Sherlock, ou l'amour d'Internet pour la bromance
Depuis 2010, la série Sherlock fait les beaux jours de la BBC. Elle a très vite connu un succès international, autant critique que public, en grande partie grâce à sa communauté importante de fans sur Internet.Depuis 2010, la série Sherlock fait les beaux jours de la BBC. Elle a très vite connu un succès international, autant critique que public, en grande partie grâce à sa communauté importante de fans sur Internet.
Les « bromances », ou amitiés entre personnages masculins en français, sont souvent exploitées jusqu'au bout dans les séries, et particulièrement dans les sitcoms : Ted et Barney dans How I met your mother, Troy et Abed dans Community, le trio Ross, Joey et Chandler dans Friends…
Dans Sherlock, cette « bromance », c'est Sherlock et Watson, le duo inséparable, magnifié par Benedict Cumbertatch et Martin Freeman. Une relation si emblématique que les fans se sont largement réunis autour de cet aspect de la série britannique créée par Steven Moffat (Doctor Who) et Mark Gatiss. Au point que certains d'entre eux imaginent des « fan fictions », des histoires dérivées de l'univers original publiées sur des sites dédiés. Sur Fanfiction.net, par exemple, plus de 50 000 aventures autour du célèbre détective sont recensées.
L'une d'entre elles, A finger slip, a été écrite sous le pseudonyme de Pawtal et traduite dans plus de dix langues dont le français et le japonais. L'auteur met en scène une histoire d'amour entre les deux hommes, lorsqu'ils étaient plus jeunes, et dans un monde totalement différent de celui de la série. La fiction est actuellement adaptée en web-série après une campagne de crowdfunding par la réalisatrice amateure, Naomi Javor, en 2014. La collecte a permis de réunir 17 000 dollars, sur 10 000 demandés. Une belle somme, apportée en grande partie par les fans de la fanfiction originelle, qui traduit un grand engouement autour de Sherlock.
Certes, cet enthousiasme n'est pas nouveau, de nombreuses séries comme Lost ou Doctor Who ont déjà bénéficié des bienfaits d'Internet avec l'émergence de pratiques similaires, qui permet au show de se développer dans d'autres univers. Mais là où la communauté « Sherlockienne » tient sa particularité, c'est justement autour de cette « bromance » qui fait tout le sel de la création anglaise. Les fans, eux, en rêvent, mais la concrétisation dans une prochaine saison semble ne pas être (du tout) à l'ordre du jour. Lorsque le personnage de Watson passe son temps à rappeler qu'il n'est pas gay, comme un running gag, ce n'est pas anodin : Steven Moffat, l'un des créateurs, ne cesse de répéter qu'aucune histoire d'amour n'existe entre Sherlock et son acolyte.
Le showrunner va même plus loin à propos de la sexualité de son héros, en déclarant au Guardian en 2012 que le protagoniste n'est pas homosexuel ni asexuel et que « l'asexualité est inintéressante, ennuyeuse ». Rien que ça. Un fossé énorme se créé alors entre les attentes du public, son imagination, et la volonté des créateurs.
La « bromance » continue en tout cas dès le 1er janvier 2017.
Salammbo Marie