The Last Days of American Crime : sexe, drogue et émotions

L’avenir est sombre et meurtrier, c’est ce que le comics The Last Days of American Crime nous balance en pleine figure dès la première page. Et cela pendant la totalité du livre écrit par Rick Remeder et illustré par Greg Tocchini. Et alors que nous interagissons au cours du récit avec un univers post-contemporain, rien n’est vraiment si irréaliste que nous ne pouvons pas imaginer que cela soit possible. Il y a un sentiment de non-respect de la loi qui semble converger vers l’anarchie, même si nous sommes habitués à savoir que le gouvernement et les forces de police sont toujours là. Tout semble dépendre d’un événement qui se déroulera dans quelques jours à partir de maintenant…

Après la perte de dix millions de personnes suite au largage, par le gouvernement, de bombes dans six grandes villes, celui-ci cherche d’autres moyens d’affermir ses moyens de contrôle. Un neuro-inhibiteur qui rend impossible pour quiconque d’enfreindre la loi, de quelque manière que ce soit, est mis en place. Ce mouvement intitulé « American Peace Initiative » n’est rien de moins que le contrôle de l’esprit. Coïncidant avec un changement bancaire important, passant de la monnaie physique à un concept entièrement numérique, cet événement cause des ravages à l’échelle nationale notamment dans la criminalité. C’est à cette période « urgente » que Graham Bricke décide de planifier un cambriolage, qui lui permettra d’avoir des fonds illimités pour toujours.

Le plan de Bricke est loin d’être infaillible et implique certaines personnes qui ne sont pas moins dangereuses que notre criminel de carrière et homme de premier plan : Kevin Cash, un cracker (pirate de logiciel) habile et meurtrier, est accompagné par l’étouffant Shelby Dupree, le hacker du groupe. Des mensonges tordus et un agenda d’une extrême précision imprègnent l’histoire, gardant le lecteur dans l’obscurité jusqu’à la toute dernières cases. Même lorsque vous pensez savoir ce qui trame réellement, vous trouverez, plus tard dans le comics, quelque chose que vous avez raté les pages précédentes.

Le scénariste Rick Remender et l’illustrateur Greg Tocchini sont les esprits créatifs derrière cet impressionnant comics « noir ». Ce sont le sexe, la drogue, et la mort dans un panel d’exploration des désirs et émotions les plus intimes de l’être humain. La vitesse à laquelle nous arrivons à aimer les personnages et à en avoir peur, est stupéfiante. Les dialogues proposés par Remender sont à la fois bruts et urbains, ceux-ci nous présentant une série réaliste qui se lit comme un roman au format comics. Pour ce qui est des illustrations, disons simplement que Tocchini est un artiste extraordinaire. Son travail contient des émotions brutes, il parvient vraiment à transmettre la douleur, la souffrance et la passion d’une manière très profonde.

En résumé, The Last Days of American Crime est un excellent roman graphique.

Pierre Sauveton