Created by Richard Schumannfrom the Noun Projecteclair_rocky
Design, Article & Cream
superstylo

Ça : l'horreur de nouveau dans les rangs des blockbusters

Alors que la très surestimée adaptation télé du pavé de Stephen King persiste à hanter les rêveries de milliers de parents autrefois gamins, le clown de Derry s'offre une seconde jeunesse, et un nouveau tour macabre.
Ça : l'horreur de nouveau dans les rangs des blockbusters

Alors que la très surestimée adaptation télé du pavé de Stephen King persiste à hanter les rêveries de milliers de parents autrefois gamins, le clown de Derry s'offre une seconde jeunesse, et un nouveau tour macabre.


Stephen King a de nouveau le vent en poupe, mais a-t-il seulement cessé de l'avoir ? Oui. On ne compte plus les adaptations, sur petit comme sur grand écran, de son oeuvre, mais force est de reconnaître qu'au moment de faire une sélection qualitative, c'est un plongeon au coeur des années 80 qui s'opère (Shining, Christine, Simetierre, Stand By Me, Running Man, Dead Zone), et une petite trempette dans la décennie suivante (Les Evadés, Misery, La Ligne Verte éventuellement). Les années 2000 ? Fenêtre Secrète avec Johnny Depp. Notre décennie ? Un remake de Carrie et un désastre sur Netflix avec une adaptation en dix épisodes de The Mist, servi par une équipe de toute évidence autant dans le brouillard que ses personnages.

Ça se devait donc d'être à la hauteur des attentes et des fantasmes de ceux qui avaient dix ans en 1990 et n'ont jamais pu oublier Tim Curry dans la peau de Pennywise, tout en installant, et c'est là sa seule concession majeure aux standards actuels, une mini saga en deux épisodes. Et accessoirement, faire flipper ! Mission réussie. Presque.

ca-lhorreur-de-nouveau-dans-les-rangs-des-blockbusters

Il a fallu, évidemment, faire des choix, le roman du maître de l'angoisse s'étalant sur plus de 1000 pages et opérant des allers et retours sur plusieurs décennies. Des choix qui se remarquent. Sur l'écran, l'influence de Pennywise, si elle est le moteur de l'histoire quand elle tourmente les enfants, n'a aucune incidence expliquée sur les parents. De même, la sexualité devient ici, on est à Hollywood après tout, bluette adolescente. Des manques pour qui aura lu l'ouvrage, mais nul regret à avoir. D'une part parce qu'il s'agit d'une oeuvre en deux parties, qu'il faudra donc, plus qu'aucune autre, juger sur sa globalité (d'autant plus qu'à l'inverse d'une production Blumhouse, ici, tout s'arrêtera avec la suite). D'autre part parce qu'adapter, c'est trahir. Kubrick le savait. Andy Muschietti (dont c'est seulement le deuxième film, après le brillant Mama) le sait bien aussi.

ca-lhorreur-de-nouveau-dans-les-rangs-des-blockbusters

Mais il a tout de même fallu condenser beaucoup de choses en deux heures et quatorze trop courtes minutes. Le personnage de Henry Bowers, n'est que survolé. Les premières apparitions de Pennywise s'enchaînent comme une trop longue succession de scénettes. Bref, c'est parfois le foutoir. Mais quand tout se met en place, c'est bel et bien l'un des films d'horreur les plus ambitieux vu ces dernières années. Visuellement, déjà : la photographie est sublime. Scénaristiquement ensuite : on pénètre dans la salle avec le regard blasé du spectateur qui en a vu d'autres. Et avant même l'apparition du titre, on comprend : Ça ose, Ça n'a peur de rien, et surtout pas de faire peur, de déranger, de faire mal. Ça blesse. Ça tue.

ca-lhorreur-de-nouveau-dans-les-rangs-des-blockbusters

Peut-être plus important encore, le succès monstre de Ça, aux Etats-Unis, pourrait, peut-être, permettez nous de rêver, annoncer une nouvelle ambition en matière de cinéma d'horreur. Des films de cinéastes, des films ne reposant pas (que) sur le jump scare, des films aux moyens conséquents (45 millions de dollars de budget pour IT, c'est peu, mais c'est beaucoup), des films avec un début, et une fin.

Demain sort sur les écrans Ça.

Un film rare parce qu'il solutionne peut-être la délicate équation entre ambitions d'auteurs et désirs de studios.

Un film d'horreur aux allures de blockbuster. À moins que ce ne soit l'inverse.


Nico Prat