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Trente ans après, Frank Miller et The Dark Knight sont de retour

Trente ans après la publication du « The Dark Knight Returns », Frank Miller revient avec un troisième opus du comics qui a marqué au fer rouge le personnage du Caped Crusader ainsi que toute une génération de lecteur.
Trente ans après, Frank Miller et The Dark Knight sont de retour

Trente ans après la publication du « The Dark Knight Returns », Frank Miller revient avec un troisième opus du comics qui a marqué au fer rouge le personnage du Caped Crusader ainsi que toute une génération de lecteur.


1986 est une putain d’année ! Elle a vu naitre deux des piliers du « Modern Age » des comics. Les « Watchmen » et « TDKR » ont été des baffes monumentales pour les kids de l’époque et ont ouvert la voie à des itérations plus adultes des héros qui nous connaissons tous. Avec TDKR Miller donnait une version d’un Bruce Wayne vieillissant, ayant raccroché la cape, mais qui devait renfiler son costume encore une fois pour purger Gotham de la corruption rampante et du gang des mutants qui ravageait la ville.  Après une suite dispensable en 2002, « The Dark Knight Strikes Again », Miller décide de reprendre en main son héros pour une nouvelle épopée. Pour « The Dark Knight III: The Master Race », Miller va être aidé au scénario par un habitué des séries noires, Brian Azzarello (« 100 Bullets ») et va laisser l’essentiel du dessin à Andy Kubert. Nous retrouvons donc un Bruce Wayne grisonnant, toujours aidé par Carrie, le nouveau « Robin », dans un monde dystopique, quelque peu différent de celui que nous connaissons (la fameuse « Terre 31 »), mais toujours très inspiré par l’actualité. 

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L’intrigue de ce troisième opus va tourner autour de la citée Kryptonienne de Kandor. Le Dr Ray Palmer (Atom) trouve le moyen de rendre leur taille normale aux citoyens de la ville bouteille, originairement miniaturisée par Brainiac. Mais les Kryptoniens maintenant libres, n’auront pas la même abnégation que Superman. De la bouteille, ne sortiront que les membres d’une secte religieuse dirigée par le terrible Quar, qui va se poser en Dieu parmi les hommes. Malgré les détracteurs de « Strikes Again », Miller et Azzarello assument pleinement le deuxième opus de la saga. Ainsi, on retrouve Lara, la fille de Wonder Woman et de Superman (qui s’est éloigné du monde pour rester dans sa forteresse de solitude) et on apprend qu’ils ont eu un autre enfant: Jonathan, qui n’est encore qu’un bébé. On retrouve bien entendu la jeune Carrie, qui s’occupe de perpétuer le mythe d’un Batman toujours recherché par la commissaire Ellen Yindel.


Contrairement aux premières pages de TDKR qui montrait l’omniprésence de la télévision, ce sont maintenant les réseaux sociaux et la génération sms qui ont la part belle. Les médias et la politique ont toujours été le violon d’Ingres de Miller, une des raisons de son succès mais aussi le principal chef d’accusation de ses détracteurs. Cet opus de la saga traite du fanatisme religieux, montrant des kryptoniens se plaçant au dessus des lois des hommes et voulant asservir le monde. On retrouve le discours actuel du terrorisme et le décorum qui va avec (les kryptoniens utilisent les « attaques suicides » pour raser des villes de la carte). Miller n’a jamais été politiquement correcte, c’est ce qui fait sa marque de fabrique depuis des années. Il a toujours écrit des comics très politisés, mais aussi très réac’, comme ce fameux « Batman contre Al Qaïda » dont DC s’est débarrassé pour se muter ensuite en « Holly Terror », un pamphlet post 11 septembre parfois super limite. Pour « The Master Race », le duo de scénariste a mis un peu d’eau dans son vin, même si on peut trouver par analogie une allégorie des vues politiques de Miller sur l’Islam. Il n’en demeure pas moins qu’en terme de narration pure, ce « Dark Knight » tient la route.


Face à l’oppression, à la brutalité et au fanatisme, la réponse ne va pas se trouver chez les surhommes, mais bien chez l’humain dans ce qu’il a de plus sacré. Batman est un héros qui est capable de se donner corps et âme, c’est ce qui fait de lui un être exceptionnel et c’est bel et bien Bruce Wayne, qui malgré un corps défaillant, va trouver le moyen de s’élever pour résister encore contre l’oppression.


Andy Kubert arrive à sortir de belles planches, magnifiant son héros, tout en gardant un trait proche de celui de Miller. Alors, certes tout n’est pas parfait, mais ce « DKIII » a belle allure. Pour le moment, deux tomes sont sortis en France chez Urban Comics, chacun comportant deux épisodes (sur les 8 de prévus) ainsi que des mini séries gravitants autours de l’histoire principale. Dans le premier tome, c’est Frank Miller himself qui dessinait le mini comics centré sur « The Atom ». Dans le 2nd opus, il va être aidé par John Romita Jr. pour une mini série dédiée au « Green Lantern ».  Alors bien entendu, on a connu l’artiste en plus grande forme, mais ça fait quand même plaisir de le voir reprendre le pinceau malgré la maladie.


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« The Dark Knight III: The Master Race » n’arrive pas à égaler le premier tome de la série, devenu avec le temps le porte étendard de la mouvance « grim and gritty » et qui a marqué toute une génération d’auteurs. Pourtant, au détour d’une planche, on arrive à retrouver un peu de la magie qui faisait le sel du récit de 86. Difficile de juger une série sur deux tomes, mais Miller et Azzaerello font bien les choses, suffisamment pour tenir en haleine, sans doute pas assez pour marquer une génération.


Christophe Balme 

Les deux premiers tomes de « The Dark Knight Returns : The Master Race » sont disponibles chez Urban Comics.