Il y a 20 ans, IMDB voyait le jour

Nous y allons régulièrement, voir très souvent, que ce soit pour le plaisir ou le boulot. IMDB, ou Internet Movie Database, fait partie de nos favoris Firefox. Et alors que nous passons par le site pour y piocher quantité d’anecdotes à vous raconter, nous ne nous sommes jamais penché sur le site lui-même. On se rattrape, pour ses vingt ans.

Acteurs, réalisateurs, monteurs, affiches, bande annonces, coulisses, budgets, managers, attachés de presse… Tout, tout, tout ce qui touche de près ou de très près à un film, est répertorié sur IMDB. Si votre pote a joué un mini-rôle dans Les Schtroumpfs 2, il aura sa fiche. Si votre collègue fut par le passé assistant monteur sur un documenteur diffusé en deuxième partie de soirée sur Arte au lendemain de l’an 2000, il aura, lui aussi, sa petite fiche. IMDB, c’est la Bible, la base, entre 57 et 65 millions d’utilisateurs enregistrés, 160 millions de visiteurs uniques par mois, le 39ème site le plus visité au monde.

Et tout est parti de Bristol, et d’un petit anglais passionné de cinéma.

Colin Needham ne vient pas de Californie, n’y vit toujours pas. Il est né le 26 janvier 1967, à Manchester, et son physique d’informaticien (ce qu’il est) ne laisse pas imaginer une carrière de tycoon hollywoodien. Et pourtant, quand il croise Steven Spielberg dans les coulisses des Oscars en février 2013, c’est le réalisateur des Dents de la Mer qui va le saluer. Une consécration pour celui qui se souvient encore de sa peur panique lors de l’apparition de Bruce sur grand écran. Il n’avait que huit ans. Mais c’est vers l’informatique qu’il se tournera, en commençant dès 1981, à l’âge de 14 ans, à programmer ses propres jeux vidéos avant de les commercialiser via sa propre compagnie. Talent précoce, il est rapidement repéré et embauché par Hewlett-Packard. C’est là-bas, entre deux projets officiels, qu’il se consacre à un autre, officieux: IMDB. Ou plutôt, pour le moment, une ébauche nommée Those Eyes.

Those Eyes n’était rien d’autre qu’une liste d’actrices avec de beaux yeux, diffusée sur Usenet, en quelque sorte l’ancêtre des forums, créé en 1980. Rien de bien ambitieux, rien de bien intéressant non plus, mais très vite, d’autres utilisateurs rejoignent la discussion, suggèrent des noms, et d’autres listes voient le jour. Le bébé grandit, mais pour le moment, n’est toujours qu’une succession de noms, des mots écrits en blanc sur fond noir. Peu ludique, peu intéressant, peu enrichissant, mais c’est un début. En 1990, plus de 10000 films et séries se trouvent référencés, et Needham structure officiellement tout cela sous le nom de rec.arts.movies movie database.

Son projet grandit en même temps que le World Wide Web. Tranquillement, patiemment.

En 1996, Needham quitte finalement son travail d’informaticien, pour se consacrer à ce qu’il convient désormais d’appeler l’Internet Movie Database. Les partenariats et la publicité (une campagne particulièrement remarquée pour la sortie d’Independence Day par exemple) permettent au site de se développer, financièrement, et d’attirer l’attention de Jeff Bezos, le big boss d’Amazon, qui en 1998, rachète tout. Pour Needham, les conditions sont de garder un certain contrôle. Pour Bezos, IMDB devient une plateforme clé pour vendre des cassettes et plus tard, des DVD’s.

Aujourd’hui, le site (et ses enfants, comme Box Office Mojo) est devenu un blockbuster du web. Col Needham, lui, vit à Frampton Cotterell, petit village du sud ouest de l’Angleterre. En 2013, dans une interview accordée au Guardian, Needham revient sur les raisons de ce succès, sans pour autant trouver de réponse: “J’imagine que c’est un peu comme dans High Fidelity. Tu en veux toujours plus. Le cerveau humain aime faire des connexions. Et les gens aiment partager leurs connaissances. Par exemple, le cri du Roi Lion est en fait celui d’un tigre. IMDB est une bonne plateforme pour partager ce genre d’informations”.

Nico Prat