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Maximum Overdrive : retour sur le seul film du réalisateur Stephen King

Il y a 30 ans, Stephen King décida de passer, après de nombreuses adaptations réussies de ses œuvres (Shining, Carrie, Christine, Dead Zone et plus tard Misery ou Les évadés), à la réalisation. Sur le papier, l’adaptation de sa nouvelle Poids Lourds
Maximum Overdrive : retour sur le seul film du réalisateur Stephen King

Il y a 30 ans, Stephen King décida de passer, après de nombreuses adaptations réussies de ses œuvres (Shining, Carrie, Christine, Dead Zone et plus tard Misery ou Les évadés), à la réalisation.


Sur le papier, l’adaptation de sa nouvelle Poids Lourds a des atouts : la mise en scène d’une des obsessions de l’auteur, à savoir le danger inhérent aux machines qui nous entourent, la présence d’AC/DC à la BO, ou le rôle principal donné à Emilio Estevez, le fameux John Bender de Breakfast Club. Mais King est un écrivain. N’est pas Kubrick, de Palma, Cronenberg ou Carpenter qui veut. Le film est un échec critique et commercial, valant même une nomination au Razzie du pire réalisateur et l’éloignant définitivement des caméras.

Pourtant, Maximum Overdrive vaut son visionnage. Car il est profondément honnête et premier degré. Il raconte l’histoire d’une comète qui frôle la terre et rend folles les machines. On voit ainsi Stephen King se faire insulter par un distributeur de billets, un pont se lever et rendant la population complètement hystérique (!), un entraîneur de base-ball se faire tuer en headshot par des canettes de limonade, et ce dès les premières minutes du long-métrage. Partant de là, tout devient possible.


Alors que le danger devient donc évident, on assiste au siège par des camions d’une station service, où sont retranchés les héros de l’histoire. Ces camions sont les véritables héros du film, entre le chef furieux orné d’une tête de Green Goblin, celui rempli de papier toilettes, l’iconique camion poubelle. Une véritable flotte de métal hurlant qu’Immortan Joe ou Optimus Prime jalouseraient et qui donne tout son caractère au film. C’est bien simple : on veut les voir triompher, rendant d’autant plus jouissives les morts des héros creux au possible.

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Car dans Maximum Overdrive, rien ne nous est épargné : les dialogues au ras des pâquerettes, la caractérisation affolante des personnages, leurs réactions toujours plus stupides, les bons vieux clichés (spoiler : l’un des deux noirs de service est un voleur, le patron de la station est un méchant capitaliste qui exploite ses salariés, ne parlons pas des femmes), les acteurs en roue libre, l’incohérence de l’univers, les effets spéciaux fauchés, sans oublier les blagues scatophiles et surtout une VF d’anthologie.


Si l’on excepte la morale douteuse entre apologie des armes, racisme ordinaire et banalisation du sexisme, on tient là tous les éléments du bon nanar à regarder entre potes un samedi soir, genre qui nous est cher à Rockyrama. Les morts s’enchaînent de manière toujours plus spectaculaires et surprenantes, toujours sur un bon vieux riff d’Angus Young, compensant l’absence totale de tension et de rythme. Les dialogues s’entrecroisent comme autant de punchlines débiles, comme cet enfant qui jette un « tiens, prends ça pour mon père espèce de fils de pute » avant de tirer tel un damné sur un panneau de prix d’un diner.


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Pour peu que l’on apprécie les films de série Z complètement barrés et gore, c’est un immanquable oublié, le genre de pépite que l’on découvre par hasard avant de le conseiller sous le manteau à ses amis.


Boris Biron