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Les années 60, une grande décennie pour le cinéma d'horreur

A l'occasion d'Halloween, retour sur l'une des plus grandes décennies pour le cinéma d'horreur : les sixties. 
Les années 60, une grande décennie pour le cinéma d'horreur

Les années 60, une grande décennie pour le cinéma d'horreur

A l'occasion d'Halloween, retour sur l'une des plus grandes décennies pour le cinéma d'horreur : les sixties.  


Les sixties furent une grande décennie pour le genre horrifique. Alfred Hitchcock nous a présenté le monstre Norman Bates et son visage amical, les studios de la Hammer ont fait de la Grande-Bretagne une contrée majeure, Vincent Price incarna le visage de la terreur avec brio, les films de zombies ont commencé à se faire une place dans l’industrie hollywoodienne, et certains « horror movies » ont constamment repoussé les limites de ce qui pouvait être acceptable. Et des films comme Psychose (1960) et La Nuit des Morts-Vivants (1968) ont inspiré la frénésie du gore apparue dans les années 70. Pour certains spécialistes, les 60’s ont été la meilleure décennie du cinéma d’horreur. 


Retour sur huit des meilleurs films du genre de l’époque !


Le Voyeur de Michael Powell (1960)


Premier film de Michael Powell réalisé sans la collaboration de son complice des grands succès Emeric Pressburger (Les Chaussons rouges, La Narcisse noir), Le Voyeur était le « patient zéro » des slashers movies. Powell, avant-gardiste du cinéma britannique, a réalisé ce film alors qu’il était en froid avec l’industrie cinématographique anglaise. Lors de sa sortie, Peeping Tom (en V.O.) a reçu des critiques mitigées de la part du public et de la presse. Ceux-ci, horrifiés, se sont sentis trahis par l’un des plus vénérés cinéastes britanniques de l’époque, car ce dernier proposait un long-métrage pervers et psychotique.

Les Yeux sans visage de Georges Franju (1960)


Georges Franju a été l’un des créateurs de la Cinémathèque Française qui abrite maintenant plus de 40 000 films et des milliers de documents et d'objets liés au cinéma. Durant la Seconde Guerre Mondiale, Franju avait travaillé sans relâche pour retrouver, protéger et déplacer plusieurs bobines de films qui étaient menacées par le régime nazi. Il était un amoureux de l’image-mouvement (manière de faire participer le spectateur au temps du film en excitant ses fonctions sensori-motrices).


Ce film mystérieux de Franju suit un chirurgien plastique (Pierre Brasseur) spécialisé dans la greffe de peau. Lors d’un accident de voiture dont il est responsable, sa fille Christiane (Edith Scob) en ressort défigurée. En compagnie de son assistante, ils décident alors d’enlever des femmes et d’écorcher leur peau, essayant de donner à Christiane un nouveau visage. Cette dernière, en attendant son nouveau faciès doit porter un masque blanc, étrangement fantomatique. Lorsqu’elle apprend l’entreprise de son père, l’actrice Scob devant la caméra de Franju est en mesure de montrer toute la tristesse de ce personnage en un mouvement des yeux derrière cette façade blanche impassible.


La Maison du Diable de Robert Wise (1963) 


The Haunting (en V.O.) de Robert Wise se déroule dans un manoir fantastique bourré de ces contes hantés sur la mort et la folie. Afin de poursuivre ses expériences de parapsychologie, le professeur Markway (Richard Johnson) réunit un groupe de personnes dans un vieux manoir réputé hanté. Dès la première nuit, les hôtes du professeur sont terrorisés par des bruits insolites. La maison est-elle réellement hantée ? Où les hôtes se font-ils tous dupés par le professeur ? Certains participants conservent leur scepticisme, d’autres deviennent cinglés.


Wise montre très clairement qu’il s’intéresse à l’esprit humain et la manière dont celui-ci peut se laisser dominer par ses émotions (l’amour, présence de forces surnaturelles etc.). Réalisé avec un budget minime et servi par une mise en scène magistral, le long-métrage nous propose quelques séquences vraiment, terriblement effrayantes.

Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock (1963) 


Les Oiseaux fut sans doute le film le plus difficile (notamment pour les scènes avec les oiseaux réels ou encore le plan-séquence final) à réaliser pour Alfred Hitchcock. Après avoir expérimenté comment la structure d’un film d’horreur peut affecter le public avec Psychose, Hitchcock décide de saboter le genre en supprimant les éléments extérieurs au récit. The Birds ne dispose pas de bande originale, et ce pour accentuer le malaise chez le spectateur. Nous n’avons également aucune explication sur les événements ou sur les personnages.


Melanie (Tippi Hedren), jeune femme quelque peu superficielle, rencontre chez un marchand d'oiseaux un brillant et séduisant avocat qui recherche des inséparables. Par jeu, Melanie achète les oiseaux et les apporte à Bodega Bay. Dès son arrivée, elle est blessée au front par une mouette... Hitchcock nous livre ici un bijou d’épouvante et rend effrayant la créature la plus innocente et l'ami le plus mélodieux de l'homme.

Six femmes pour l’Assassin de Mario Bava (1964) 


Mario Bava a changé la face du film d’horreur avec Six femmes pour l’assassin. Reconnu comme étant l’un des maestros de l’horreur à cette époque, Bava se lance dans le giallo (cinéma fantastique italien) avec des meurtres très stylisés et macabres. Refusant de divulguer l’identité du tueur et préférant faire des gros plans sur les étranglements et autres mutilations que les victimes subissent, la réalisation est accompagnée d’une palette de couleurs somptueuses.


Sei donne per l'assassino (en V.O.) se déroule principalement dans une maison de haute couture, l’atelier « Christian », où des modèles sont assassinés. Ici, et dans ce qui va devenir l’un des éléments prépondérants dans le giallo, le tueur porte des gants noirs, un chapeau noir ainsi qu’un trench-coat noir dont les poches contiennent un couteau et un fil de fer. Au cours de son long-métrage et avec une grande ingéniosité, Bava met en scène un meurtre dans une salle pleine de mannequins muets et anonymes. La victime est égorgée aussi rapidement que lorsqu’elle est rejetée et broyée par cet abattoir qu’est l’industrie de la mode.


Pierre Sauveton