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Fight Club, Community, Family Guy : Ferris Bueller a 30 ans, et de nombreux héritiers

La Folle Journée de Ferris Bueller, le classique générationnel de John Hughes, l'une des meilleures comédies des années 80 et accessoirement un très bon film, fêtera ses 30 ans demain, le 11 juin. L'occasion d'opérer un petit passage en revue de ses
Fight Club, Community, Family Guy : Ferris Bueller a 30 ans, et de nombreux héritiers

La Folle de Journée de Ferris Bueller, le classique générationnel de John Hughes, l'une des meilleures comédies des années 80 et accessoirement un très bon film, fêtera ses 30 ans demain, le 11 juin. 


L'occasion d'opérer un petit passage en revue de ses héritiers. Car si le film n'a, fort heureusement, jamais eu de suite, il a laissé son empreinte sur les décennies suivantes, et des dizaines de centaines de cinéphiles.

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JUDD APATOW : LE FILS SPIRITUEL


La connexion la plus évidente est la plus revendiquée : Judd Apatow ne serait tout simplement pas le scénariste qu'il est devenu sans John Hughes. Freaks And Geeks, la série crée par Paul Feig (Ghostbusters) dont il a écrit un bon nombre d'épisodes, se place dans la droite lignée des travaux de Hughes et ses portraits d'ados marginaux. En 2008, il réalisera Funny People, dont l'équilibre fragile entre comédie et sentiments amers est directement issu du style Ferris Bueller. A propos de John Hughes, Apatow dira même ceci : « Il est assez ridicule d'écouter des gens parler des films qu'on fait comme s'ils étaient originaux. Tout vient des films de John Hughes. Que ce soit Freaks and Geeks ou Supergrave, l'idée d'avoir des marginaux dans les rôles principaux a démarré avec Hughes ».

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DAN HARMON : LE GARDIEN DU TEMPLE


Dan Harmon est en osmose complète avec John Hughes. L'influence de Ferris Bueller peut se ressentir dans chaque épisode de Community dont il a été le showrunner. Si le personnage d'Abed franchit régulièrement le 4ème Mur de façon un peu plus subtile que Broderick, et si le pitch de départ se fait l'écho de Breakfast Club, ce n'est pas un hasard. Dan Harmon est autant lié à l'oeuvre de John Hughes que De Palma à celle d'Alfred Hitchcock. Harmon est celui qui maîtrise chaque code, chaque technique d'écriture de son idole qu'il se plaît à reproduire de façon détournée pour lui donner une lecture méta qui ne le rend que plus pertinent et encore plus drôle. Davantage enclin au délire, à l'absurdité et aux gags larger than life qu'Apatow, Harmon retranscrit à la perfection la grandeur de Ferris.

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KEVIN SMITH : LE DISCIPLE


Peu connu en comparaison des illustres Clerks et Dogma, Mallrats (Les Glandeurs en VF) est l'opus de Smith le plus proche de Bueller. Ses personnages sont guidés par la même force, ce sont des marginaux et la réalité peut se tordre pour permettre des plages de délire qui sentent bon les 80's. Au coeur du récit, Smith partage avec l'oeuvre du réalisateur de Breakfast Club un regard tendre, de l'humanisme et la volonté de ne jamais traiter ses personnages de haut. En termes de réalisation, Smith est minimaliste comme Hughes, il étire son film pour laisser des respirations qui, sans tomber dans l'introspection, permettent de rendre les personnages touchants. Ferris Bueller et Mallrats se tiennent main dans la main dans leur regard sur les geeks. Quand à Kevin Smith, il est revenu en long et en large sur sa parenté artistique avec Hughes qu'il assume totalement, au point d'y consacrer un dialogue de Dogma. On appelle ça le respect des aînés.

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THE SIMPSONS / SOUTH PARK / FAMILY GUY : YOU CAN NEVER GO TOO FAR


« You can never go too far » est l'un des mantra les plus discutables de Ferris Bueller. Cette rhétorique de criminel fonctionne cependant bien avec ces trois séries animées qui ont chacune puisé à leur manière l'influence de Ferris Bueller : Bart Simpson et son rapport avec le proviseur Skinner semblent tout droit sortis du film, South Park multiplie les rebondissements absurdes et alambiqués mais toujours pour parler de quelque chose et Family Guy cultive l'image du cool kid provoc en essayant d'aller plus loin que la concurrence dans l'interdit. Matt Groening, Trey Parker, Matt Stone et Seth Macfarlane partagent plus que des références et de la pop-culture. Ce sont quatre sales gosses à qui le fait de dire « non » a toujours été pris comme un challenge. Bien sûr, l'esprit de rébellion voire anar' qu'on retrouve dans leurs œuvres ne découle pas de Bueller seul, mais la simple existence du film, qui a ancré l'insoumission comme valeur refuge à une génération entière n'a certainement pas été un handicap dans l'élaboration de leurs univers respectifs. Ils sont la réponse animée au film de Hughes.

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FIGHT CLUB : LE FERRIS DE LA GENERATION X


Il existe une théorie sur internet prétendant que toute l'histoire de Ferris Bueller se déroulerait dans la tête du personnage de Cameron, son meilleur ami. Ferris serait un personnage inventé, le surmoi de Cameron, un idéal de coolitude qui se permet tout ce que Cameron n'oserait pas imaginer accomplir et qui réussit tout ce qu'il entreprend, surtout emballer la fille. Cette exégèse rappelle automatiquement un film fonctionnant sur le même principe, Fight Club de David Fincher. Plus inouï : si on rapproche les deux films, les points communs sont assez stupéfiants. On ne va pas s'étendre dessus, d'autant que L'ouvreuse l'a déjà fait avec talent, mais le fait que ces deux films, des symboles générationnels  pour leur décennies respectives, partagent tant d'éléments au point de pouvoir se confondre alors qu'ils sont à l'antithèse esthétique l'un de l'autre, en dit long. Ferris a environ 17 ans en 1986 au moment du film. Il en aurait eu donc 30 en 1999, année de sortie de Fight Club. L'âge d'Edward Norton en 99 ? 30 ans. C'est bien la même génération, qui a connu les mêmes névroses et les mêmes espoirs qui se retrouvent dans les deux films. Un lien tenace qui enrichit d'autant plus les niveaux de lecture possibles de Ferris Bueller.

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SCOTT PILGRIM VS THE WORLD : LE FERRIS DE LA GENERATION Y


Si Ferris Bueller avait eu 18 ans en 2010, il ne fait aucun doute qu'il aurait été un gamer et que son imaginaire aurait été peuplé des créations vidéo-ludiques les plus marquantes de ces 25 dernières années. Le génial comics de Bryan Lee O'Malley, comme le non moins brillant film d'Edgar Wright, donnent une idée de ce Ferris d'une autre génération. L'humour est toujours là, la tendresse aussi. Ce qui a changé ? Les marginaux sont devenus les rois de la fête. L'ère du Geek-roi a amorcé la dilution des contre-cultures chez le grand public. Sans raconter la même histoire ni montrer les mêmes personnages ou les mêmes arcs narratifs et encore moins de la même manière, Scott Pilgrim ressemble pourtant à un descendant de Ferris. Ce jeune esprit libre qui échappe aux contraintes, fuit en permanence ses responsabilités, cherche l'amour et vit des aventures extraordinaires, c'est le même.

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 ELECTION : L'ANTI-FERRIS BUELLER


Alexander Payne a eu le nez creux en 1999 sur Election (L'arriviste en VF) en engageant Matthew Broderick. Ferris Bueller devient ici son pire cauchemar, la figure d'autorité impuissante qui symbolisait tout ce contre quoi il se battait, un prof de lycée pas si éloigné du proviseur Rooney. Cet Anti-Ferris ne trahit ceci dit en rien le film d'origine, au contraire, il le complète. Il montre le conflit générationnel du point de vue de l'adulte qui voit ses conventions et ses principes piétinés par des lycéens plus conscients de leur image et de leur place que jamais. Au centre de l'intrigue, une Reese Witherspoon aux dents longues dont le but est de devenir présidente du corps étudiant de son lycée. Face à elle, Broderick en prof de droits civiques qui tente d'inculquer l'éthique, devient un politicien prêt à tous les sales coups pour l'en empêcher. Un anti-teen movie acerbe, cruel et très drôle sur la petitesse humaine, la même que pointait du doigt Bueller.


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ADVENTURES IN BABYSITTING : LE VRAI FERRIS BUELLER 2


Peu connu même chez les fans de John Hughes, Adventures in Babysitting (Nuit de Folie) est pourtant un film marquant à plus d'un titre. Déjà parce qu'il signe la première réalisation de Chris Colombus, ensuite parce qu'il regorge de seconds rôles brillants dont Bradley Withford et Vincent d'Onofrio dans le rôle d'un Doppelganger du Thor de Marvel (!!!) et qu'en plus il se pose comme un prolongement de Hughes lui-même à Ferris Bueller. Au lieu d'un lycéen en vadrouille, c'est une babysitter (Elisabeth Shue) qui fait quitter la maison aux enfants qu'elle garde et embarque dans une suite de situations totalement dingues. Un pur produit 80's digne de Hughes et bien moins lisse que le futur de sa filmo (Maman, j'ai raté l'avion). Le vrai Ferris Bueller 2 était là depuis toujours, bien caché dans les étagères de vidéo clubs. A noter que le film compte deux remakes : un téléfilm très sage signé Disney et un plus officieux Rated R avec Jonah Hill et réalisé par David Gordon Green en 2011. Devinez lequel des deux se place dans la droite lignée de Ferris Bueller ?

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SAUVES PAR LE GONG / PARKER LEWIS NE PERD JAMAIS : LES CLONES

 

Le succès populaire de Ferris Bueller ne pouvait que déclencher une tentative désespérée de l'establishment pour surfer sur la vague et récupérer un maximum de pognon de la manière la plus opportuniste possible. Ces produits cyniques ont navigué depuis les années 80 entre provoc gentillette pour CM2 et misère artistique absolue. On note dans le lot une série Ferris Bueller catastrophique en 1990 dont on ne retiendra que les débuts de Jennifer Aniston et deux autres tentatives qui auront duré : Sauvés par le Gong et Parker Lewis ne perd jamais. Le premier ne retiendra que le cassage du 4ème mur (parce que ça fait cool) pour devenir un teen show pas moins lisse qu'un Hannah Montana. Quand au second il parviendra tant bien que mal à s'offrir une image un peu plus respectable grâce à quelques gags et effets de réalisation moins académiques que la norme de l'époque. Il n'en reste pas moins une sous-copie de Ferris Bueller qui démontre que la subversion comme simple outil marketing est aussi creuse qu'une flûte. 

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EASY A : L'HERITIERE


Voilà un film qui ne ressemble en rien à Ferris Bueller mais qui lui doit tout. Easy A (Easy Girl) parle d'une fille (Emma Stone) qui devient la plus populaire du lycée en faisant croire qu'elle couche. Sa réputation la fait avancer dans l'échelle sociale a un point incontrôlable. La véritable héritière de Ferris Bueller, c'est elle. La popularité la transforme en idole alors qu'elle ne cherche qu'à se défaire de sa condition et de tout diktat imposé. Passé inaperçu à sa sortie en 2010, le film a commencé a gagné une réputation culte digne des grands succès de vidéo clubs d'antan. Pourquoi ? Parce que comme Ferris Bueller, Easy A s'affranchit du style des teen movies de son époque pour parler directement à la génération qu'il évoque, sans baratin, sans regard moralisateur, sans juger les lycéens qu'il filme, quels que soit leur statut social, et d'autant plus si ils se trouvent aux marges des normes du moment. C'est une comédie rythmée, rafraîchissante, subversive et humaine. Des qualités qui le place dans la lignée tracée par Ferris Bueller dont les auteurs se réclament ouvertement, évidemment.


Maxime Solito