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L’Île errante, une superbe aventure miyazakienne

Sa jeune protagoniste, la petite ville où se déroule l’action et la fascination du monde de l’aviation font de L’Île errante une fable proche de l’univers du grand Hayao Miyazaki.
L’Île errante, une superbe aventure miyazakienne

Sa jeune protagoniste, la petite ville où se déroule l’action et la fascination du monde de l’aviation font de L’Île errante une fable proche de l’univers du grand Hayao Miyazaki. Mais le manga de Kenji Tsuruta – publié en 2011 au Japon et dont le premier tome vient d’être publié pour la première fois en France aux éditions Ki-oon – mérite qu’on s’y attarde un peu plus.


L’histoire de L’Île errante s’intéresse à Mikura Amelia, une pilote d’hydravion, qui, suite au décès de son grand-père, décide de retrouver l’île d’Electriciteit. Mais celle-ci ne se trouve sur aucune carte. Réalité ou illusion ? Peu importe ! Mikura décide de poursuivre la quête de son grand-père et de livrer un mystérieux courrier que celui-ci avait rédigé.


La nature sporadique du travail de Kenji Tsuruta (il a publié Spirit of Wonder en 1998 et Forget-me-not en 2003) ne l’aide pas forcément. Mais lorsque nous découvrons un nouveau projet signé par le mangaka originaire de Hamamatsu, son attention toute particulière aux détails et ses compétences illustratives et narratives de haut niveau, on peut comprendre qu’il prenne son temps. Son œuvre qui rentre dans la plus pure tradition du manga japonais, remarquable de virtuosité, fait de Tsuruta l’un des meilleurs artistes du genre.

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L’intrigue de L’Île errante n’est pas compliquée et ne tente pas de choquer le lecteur avec quelques bizarreries (comme on peut le voir si souvent dans les bandes dessinées japonaises). Le récit ne déconstruit pas les techniques établies du genre. L’Art du manga est ici à son apogée et s’exprime à travers l’encre de Tsuruta. La composition des pages, l’utilisation efficace du geste, de la pose et de l’expression du visage, nous offrent une œuvre de grande qualité. 


Comme ses contemporains les plus connus, Makoto Yukimura (Vinland Saga, Planètes) et Kaoru Mori (A Bride’s Story), Tsuruta réussi à trouver un équilibre de travail entre détails illustratifs et clarté scénaristique. Utilisé par un conteur d’histoire visuelle moins talentueux, L’Île errante aurait abouti à une œuvre désordonnée. Dans les mains de Tsuruta, les détails fournissent aux scènes une profondeur et un sens du naturalisme, voir même un sentiment de vécu. Certes, Tsuruta n’est pas un créateur prolifique, mais son travail brille toujours avec sentiment d’émerveillement et de beauté. Il observe ses personnages avec une vive affection, et ceux-ci observent le monde qui les entoure, un monde regorgeant de possibilités.


Avec L’Île errante, Kenji Tsuruta signe une nouvelle œuvre riche dans un univers à mi-chemin entre réel et fantastique. Grâce à ses talents inimitables, il nous emporte dans une aventure de longue haleine, aux côtés d’une héroïne aussi obstinée que courageuse. Poétique, palpitant, comique, L’Île errante est haute recommandé !


L’Île errante T.1 de Kenji Tsuruta disponible aux éditions Ki-oon.


Pierre Sauveton 

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