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Michael Jackson au Super Bowl de 1993

Ce jour de 1993 donc, Michael Jackson ne s’interdit rien. Il peut tout faire. Le public attend, trépigne, quand soudain, une explosion retentit, et Jacko surgit en haut d’un écran géant.
Michael Jackson au Super Bowl de 1993

25 juin 2009. Le rock de stade est en deuil, il vient de perdre l'un de ses plus grands représentants. Pardon, LE plus grand. L'ami Jacko, pour qui booker cinquante dates à l'O2 Arena en guise de grand retour n'était finalement que la cerise sur un gâteau à trois étages qui ne manquait lui-même pas de sucreries, vient donc de nous quitter. Ah, Michael ! Certains usent et abusent de spotlights, d'écrans géants, d'effets pyrotechniques, de danseurs, de choristes, de longs solos de guitare flirtant dangereusement avec le mauvais goût… 


Michael Jackson, lui, n’avait sans doute pas besoin de tout ça, mais ne s’en privait pas pour autant. En vérité, il était un groupe de stade à lui tout seul, comment en témoigne sa performance aux 25 ans de Motown, où il dévoila pour la première fois son fameux moonwalk. Des fringues à paillettes, quelques pas de danses, et un groove inégalé. Basta. Mais pour le plus grands bonheur de ses fans et, avouons-le, de ses banquiers, Bambi savait aussi mettre les grands plats dans des plats encore plus grands, pour nous offrir le show de la mi-temps du Superbowl en 1993.

Ce concert est une institution. Comme le match qui l’accompagne, mais que nous, Français, faisons évidemment passer au second plan. Le football américain, ici, c’est comme le soccer, là-bas. Ce n’est rien, ou en tout cas pas grand chose. Mais pour les amateurs de pop-culture comme nous sommes (et que, si vous lisez ces lignes, vous êtes sans aucun doute), le Superbowl représente deux choses : l’occasion de voir beaucoup de trailers, de les décrypter, de les juger, mais aussi donc la chance d’assister à un spectacle unique. Enfin, nous parlons de chance : quand il ne s’agit pas de ce tâcheron de Bruno Mars. L’année dernière, 118,5 millions de téléspectateurs étaient devant leur écran à la mi-temps, et 120,3 millions à la fin du match. Où quand la pause est aussi importante que la conclusion.


Dans les années 80, pourtant, il n’en est rien. Le concert n’est là que pour faire patienter, et ne captive ni les foules, ni personne. Un thème est choisi (la joie, l’Amérique musicale, ou un hommage à Duke Ellington), des orchestres sont invités (pas moins de six participations pour le Grambling State University Marching Band, un record) et on baille en attendant le retour des joueurs.


C’est véritablement en 1991, avec les New Kids On The Block, que ce concert devient une entité à part entière. Avant, il y avait des chorales, des orchestres, des trucs un peu tristes. Les bons crus ? Michael Jackson en 1993 donc (première immense star à se prêter à l’exercice), mais aussi Diana Ross en 1996, les Blue Brothers l’année suivante. Aerosmith, ’N Sync, Britney Spears, Mary J. Blige, et Nelly en 2001. (c’était horrible mais plutôt drôle), Macca en 2005, les Rolling Stones en 2006, Sprinsteen en 2009, et Beyoncé en 2013. Les année 2000 appartiennent aux rockeurs, les années 2010 voient le retour des pop stars. Et comment oublier l’incident de téton de Janet Jackson en 2004, avec Justin Timberlake ? La controverse qui s’ensuivit fut à l’image de la relation qu’entretiennent les Américains avec ce sport et ce match : passionnée. Enflammée.

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Ce jour de 1993 donc, Michael Jackson ne s’interdit rien. Il peut tout faire. Le public attend, trépigne, quand soudain, une explosion retentit, et Jacko surgit en haut d’un écran géant. Puis disparaît. Avant de refaire le coup à l’autre bout du stade (il s’agit bien évidemment de danseurs habillés comme Michael). Le vrai ? Il sort de terre, et se fige, au centre de la scène, elle-même au coeur du stade. Longtemps. Il porte ses habits de lumière, des lunettes de soleil. Et reste immobile pendant de longues, très longues secondes. Puis… Tourne la tête, dans un mouvement brusque, et se fige à nouveau. La foule hurle. Michael Jackson, à ce moment, est un dieu. Jam, Billie Jean, Black Or White, We Are The World et enfin Heal The World. Il y a là une chorale d’enfants, car c’était bien avant les soucis. En action, toute la démesure d’un Homme dépassé par sa Légende. Et tant pis si ça passe en playback.


Cette année-là, les chiffres sont en hausse. Mieux, ils s’affolent. Ce concert est le début d’une nouvel ère pour le Superbowl. Désormais, un soin tout particulier sera apporté à ces quelques minutes de live, et les chèques seront signés. Et ce sont ces quelques minutes, aujourd’hui terriblement datées (la coupe de cheveux de la guitariste, les vêtements du public, et même cette façon de filmer statique) qui se font encore ressentir aujourd’hui. On encense les animaux de géants de Katy Perry ? Ce n’est là que la réplique du séisme Bambi.


Nico Prat


Texte issu du livre Les 51 moments les plus cultes de la TV américaine