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Akira : film mutant ultime des années 80

Film mutant ultime des années 80, résultat d’un ADN combiné des Goonies, Blade Runner, de Kubrick ou Cronenberg, Akira déroule à chaque nouvelle vision ses innombrables qualités, et reste la démonstration du talent visionnaire de son créateur
Akira : film mutant ultime des années 80

S’il est impossible d’oublier la déflagration que représenta Akira lors de sa sortie, il reste aujourd’hui, pour ce classique, mille raisons de le chérir plus que n’importe quel animé de sa génération. Film mutant ultime des années 80, résultat d’un ADN combiné des Goonies, Blade Runner, de Kubrick ou Cronenberg, Akira déroule à chaque nouvelle vision ses innombrables qualités, et reste la démonstration du talent visionnaire de son créateur.

Katsuhiro Otomo l’avoue presque en creux lorsque l’on regarde sa filmographie. Son parcours, bien que jalonné de travaux intéressants, apparaît chaotique, surtout lorsque l’on sait le succès qu’eut son film et les portes qu’il aurait pu pousser du doigt dans la foulée de ce retentissant tour de force. Il n’en est rien. Otomo vit toujours comme « le réalisateur d’Akira ». Une oeuvre trop imposante pour s’en départir complètement. Un constat d’autant plus facile à défendre auprès des sceptiques, à la simple évocation du manga qui précéda, sans être abouti, le film. Otomo a offert sa dévorante fresque apocalyptique à des millions de lecteurs et spectateurs, qui auront pour la plupart toujours un morceau de Tetsuo, Kaneda ou du Colonel coincé quelque part dans le coeur.


Des ados paumés, pas loin de partager les interrogations existentielles de James Dean dans la Fureur de vivre, commencent l’histoire en équipe soudée, pour la finir éparpillés aux quatre coins de Neo Tokyo, balayés par la fureur et la frustration de l’un des leur, Tetsuo. Le leader, Kaneda, plonge dans les affres du complot politique, seconde source de malheur des hommes derrière la folie des scientifiques, pendant que son rival et ancien protégé sert de cobaye. Il finira muni d’un pouvoir divin et incontrôlable. Volatilisé en même temps que la moitié de la ville, Tetsuo ne gagnera pas son combat, pas plus que Kaneda, qui après avoir tenté de mettre fin aux jours de son ami, finira par comprendre que tout ce qu’il désire, c’est un sauvetage. Tout le développement de l’histoire passe par ces deux moteurs principaux. Kaneda et Tetsuo expérimentent les turpitudes du monde des grands pour finir apaisés (Kaneda) et tout-puissant (Tetsuo). Tetsuo disparaît dans l’infini, sans oublier que désormais, il sera partout.


L’enfance est au coeur de l’oeuvre d’Otomo. Les ravages que commettent les adultes sur le monde déclenchent le chronomètre qui conduit les gosses à la fin de l’innocence. Anarchiste romantique, le réalisateur décortique dans son opéra baroque, les rouages psychologiques de jeunes hommes qui ne parviennent plus à trouver une raison valable d’avancer.


Regarder ce film samedi soir entre copains, c’est profiter d’un spectacle total et jubilatoire. Mais Akira, c’est aussi, par nostalgie et par état de fait, le rappel qu’un jour nous ne serons plus des gosses. C’est peut-être son plus grand atout.


Guillaume BARON

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