Flaked : la série miracle de Netflix
La meilleure série méconnue de ce début d’année a un nom, un acteur presque célèbre, et beaucoup trop de beauté en elle.La meilleure série méconnue de ce début d’année a un nom, un acteur presque célèbre, et beaucoup trop de beauté en elle.
C’est l’histoire d’une bonne surprise et d’un petit miracle.
Une bonne surprise pour nous, terriblement déçus par une saison 4 d’Arrested Development maladroite, presque vulgaire et au bout du compte assez peu drôle, en tout cas indigne des trois premières qui avaient su marier l’Art de la punchline débile et un casting choral sans jamais devenir indigeste. Bonne surprise donc de découvrir que Flaked, débarquée sans promotion ni excitation sur Netflix, produite par la même équipe qu’Arrested Development et avec Will Arnett alias Gob Bluth en haut de l’affiche, tient davantage de la comédie intime que du cirque.
Flaked est également un petit miracle tant son pitch tout pourri sur le papier, l’histoire d’un mec qui fait du vélo dans Los Angeles et boit beaucoup de café, révèle petit à petit des failles profondes qui donnent au récit et à ses personnages un peu plus de sens et de profondeur à chaque scène, chaque rencontre, chaque obstacle. Chip est un ancien alcoolique qui lutte contre le démon de l’alcool, de l’amour (son ex-femme qui a rencontré quelqu’un, le crush de son meilleur ami), de la vie en somme. Bouleversant de sobriété, sans mauvais jeu de mot, Arnett se révèle profondément humain, lui qui était jusqu’ici plus habitué à jouer les clowns, les hystériques. Il domine un casting discret lui laissant toute la place nécessaire pour exister au travers d’une absence totale de gimmicks: tout passe par le regard. Un immense talent qu’on ne lui connaissait pas jusque là.
L’autre star de Flaked se nomme Los Angeles. La deuxième ville des États-Unis n’est pas juste le décor des désillusions de Chip, elle en est le ciment. A l’inverse de la ratée Love de Judd Apatow, qui pose ses caméras à L.A mais pourrait tout aussi bien se dérouler chez les Ch’tis tant la ville ne raconte rien (le scénario non plus d’ailleurs), ici, le soleil se lève sur Venice en même temps que les espoirs du héros, et se couche, soir après soir, sur ses déceptions.
On ne subit pas les histoires banales de Chip, on les vit, on s'identifie à lui. Ses histoires sont un peu les nôtres. Wally Pfister, directeur de la photographie de Christopher Nolan (Memento, The Dark Knight) et réalisateur malheureux de Transcendence est derrière la caméra pour quatre épisodes sur les huit que compte cette première saison, qu’on espère également être la dernière. Pourquoi ? Parce qu’on voudrait que ce petit bijou reste unique, qu’il ne soit jamais sali, jamais moqué. Qu’il n'ait pas l'occasion de décevoir en somme, et s’arrête donc avant qu’il ne soit trop tard.
Comme les plus belles histoires d’amour.
Nico Prat
Flaked - Première saison disponible sur Netflix