musique captivante renforcent ce sentiment qui grandit à mesure que la tension monte en puissance. Derrière l'histoire d'amour, c'est surtout la perte de contrôle de soi d'une femme qui se voit dépossédée de son statut social, relativement élevé, mais aussi de son image d'épouse et de mère modèle.

Suranne Jones est formidable dans ce rôle de médecin brisée, mais plus solide qu'il n'y paraît. Jusqu'à un final époustouflant et inattendu. Une deuxième saison est déjà en préparation.

One Mississippi

Amazon s'offre ici l'une des humoristes américaines les plus drôles de sa génération : Tig Notaro. Créée par la comédienne elle-même, One Mississippi est une semi-autobiographie, qui parle notamment de la mort de sa mère.

Produite par Louis C.K., la série trouve un équilibre parfait entre univers décalé et comique, et scènes beaucoup plus dramatiques. Elle questionne avec brio notre rapport à la famille, au deuil, à la maladie, à l'absence et remet également en question le rôle que l'on joue pour plaire à nos parents. One Mississippi offre de très beaux dialogues comme des moments de grâce, absurdes et touchants. Tig Notaro parvient à installer un climat et une ambiance particulière en seulement six courts épisodes, et emporte littéralement le téléspectateur avec elle, au Mississippi, pendant Mardi Gras ou lors d'un simple repas familial. La mise en scène est basique mais efficace, et laisse surtout aux acteurs une grande liberté dans leur jeu.

One Mississippi est une série particulière, mais qui se déguste très facilement en une seule bouchée. Comme pour Doctor Foster, une saison deux est déjà en cours d'écriture. Vivement le retour au pays de Tom Sawyer.

You're The Worst (saison 3)

Dans You're the worst, pas de relations amoureuses mielleuses ou de nuits romantiques sous les étoiles. Pas de « happy end », ni de baisers langoureux. Juste des histoires compliquées, où les personnages ne savent pas vraiment ce qu'ils veulent et sont parfois piégés dans des relations qui ne tiennent pas, par habitude ou même obligation. C'est avec ce ton bien spécifique et ce point de vue acerbe sur notre rapport à l'autre que You're the worst se différencie des sitcoms habituelles, et même de celles qui se revendiquent « anti rom com » à la manière de la récente Love. Il est difficile de résumer la série, que l'on ne pourrait réduire aux simples aventures de quatre potes, colocataires, et/ou petits amis.

Cette saison trois confirme tous les espoirs placées en elle lors des années précédentes, avec des thèmes de plus en plus sombres comme la dépression, le deuil, le stress post-traumatique ou l'avortement. Bien que You're the worst soit plutôt considérée comme une comédie, elle aborde ces sujets avec tellement de justesse et de finesse, que les larmes aux yeux et la petite remise en question de soi n'est pas loin. Les acteurs sont absolument géniaux et composent des personnages hauts en couleur, à la fois agaçants et adorables. En bref, une série à découvrir absolument.

Salammbo Marie