Rumble : Conan au pays du magicien d’Oz

Image Comics est en train de totalement redistribuer les cartes du monde des comics.

Maintenant que Marvel et DC ne pensent plus qu’à développer leur univers télévisuel pour faire marcher la planche à billet, dans son coin, le « troisième éditeur » est en train de faire main basse sur les plus grands artistes US, leur proposant une totale liberté créative, permettant ainsi le développement d’idées originales qui commencent à manquer sérieusement au Big Two. La dernière série en date s’appelle Rumble et vient de sortir dans la branche Comics de Glénat, qui pour le coup frappe très fort. L’oeuvre de John Arcudi et James Harren est d’une générosité totale. Arcudi, après avoir travaillé avec Mignola sur la série B.P.R.D., propose ni plus ni moins que de façonner une nouvelle mythologie, mélangeant démons et guerriers immortels dans une lutte secrète et millénaire.

Bobby est barman dans un café miteux, sa vie, ses amours sont les routines d’une vie monotone et ennuyeuse. Tout va changer lorsqu’un épouvantail armé d’une épée gigantesque va s’en prendre au vieux Cogan, un des clients du bar. Bobby intervient, permettant au poivrot de s’éclipser. Ne sachant pas trop comment réagir, le jeune barman va se rendre chez son pote Del, qui va entrevoir la possibilité d’une odyssée exaltante. Le deux compères vont donc foncer tête baissée dans l’aventure et tenter d’aider l’empaillé dans sa quête.

Arcudi a bien étudié Mignola. Sans faire de copier-coller, il va intelligemment utiliser les ingrédients comiques et mythologiques de Hellboy pour nous faire vivre une histoire totalement folle. Ce premier arc va nous présenter les différents protagonistes, il va aussi nous faire entrer dans un monde où d’étranges créatures se livrent à un jeu qui se joue depuis presque la nuit des temps. L’épouvantail qui va être le centre de l’histoire, se nomme Rathraq. Il est LE guerrier badass par excellence, un être mythique et immortel ayant perdu sa dernière bataille contre les armées de l’ombre.

L’intelligence du récit, outre son humour omniprésent, provient de l’absence de manichéisme. Comme le fait remarquer le jeune barman, ces démons existent depuis des millénaires et semblent vivre leur vie en marge de la société sans pour autant interférer dans les affaires humaines. La vendetta à laquelle veut se livrer l’épouvantail ne semble concerner ni Bobby ni Del, son ami redneck, pourtant cette équipe de fabuleux loosers va s’associer  pour prendre part à l’aventure.

L’autre point fort de la série est team up de James Harren et Dave Stewart. Le premier dessine des scènes d’action à couper le souffle et maitrise la séquentialité sur le bout des doigts, apportant de la richesse et de l’humour au récit en un trait de crayon. L’autre est le coloriste multi-Eisnerisé, fidèle compère de Mignola et d’Arcudi sur Hellboy et B.P.R.D., qui arrive a donner de la profondeur au dessin déjà très pulp de Harren.

Rumble est une série qui, sur le papier, avait tous les ingrédients pour être un bide monumental. Pourtant l’alchimie fonctionne du feu de dieu, chaque planche est d’une grande richesse visuelle, mélangeant le style avec une dynamique ultra maitrisée. Quand au récit, c’est un savant mélange d’humour et d’action dans un univers totalement fou. Arcudi et Harren proposent une série rythmée et rafraîchissante comme on en voit peu. Bref, lâchez cinq minutes vos Marvel et DC, calez vous dans votre fauteuil, attachez votre ceinture et préparez-vous pour une nouvelle aventure.

RUMBLE est actuellement disponible chez Glénat Comics.