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Hulk Hogan's Rock 'n' Wrestling : retour sur le pire moment de la Hulkmania

1985. Hulk Hogan, champion du monde de catch, est au top de sa célébrité. Ses combats pour la WWF attirent des millions de fans, d'enfants, générant un merchandising outrancier comprenant figurines, pin's, magazines d'autocollants a collectionner...
Hulk Hogan's Rock 'n' Wrestling : retour sur le pire moment de la Hulkmania

1985. Hulk Hogan, champion du monde de catch, est au top de sa célébrité. Ses combats pour la WWF attirent des millions de fans, d'enfants, générant un merchandising outrancier comprenant figurines, pin's, magazines d'autocollants a collectionner et même un dessin animé, intelligemment baptisé Hulk Hogan's Rock'n'Wrestling.


Ne vous fiez pas au titre, il est trompeur. D'abord parce qu'on y entend aucun morceau de rock mais surtout parce qu'il n'y a aucun combat de catch. Le concept est osé : c'est une série de catch sans catch. Visant un public très jeune, les études de marché conduisent cette commande pour CBS vers un simple décalque de Fat Albert en remplaçant les personnages par des catcheurs célèbres. Les épisodes se suivent sans le moindre fil rouge et montrent Hulk Hogan et ses copains dans une suite de situations burlesques foudroyantes d'originalité tels que « Hulk Hogan accueille un nouveau colocataire sans-gêne » ou encore « Hulk Hogan devient l'ami d'un cheval » ou même le plus polémique « Hulk Hogan va dans l'espace ». Oh, il y a bien des méchants, mais ils ne font rien de la série.


Comme à la WWF, on trouve deux groupes de catcheurs, les Faces menés par Hogan -les gentils donc- comprenant Jimmy Snuka, Hillbilly Jim, Captain Lou Albano, Junkyard Dog, Tito Santana et Andre the Giant, le même Andre qui jouait dans le fabuleux Princess Bride aux côtés de Wallace Shawn qui lui était dans My Dinner with Andre, film qui n'a aucun rapport avec le géant. Face aux Faces on retrouve les Heels -les méchants-, menés par Roddy Piper (qui sera immortalisé dans le chef d'oeuvre de John Carpenter Invasion Los Angeles aka They Live) et comprenant entre autres le Iron Sheik, Nikolai Volkoff, Big John Studd et Mr. Fuji Bobby.


Le générique est la musique d'entrée de Hogan sur le ring d'époque : une reprise de Ravishing piquée à Bonnie Tyler, mélangeant scènes live et scènes du dessin animé. C'est d'ailleurs le trésor de la série : pour arriver aux 20 minutes réglementaires, les épisodes sont rallongés grâce à des sketches live joués par les catcheurs en guest de luxe. Ne vous attendez pas à du SNL. On est plutôt dans le registre d'un interlude de Ca Cartoon entre deux dessins animés, mais avec Roddy Piper et Andre the Giant a la place de Philippe Dana et Valérie Payet. Pour situer le niveau, citons un exemple : Andre the Giant chez un vendeur de voitures qui a bien du mal à lui trouver un véhicule adapté à sa taille et finit par lui vendre un tracteur.


Exquis.

En deux saisons et seulement 26 épisodes, la série semble essoufflée et à court d'idées, et ce dès son pitch, n'hésitant pas a piquer chez les voisins tout et n'importe quoi : un épisode de fantômes qui va jusqu'à reprendre le thème de Ghostbusters, un épisode de zombies indigne d'un mauvais Scooby-Doo, des voitures excentriques très inspirées par les Fous du volant, et ainsi de suite. L'animation est réduite à sa plus simple expression, les mêmes fonds sont ré-utilisés 45 fois par épisode, les gags répétés deux ou trois fois et l'ensemble ferait passer le dessin animé Super Mario Bros de l'époque pour du grand Disney de pointe.


C'est une caricature involontaire de son temps, un symbole du star-system des 80's capable de tirer une franchise de tout personnage et de toute marque. Pas étonnant d'y retrouver derrière pêle-mêle des réalisateurs ou scénaristes ou producteurs de MASK, James Bond Jr., Les aventures de Sonic, Les minipouss, Les Muppet Babies, Pac-Man et même Little Shop.


La petite boutique des horreurs version dessin animé, oui, même ça ils l'ont fait.

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Quand à Hulk Hogan, le dessin animé signe pour lui le début de la chute. Perte de titre, accusations de dopage, multiples départs et tentatives de come-back plus ou moins réussies lui donneront une image de diva du catch, jusqu'à ce qu'il termine sa course comme star de sa propre télé réalité, le cimetière télévisuel. Après des controverses comprenant propos homophobes et racistes, Mattel a définitivement mis un terme à la production de figurines à son effigie, la WWF devenue WWE l'a banni et seuls les tabloïds nous rappellent qu'il est encore vivant aujourd'hui.


C'est cruel, le sport de haut niveau. La télévision aussi. Sans parler des années 80. Bref, une drôle d'époque, à laquelle il ne nous est cependant pas interdit de repenser avec une certaine nostalgie.


Maxime Solito