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Synchronisation des montres : Parker Lewis est de retour !

Parker Lewis est de retour ! L’ado le plus cool de toutes les nineties, devant Zack Morris, revient étaler sa collection de chemises et de VHS pour la première fois en DVD en France. Synchronisation des montres !
Synchronisation des montres : Parker Lewis est de retour !

Parker Lewis est de retour ! L’ado le plus cool de toutes les nineties, devant Zack Morris, revient étaler sa collection de chemises et de VHS pour la première fois en DVD en France. Synchronisation des montres !


Parker Lewis, incarné par Corin Nemec, représente tout ce qu’on aime dans les années 90 : la dictature du cool, un yolo vestimentaire total, une absence de politiquement correct et une liberté de ton beaucoup plus libre qu’aujourd’hui. A l’époque il était de bon ton de se moquer des petits, des moches, des intellos à lunettes qu’on n’appelait pas encore « Geek » et qui n’étaient pas encore cool, des sportifs débiles et des gros qui ne pensent qu’à manger. Le tout avec une décontraction absolue. Dans Parker Lewis, il est tout à fait normal de donner des sardines crues à un adolescent balèze qui vient d’enfermer un bizuth dans un placard. La série créée par Clyde Phillips est une bouffée d’air frais et un vrai bain de nostalgie pour la plupart des trentenaires d’aujourd’hui. Une époque où Corin Nemec était le roi du monde, tout simplement.

Clyde Phillips, le créateur de la série s’est librement inspiré du film de La Folle Journée de Ferris Beller pour créer, avec Santo Domingo, un monde familier et cohérent pour les adolescents américains. Plus que Ferris Bueller, c’est tout le cinéma de John Hughes qui est convoqué dans la série tant on y retrouve tous les grands axes de ses teen movies mais déformés, distendus, intégrés dans un univers loufoque, ouvertement ironique et pétri de second degré. Parker, n’est ni un beau gosse, ni un sportif, ni rebelle, ni un geek, il est tout ça à la fois et c’est ce qui fait la force du personnage. A un moment donné de la série, tout le monde peut s’attacher à lui, tout le monde veut être lui. Il est le roi du campus mais sans vraiment l’être, se contentant de déambuler dans les couloirs de Santo Domingo en toute décontraction, vêtu des chemises bariolées, boutonnées jusqu’en haut et trois traille trop grande, les plus improbables de l’histoire de la télévision. Plus qu’un super héro ou un roi, Parker Lewis est le Robin des Bois du bahut, toujours là pour aider les potes où n’importe quel élève au détriment de la SurGé Musso et de son larbin, le triste sire Frank Lemmer.??Parker Lewis est une série bâtie sur ses personnages, ce sont eux la sève et le ciment du show.


Influencé par le comic book, l’univers de la série B d’horreur et de la bande dessinée, les personnages sont plus grands que la vie. Surréalistes, hypertrophiés, irréels, cartoonesques. Norman Pankow est le grand méchant diabolique de l’univers Parkerien : machiavélique, narquois, maléfique, il possède tous les atours d’un docteur Mad californien. Frank Lemmer, le bras droit de Musso est constamment vêtu de noir, fin et tranchant comme une lame de couteau, aime torturer les élèves et nourrir sa murène. Jerry Steiner est un inventeur de génie, geek avant l’heure qui transporte l’univers entier dans son long manteau tandis que Larry Kubiac est la brute du bahut qui n’aime rien d’autres que manger et enfermer des bizuth dans leur casier. Cette bande de héros de cartoon s’affronte dans un lycée qui ressemble bien plus à une map de jeux vidéo qu’à un bahut municipal de banlieue. Santo Domingo est un vrai univers foldingue peuplé de personnages qui le sont tout autant.

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Pourtant, comme chez John Hughes encore une fois, dont la filiation avec Parker Lewis est évidente, derrière ses stéréotypes, on sent un vrai amour pour des protagonistes qui se dévoilent et s’étoffent au fur et à mesure des trois saisons que durera la série. D’abord présenté sous la forme archétypale (la brute, le gothique, le rockeur, la peste, le cool, le geek,…),  ils ne cessent de gagner en épaisseur et en humanité. Tous ont leurs failles, leurs coups de mou, leur côté lumineux et leur face sombre. Parker peut être en proie au doute, Lemmer tomber amoureux et dévoiler une nature plus douce, même Kubic ouvrira son cœur à Parker pour lui confier son mal-être. Et il n’y a rien de plus émouvant qu’une brute qui s’ouvre aux autres, qui se dévoile. C’est dans ces moments là que les personnages, comme ils peuvent le faire dans Breakfast Club, sont vraiment eux-mêmes. Quand tombent les masques et s’exposent en pleine lumière. Toujours dans la logique de John Hughes, ils finiront par s’ouvrir, s’accepter et se faire accepter. C’est l’une des grandes lignes morales de la série.??Sans faire de longs discours, on comprend que Parker Lewis ne perd jamais, sous ses atours loufoques et iconoclastes, reste un show familial aux valeurs bien affirmée. En cela, il est dans la droite lignée de Sauvés par le Gong dont il est peut être perçu comme le petit frère turbulent.


La série crée par Clyde Philips aborde des sujets tout aussi sérieux que Sauvés par le Gong mais de manière beaucoup plus légère, là encore on retrouve l’héritage de John Hughes dans cette façon de parler le langage des adolescents de manière subtile et légère. Dans la première saison, les créateurs abordent le sujet de l’addiction et de la dépendance à la drogue mais en le détournant pour l’inscrire dans un univers plus inoffensif à l’écran mais bien plus prégnant pour le public adolescent : les jeux vidéos. Là ou Zack Morris, droit comme la justice, sourcils froncés, regard grave, se lancera dans un discours anti drogue très sérieux, Jerry Steiner sera représenté sous la forme d’un personnage du jeu vidéo Altered Beasts, tabassé par une horde de méchants. La métaphore est limpide, le message est clair mais on reste dans l’esprit de la série : décontracté. Cette décontraction absolue à la Ferris Bueller se retrouve dans toutes les composantes du show : de l’écriture des personnages à la mise en scène en passant par la musique ou l’univers ultra référencé de Santo Domingo.

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Pour la plupart, ces références se trouvent dans le vidéo club tenu par les parents de Parker : Mondo Vidéo. « Mondo » comme le genre qui fit la gloire du bis italien des seventies. Dans cette antre de la contre culture d’époque on peut y voir un étudiant loué La Baie Sanglante de Mario Bava et une console Lynd tandis qu’un clip de Suicidal Tendencies passe à la télévision, en arrière plan.


L’autre grand pôle référentiel tient dans la mise en scène qui, étonnamment, vingt-cinq ans plus tard, s’avère toujours moderne, inventive, rythmée et a très peu vieilli, c’est l’une des réelles satisfactions lors du revisionnage. La réalisation, hyper cartoonesque use et abuse des décadrages, du grand angle, de la focale courte, du zoom et autres travellings supersoniques tout droit hérité du chef d’œuvre de Sam Raimi : Evil Dead. Tout ces effets qui pourraient sembler datés, fonctionnent toujours autant et donne un rythme infernal au programme. Derrière la camera on retrouve d’ailleurs de solides metteurs en scène comme Andy Tennant ou Rob Bowman. L’univers visuel, renforcé par un travail sur le son insensé est aujourd’hui encore, d’une étonnante vitalité et précurseur dans le domaine.  Même l’usage abusif d’une technologie obsolète (VHS, montre, télécommande, talkie walkie, ordinateur deux couleurs,…) passe comme une lettre à la poste tant l’univers présenté semble tout aussi cohérent qu’hors d’âge.


Des séries comme Malcolm ou Scrubs vont largement s’inspirer de l’univers et de la folie visuelle de Parker Lewis. En ce sens la série fait parfaitement le lien entre les thématiques des meilleurs teen movies eigthies et les shows les plus populaires des années 2000. Scrubs lui emprunte son univers réalistico-loufoque, ses apartés déjantés, sa folie visuelle et sa légèreté dans la manière d’aborder des sujets graves. Les, personnes du Sacred Heart sont eux aussi, dans leur « grave légèreté » proche du cinéma de John Hughes et, là encore, c’est Parker Lewis qui fait le lien. On y retrouve aussi la même utilisation de la musique, la voix off omniprésente et d’étonnantes digressions des personnages.?La filiation avec Malcolm est encore plus prégnante. D’entrée, on retrouve ces séquences pré génériques totalement déconnectées du récit qui, composées de cadres dans le cadre, permettent de souligner de manière ludique la caractérisation des personnages. La friabilité du quatrième mur et les soliloques de Malcolm ne font que renforcer cette filiation. La mise en scène, l’usage intensif de bruitage pour accentuer certains gestes ou mouvement de camera, l’épaisseur des personnages dissimulée derrières des archétypes, la nouvelle représentation des parents à l’image, tout cela, Malcolm le doit en grande partie à Parker Lewis.??


C’est en cela que le show de Clyde Phillips fait office de trait d’union entre le glorieux teen movies des années quatre-vingts et les choses plus légères qui viendront plus tard. Santo Domingo se démarque en dépeignant le lycée de manière plutôt cool, l’endroit ne semble plus sorti des enfers mais est représenté comme un lieu de vie surréaliste et plutôt agréable. Surtout quand on s’appelle Parker Lewis, qu’on possède les clés de chaque salle de classe, un accès direct au toit avec cocktail et transat et un repaire secret niché au cœur même du bahut. Forcément ça aide. Monsieur John Hughes peut être fier de sa descendance, Parker doit être vu comme le cousin gentiment déjanté de Ferris Bueller, Bryan Johnson ou John Bender, c’est ce que ne cesse de nous rappeler les 73 épisodes de la série. Note pour plus tard : penser à revoir encore Breakfast Club, une fois tous les épisodes avaler. Aucun Problème !


Seb Lecocq