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"Wonder Woman : Terre Un" : un récit de référence pour cette icône de la pop culture

A l’heure où la plaisante, mais très dispensable itération cinématographique de « Wonder Woman » vient de sortie en salles, Urban Comics a le bon goût de sortir plusieurs récits de la guerrière amazone, dont la récente et très réussie « graphic novel
"Wonder Woman : Terre Un" : un récit de référence pour cette icône de la pop culture

A l’heure où la plaisante, mais très dispensable itération cinématographique de « Wonder Woman » vient de sortie en salles, Urban Comics a le bon goût de sortir plusieurs récits de la guerrière amazone, dont la récente et très réussie « graphic novel » de Grant Morrison et Yannick Paquette.


Si vous êtes un(e) habitué(e) de DC Comics, vous savez sans doute que les séries labélisées « Terre Un » sont souvent gage de qualité et ne nécessitent pas de connaître par cœur une continuité souvent lourde et embarrassante. Comme Geoff Johns ou Michael Straczynski l’avaient fait en leur temps pour Batman et Superman, « Wonder Woman : Terre Un » est une relecture des origines de l’héroïne.

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Nous retrouvons Diana entourée d’amazones sur l’île isolée de Themyscira où la spiritualité antique semble s’appliquer à la lettre. Sans guerre ni conflit, les habitantes de l’île vivent en harmonie en exploitant au mieux leurs capacités pour le bien de la communauté. La science, la culture et bien entendu l’entrainement au combat révèlent le meilleur de ces femmes qui vivent dans un véritable Eden, sous l’égide de la mère de Diana, la reine Hippolyte. Diana justement est une jeune femme qui représente la quintessence de son peuple. Belle, forte et intrépide, elle est la fierté des amazones. Malgré tout, la naissance de la jeune femme cache un lourd secret, marqué par l’infamie de l’homme. Cette haine de la gente masculine, cristallisée par la reine Hippolyte, va rapidement s’exacerber lorsque le lieutenant Steve Trevor va s’échouer aux abords de l’ile et être sauvé par Diana.


Cette relecture des origines peut sembler tout ce qu’il y a de plus classique, mais permet à Grant Morrison d’explorer les recoins de la psyché des amazones. En faisant de Steve Trevor un soldat afro américain, Morrison fait un doigt d’honneur à la droite conservatrice et insert le récit dans l’ère moderne. L’histoire évite soigneusement les écueils de la romance à l’eau de rose ou d’un récit uniquement centré sur l’action, pour proposer quelque chose de neuf. Si l’homosexualité latente des habitantes de l’île a choqué un certain publique nord américain, cette vision de la société sans homme permet de créer un véritable récit féministe. Survolé de façon presque anodine, ce genre de détail donne pourtant un sous-texte politique au récit que les autres séries mainstream avaient du mal à explorer. 

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Si Morrison propose un socle moral inédit, le récit va réellement prendre son envol lorsque Diana va décider de quitter l’île et se confronter au monde. Face à notre société guerrière et patriarcale, un contrepoids inattendu va venir jouer les trublions et aider cette Wonder Woman à appréhender le monde. La sororité qui va venir épauler la princesse guerrière va aussi bien jouer un rôle comique que de porte-étendard du « girl power », à l’image d’Etta Candy, personnage des origines, transmutée ici en une version blonde de Melissa McCarthy. Un second rôle qui va pourtant jouer un rôle essentiel lors du dernier acte où va s’ouvrir le procès de la jeune princesse. Le jugement de Diana par ses consœurs va former l’axe d’un récit où Etta n’hésitera pas à tenir tête à Hyppolyte, permettant à Diana de trouver sa place dans son monde comme dans celui des hommes.


Le scénario que Morrison arrive à tisser, permet donc de faire le lien entre un certain classicisme et une tonalité plutôt moderne. Un projet rendu possible en grande partie grâce au talent du dessinateur canadien Yannick Paquette, qui nous propose un de ses travaux les plus aboutis. Chaque page est une œuvre à part entière et propose des compositions inédites depuis le run sur « Batwoman » de J.H. Williams III. Paquette arrive à créer une symbiose parfaite entre la mythologie inhérente au personnage et la modernité du propos. L’univers ainsi crée reste parfaitement cohérent et ne souffre d’aucun ridicule, même lorsque des amazones chevauchent des kangourous dans un décor de citée antique. 

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En faisant de Wonder Woman, non pas une super héroïne, mais bel et bien une véritable icône, Grant Morrison et Yannick Paquette arrivent à dépoussiérer les origines issues du « Golden Age ». Ce premier tome de « Wonder Woman : Terre Un » parvient à faire souffler un vent de fraicheur sur le personnage, en jouant à la fois sur une certaine ambiguïté, tout en restant fidèle à la genèse de l’héroïne créée par le psychologue, scénariste et féministe Charles Moulton en 1941. Même si on imagine que Morrison aurait pu aller plus loin, « Wonder Woman » n’est pas ce sempiternel récit guerrier qui a des relents de « déjà vu ». 


En apportant à la fois du cœur et de l’esprit à leur histoire, Morrison et Paquette réussissent à proposer un récit de référence pour cette icône de la pop culture. 


Christophe Balme


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