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Big Guy & Rusty : Godzilla et Astro Boy vus par Frank Miller

En 1995 Frank Miller a déjà révolutionné le comics, le faisant entrer dans l’ère du « grim and gritty ». Après son DKR ou son run sur Daredevil, Miller s’offre une bouffée d’oxygène avec son pote Geof Darrow avec qui il avait déjà réalisé le polar «
Big Guy & Rusty : Godzilla et Astro Boy vus par Frank Miller

En 1995 Frank Miller a déjà révolutionné le comics, le faisant entrer dans l’ère du « grim and gritty ». Après son DKR ou son run sur Daredevil, Miller s’offre une bouffée d’oxygène avec son pote Geof Darrow avec qui il avait déjà réalisé le polar « Hard Boiled ».


Darrow n’est pas seulement un dessinateur, c’est un putain d’artiste capable aussi bien de bosser avec Moebius lors de son passage en France, que d’être à l’origine des storyboard du plus grand film de SF des années 2000 : « Matrix ».


Glénat réédite l’œuvre qui a valu un 2nd Eisner Award à Darrow : « Big Guy et Rusty ». Dire que Miller est quelqu’un d’inspiré est un euphémisme. L’auteur puise aussi bien ses influences dans les comics des années 40 comme « The Spirit » que de la séquentialité propre au manga. « Big Guy et Rusty » est en un sens, la synthèse parfaite de l’univers de Miller qui rend ici un hommage appuyé à Tezuka, tout en gardant une vision très américaine du monde.

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Le pitch assez simpliste de la première aventure, met en avant un dinosaure géant conçu par l’homme, cherchant à supprimer l’humanité. Afin de combattre cet ersatz de « Godzilla », les japonais vont envoyer un robot qui pourrait bien être le dernier espoir de l’humanité. Ce prototype, conçu comme un enfant robot, répond au nom de Rusty. Si la contrefaçon du manga et animé « Astro boy » est une évidence tant dans son design que sa façon de se comporter, il va cependant se voir épaulé par un autre acolyte de métal qui est une combinaison de plusieurs concepts. Big Guy est un monstre motorisé envoyé par les Yankees pour prêter main forte aux japonais. Ce robot géant est un savant mélange aussi bien du « Iron Man » des origines, que de divers robots japonais, tels que le puissant Tetsujin 28, aux proportions assez similaires.


Vous l’aurez compris, si ce comics vient avec une proposition assez « bas du front » en apparence, c’est sans doute mal connaitre Miller, qui vient calquer sa propre vision du monde au sein de ces pages. En proposant une relecture de la thématique du film d’Ishirô Honda, l’uchronie offre une vision à la fois caustique et ultra militariste du monde. Le monstre qu’affrontent nos deux robots est, tout comme Godzilla, une force de la nature crée par l’homme, à la différence près que ce ne sont pas les bombes américaines qui sont cette fois à l’origine de sa naissance, mais bien des expériences menées par des scientifiques japonais.

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Si le Pop-Corn qu’est « Big Guy et Rusty » n’est malgré tout pas le scénario le plus fin ni le plus abouti de Miller, ce n’est pas le cas du travail de titan de Darrow sur ce volume. Absolument toutes les planches de ce tome sont d’une beauté absolue. A la fois détaillé sans être chargé, fin sans être illisible, le trait du dessinateur de « Concrete » (couvertures) et de « Shaolin Cowboy » frise la perfection. Un art de la séquentialité parfaitement maitrisé, si bien que chaque planche, même dépourvue de dialogues, raconte une histoire. On reconnait à la fois le Tokyo fantasmé des 90’s tout en voyant que le dessinateur s’approprie tous les codes des emblèmes japonais. « Big Guy et Rusty » offrira bien normalement à Geof Darrow un nouvel Eisner Award en qualité de dessinateur/encreur et on notera que cette édition 2017 arrive avec une recolorisation par le talentueux Dave Stewart, connu notamment pour sa collaboration avec un certain Mike Mignola.


« Big Guy et Rusty » peut d’appréhender de plusieurs façons : Comme un simple affrontement titanesque et à diablement jouissif, ou à l’aune de l’oeuvre de Miller, comme un bel hommage aux Pulp des années 40 et un merveilleux crossover avec la culture asiatique. Dans les deux cas, Miller et Darrow nous offrent là un comics qu’il convient de pouvoir admirer dans les meilleures conditions, d’autant plus que cette édition propose une seconde aventure inédite réalisée en 2016 ainsi que pléthore de couvertures toutes aussi belles les unes que les autres.


« Big Guy & Rusty » est disponible chez Glénat Comics.


Christophe Balme

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