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Jaws 2 : le film qui requinque !

Jeannot Szwarc. Voilà un nom de réalisateur qui ne fait pas résonner la fibre nostalgique de grand monde. Français né à Paris, réalisateur de films mémorables tels La Vengeance d’une blonde avec Christian Clavier et Marie-Anne Chazel, Szwarc a surtou
Jaws 2 : le film qui requinque !

Jeannot Szwarc. Voilà un nom de réalisateur qui ne fait pas résonner la fibre nostalgique de grand monde. Français né à Paris, réalisateur de films mémorables tels La Vengeance d’une blonde avec Christian Clavier et Marie-Anne Chazel, Szwarc a surtout signé un paquet d’épisodes de séries télé, de Kojak à Smallville en passant par Columbo, Heroes, Fringe et Grey’s Anatomy. De là à dire que notre Jeannot national a raté sa carrière ciné, il n’y a qu’un pas que nous franchirons allègrement. Pourtant, en 1978, il se voit confier les rênes de la suite du Jaws de Steven Spielberg, un projet sous haute tension (ceux qui connaissent la fin savent).

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Lorsque Jeannot Szwarc débarque sur le tournage, tout est en stand-by suite au remerciement de John D. Hancock, réalisateur inexpérimenté, pris dans un conflit d’intérêts entre producteurs. Suite à ce départ, il est un temps question de tout reprendre à zéro avec un nouveau film de Spielberg. Le sujet : la terrible histoire vraie de l’USS Indianapolis, contée dans un monologue glaçant par Quint dans le premier film. Le projet est abandonné pour des raisons de planning et demeure le fantasme ultime de nombreux cinéphiles. La production de Jaws 2 reprend donc sur la base entamée durant l’été par Hancock : une suite directe au premier épisode. Les exécutifs profiteront néanmoins du changement de réalisateur pour adoucir le propos du film qui incluait au départ une sous-intrigue mafieuse. L’arrivée de Szwarc ne résoudra néanmoins pas tous les problèmes. Et comme la malédiction du tournage infernal s’était abattue sur Spielberg durant le premier film, elle frappe à nouveau son successeur. 


Outre de nombreux problèmes techniques et météorologiques, l’atmosphère est tendue. Le rôle principal est repris à contrecœur par un Roy Scheider frustré (mais grassement payé) et pressé de terminer le contrat qui le lie au studio. Ses relations avec Szwarc sont conflictuelles, comme elles le furent avec Steven Spielberg. Cela dit, difficile de ne pas voir ce tempérament sanguin comme une aubaine pour le personnage de Martin Brody, dont la nervosité crève l’écran à plusieurs reprises. Le tournage en mer se révèle également être un vrai calvaire pour toute l’équipe. Faute aux retards accumulés en début de tournage, toute une partie du film est tournée à l’automne et en hiver 1977. Les ados du film devront sucer des glaçons avant chaque scène pour éviter que leur respiration ne provoque de la buée visible à l’image. Selon une partie d’entre eux, de vrais requins rôdent dans les eaux du tournage. Plus grave encore, le plateau flottant de Cable Junction Island, petite île construite pour les besoins du dernier acte, s’avère difficilement praticable et dérive en plein tournage. Bref, on frôle une fois de plus le naufrage.

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Pourtant, le film est achevé et sort en juin 1978, « juste au moment où les gens pensaient qu’il était safe de retourner se baigner» (une des meilleures taglines de tous les temps, si vous voulez mon avis). Si les recettes de Jaws 2 (alors le film le plus cher produit par Universal) n’atteignent clairement pas celles du premier épisode, elles en font néanmoins la suite la plus rentable de l’histoire. Un record mis KO par Rocky 2, sorti un an plus tard. Mais le résultat est-il à la hauteur du mythe ? La réponse est non. Pour de nombreuses raisons (redites, scénario prétexte, adolescents pas tous convaincants, etc.), le film de Szwarc est bien loin de la réussite totale du chef d’œuvre de Spielberg. Ça ne l’empêche pas d’être un très bon divertissement, fun et efficacement réalisé, réservant son lot de scènes chocs : l’ouverture en plongée dans l’épave de l’Orca, le développement des photos sous-marines par un Brody névrosé, l’attaque de la skieuse nautique ou encore la séquence de l’hélicoptère, qui aura demandé quatre jours de tournage à elle seule. Quant au requin, s’il souffre de sa surexposition à l’écran, son aspect est réussi. Il aurait de toute façon été difficile de jouer la carte de la suggestion après que Spielberg ne s’en soit si admirablement servi. Le squale s’offre même un look badass à souhait après une scène d’explosion le transformant en cousin nageur de Freddy Krueger (un clin d’œil à la saga Jaws se glissera d’ailleurs dans le Nightmare On Elm Street 4. On y voit le gant griffu de Freddy fendre les flots comme un aileron avant d’attaquer l’héroïne. Grand moment de WTF). Stylé.


Alors ok, on n’est pas face à un grand film mais de très loin la meilleure suite des Dents de la mer et peut-être le meilleur film de requin après… Jaws. Jeannot Szwarc a eu l’intelligence de livrer un bon travail d’artisan sans tenter de se hisser au niveau de son prédécesseur. Grand bien lui en a pris car il serait tombé de haut s’il avait pensé une seconde pouvoir rivaliser avec la perfection du film de Spielberg. Une fois sa mission accomplie, il s’en ira réaliser de petits films oubliés ainsi que Supergirl, spin-off inégal et attachant de la saga Superman, souffrant tout comme Jaws 2 d’un héritage inégalable.


Joe HUME

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