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Columbo est le meilleur enquêteur de tous les temps

Columbo peut se résumer à une définition simple, mais jamais simpliste : chaque épisode est un combat entre la vérité et le mensonge, le bien et le mal.
Columbo est le meilleur enquêteur de tous les temps

du 20 février 1968 au 30 janvier 2003, NBC et ABC

Le Lieutenant Columbo est le meilleur détective de Los Angeles. Toutes séries policières confondues, évidemment. Sur les résultats et la longévité, aucun défenseur de l'ordre ne peut prétendre le surpasser. Comédien parfait, son camouflage fonctionne à tous les coups. Derrière une apparence négligée, laissant deviner à ses interlocuteurs des talents d'enquêteur limité, se cache le seul rival envisageable à Sherlock Holmes. Génie génial, Columbo peut-être prénommé Franck, hypothétiquement marié, ne porte pas d'arme. Columbo, à force de succès, s'impose comme l'idée même de la perfection de ce qu’est un spectacle télévisuel policier. La formule ne bougera pas d’une virgule tout au long des quarante années que durera le show. Peter Falk s’accordera une longue pause avant de revenir à l’imperméable qui lui offrit les portes de l’éternité.

columbo

Dévoiler dès les premiers instants l’identité du coupable reste un parti pris scénaristique périlleux. La preuve, qui s’amuserait aujourd’hui à se passer du climax le plus vieux du monde, le whodunit ? Columbo peut se résumer à une définition simple, mais jamais simpliste : chaque épisode est un combat entre la vérité et le mensonge, le bien et le mal. Toujours, le mal sera présenté dans le costume d’apparat des puissants, des gouvernants. La vérité et le bien viennent de la rue, Columbo est le peuple, cette entité qui ne mérite rien d’autre que le respect de ses élites. Peter Falk créera les mimiques du plus pur esprit de justice diffusé à la télévision.


Créé par Richard Levinson et William Link à la fin des années 60, Columbo ne réinvente pas la série télévisée, mais il optimise ses atouts pour tirer le meilleur de cet immuable recommencement. Si le Lieutenant veut faire étalage de toutes ses ressources, son opposant doit lui aussi faire montre d’excellence dans le crime. Ce n’est que parce que le Lieutenant affronte de machiavéliques adversaires qu’il obtient la sympathie du public. Ses victoires n’en sont que plus belles. Avec cet ascendant psychologique qui échappe lentement mais inexorablement au meurtrier, chaque épisode peut également se regarder comme la métaphore d’une mise à mort inévitable.

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Au milieu de toutes les stars que Peter Falk a eu le plaisir de coincer sous notre regard complice, toujours heureux de voir les châteaux de certitudes dans lesquels se réfugient les (soit-disant) fort démontées briques par briques par le petit détective, c’est Donald Pleasence qui incarne le mieux ce combat sans fin. Patrick McGoohan, autre némésis célèbre du Lieutenant, transpire trop le souffle du mal, incarnant à plusieurs reprises des êtres constants dans le rejet qu’ils inspirent. Dans l’épisode « Quand le vin est tiré » (saison trois, épisode deux), Pleasence obtient de haute lutte l’estime de son bourreau, Columbo percevant chez son adversaire le même esprit tourné vers la recherche de l’excellence. L’épisode se termine par un travelling arrière laissant les deux hommes assis sur des marches d’escaliers, dégustant en silence le respect qu’ils s’accordent mutuellement. Le criminel a abandonné le dédain pour l’admiration, un parcours émotionnel que d’autres bad guys vivront au contact de Columbo, mais jamais avec le romantisme que dégage ce personnage ultime. Passionné de vin, Adrian Carsini (Pleasence donc) chute, comme tous les autres avant et après lui, dans un épisode considéré comme l’une des plus parfaites illustrations du concept show. Peter Falk citera cet épisode comme son préféré, peut-être la seule justification nécessaire pour accorder à Columbo la place qu’il mérite dans l’histoire des séries policières.


Guillaume BARON


Texte issu du Les 51 moments les plus cultes de la TV américaine