Quand la politique nous laisse tomber, la pop culture prend le relais

Cet article est sans aucun doute écrit beaucoup trop rapidement, manque de recul, de réflexion, et même de sens. D'ailleurs, au moment où ces lignes sont écrites, pas grand chose n'a de sens, tout le monde accuse le coup, tire la tronche, pleure parfois, fait la gueule beaucoup, essaye de comprendre.  

Rockyrama n'a jamais été un magazine et un site politisé. Ce n'est pas notre métier, ni notre mission. Nous aimons parler de cinéma, de musique, de jeux vidéo, de comics, d'Internet, de bêtises parfois bien futiles et de grandes créations artistiques d'une importance, selon nous, capitale. Et parce que nous aimons parler de cinéma, de musique, de jeu vidéo, de comics, d'Internet, nous aimons parler des Etats-Unis, nous aimons nous y rendre, nous aimons penser que sans l'Amérique, sans son Histoire, sans son Cinéma, sans ses Artistes, nous ne serions pas tout à fait ceux que nous sommes aujourd'hui. Voilà pourquoi nous sommes amenés à parler de Donald Trump ici, aujourd'hui. Parce qu'au-delà de Trump icône Pop, il y a désormais Trump Président. Et durant les prochaines années, plus encore que durant les précédentes, la culture que nous aimons aura un rôle majeur à jouer. 

La pop culture est importante parce qu'elle lie les gens. Peu importe, finalement, ce que vous pouvez penser du dernier Marvel ou du nouveau Drake, le fait est que démocrates comme républicains, jeunes, vieux, bref, tout le monde, d'une façon ou d'une autre, se retrouvera dans la salle, sur Spotify, à en parler à la machine à café. La pop culture est un lien, ancien, puissant, entre les générations et les opinions. Ce que les hommes et femmes politiques ont bien compris, là-bas plus qu'ici. Barack Obama, par exemple, fut durant ces deux mandats particulèrement malin dans son utilisation de la culture pop, avec ses apparitions régulières sur les plateaux des late shows, et son utilisation des célébrités populaires, propageant ainsi une image de Cool absolu. Manier les codes de la culture pop, c'est d'une certaine façon en faire partie, et donc, devenir un bout de ce lien. Un lien qui est également, en période de crise, une valeur refuge. Le divertissement de masse est une voix qui porte, qui compte. Musiciens, acteurs, sportifs, tous ont désormais et plus que jamais un impact sur les consciences, là où la politique, elle, ne cesse de décevoir, de décourager. Les présidents semblent interchangeables, les dirigeants nous laissent tomber les uns après les autres, mais les chanteurs, eux, savent encore mettre des mots sur nos maux. 

La pop culture est le dernier endroit où nous pouvons encore nous sentir représentés, considérés. 

Kendrick Lamar serait-il là sans Obama, et sa voix porterait-elle aussi loin sans Black Lives Matter ? Fahrenheit 9/11 aurait-il obtenu sa Palme d'Or sans George Bush Jr (réponse: non, Quentin Tarantino, président du Jury du Festival de Cannes en 2004, déclara lui-même que le prix était, aussi, politique) ? L'Art ne fonctionne pas sans la Vie, et quand la Vie est à chier, alors l'Art prend le relai. Il ne s'agit pas d'un lot de consolation, mais d'une vérité. Trump élu, un nouveau cycle commence, une nouvelle page est à écrire. Les plumes ? Kodak Black, jeune rappeur bordélique de Pompano Beach, Floride, et Chester Watson, autre doux dingue, également de Floride. Khalid, 18 ans, originaire d'El Paso. Ravyn Lenae, de Chicago. L'icône LGBT Young M.A. Autant de noms qui, peut-être, ne vous parlent pas encore, mais qui devront le faire demain. Ils n'ont pas vraiment le choix, une certaine forme de survie est à ce prix. Et peut-être, oui, peut-être bien que les mixtapes et les albums seront bons. 

Et alors, tout ne sera pas complètement merdique dans l'Amérique de Donald Trump. 

Nico Prat