Comment Aliens, Le Retour a donné naissance au film d'action moderne

Aliens (1986) de James Cameron n'était pas seulement un film d'action et de science-fiction, il est devenu un modèle pour les héroïnes de films d'action moderne.  

Au milieu des années 80, les vedettes d'actioners étaient en majorité des hommes. Mais dans cette vidéo signée Fandor Leigh Singer, nous explorons la façon dont Aliens, le retour, est probablement devenue la matrice de tous les films d'action des années à venir, et sa protagoniste, Ripley, incarnée par Sigourney Weaver, la mère de toutes les héroïnes d'actioners bourrins.

Le film original de Ridley Scott sorti en 1979 a été l'un des films de science-fiction les plus innovants jamais réalisé. Son scénariste Dan O'Bannon, a déclaré dans une interview que le film a eu la chance de sortir grâce à Star Wars :  "Ils [la Fox, qui avait distribué Star Wars] voulaient continuer très rapidement [avec un autre film de ce type]. La seule chose qui y ressemblait était mon script. C'était un long-métrage avec un vaisseau spatial et il était posé sur le bureau d'Alan Ladd Jr. [producteur de la trilogie Star Wars]".

Ecrit dans une esthétique à petit budget, et contrevenant délibérément à l'esthétique brillante de la plupart des films de science-fiction, le script, la sous-exposition de Ridley Scott, ainsi que le fait de ne pas vouloir révéler le Xénomorphe rapidement ont certes haussé le suspense, mais ont aussi permis au studio de faire des économies budgétaires. Le film a été, superstitieusement, programmé le même jour que la sortie de Star Wars (25/05/1977), le 25 mai 1979.

Sept ans plus tard, le directeur de Terminator, James Cameron, nous propose une suite, "un clone" comme le note Singer. En fait, le succès clé de Cameron avec cette suite était sa façon [dans le film] d'explorer et d'élargir la mythologie de son prédécesseur, développant une héroïne déjà fascinante. Avec ces tension et adrénaline implacables, et qui rendent les Aliens tellement plus palpitants, nous avons affaire à un film de guerre de science-fiction purement viscérale.

Aliens, le retour, encore plus que son prédécesseur, aborde la question suivante : comment dépeindre un premier rôle féminin dans un genre cinématographique dominé par les hommes ? Dans le film original et sa suite, Ripley est présentée comme une variante de la "final girl" (la dernière femme en vie à se confronter au tueur). Mais, en changeant le genre [science-fiction à action de science-fiction], Ripley ne pouvait pas simplement être indépendante, résistante et ingénieuse. A l'ère des films d'action hyper-macho, elle devait avoir ce petit quelque chose en plus. Et ce petit quelque chose, est de devenir mère.

Au début du film de Cameron, Ripley est une épave, traumatisée par les événements finaux du précédent film, et en inactivité depuis 57 ans du à son hibernation biostase. Au cours de cette longue période, sa fille a grandi, vieilli, et est décédée. Le film permet à Ripley de "se racheter dans son rôle de mère" à travers le personnage de Newt, l'orphelin.

En outre, dans le futur état corporatiste représenté dans le film, Ripley est soumise à une subversion du "regard masculin", même si celui-ci provient d'autres femmes, qui ont été, avec les hommes, transformées en salariés d'entreprise esclaves, dépouillées du sentiment humain. La façon dont Cameron résout le problème principal du film, qui est de savoir comment concilier le rôle maternel de Ripley et son rôle d'héroïne de film d'action, est de la confronter à la reine des Aliens, qui est, selon les mots de Singer, la "plus forte, et plus intelligente femelle de l'espèce". Chacune cherche à "protéger leur petit d'une mère étrangère".

Et, alors que certains ont critiqué le film comme étant "conservateur", cette idée sous-estime "la prise en main des évènements, le professionnalisme cool, et la rage destructrice" de Ripley. Et quand les deux arcs, l'appréhension de son rôle de mère et la destruction de la menace extraterrestre, sont réunis, le public se retrouve avec, en plus d'un film coup de poing, un modèle pour héroïnes de films d'action modernes.

Pierre Sauveton