Ces héros de comics qui méritent d’arriver sur vos écrans
A force de parler de la mode des super-héros, on a tendance à l’oublier que leur histoire au septième art a plus de 70 ans. Dès 1919, le premier héros masqué au cinéma fait son apparition dans La marque de Zorro. Le succès de ce film muet, et de sesA force de parler de la mode des super-héros, on a tendance à oublier que leur histoire avec septième art a plus de 70 ans. Dès 1919, le premier héros masqué au cinéma fait son apparition dans La marque de Zorro. Le succès de ce film muet, et de ses suites, a ouvert magistralement la voie aux héros de comics. Tout un symbole, ce sont les aventures du vigilante mexicain que le jeune Bruce Wayne va voir au cinéma avant qu’un drame ne change sa vie à jamais.
Dans les années 40, les héros de comics sont d’abord adaptés dans des serial, des films à petit budget fonctionnant sur le principe du feuilleton que l’on passait en première partie des longs métrages. En 1941 Captain Marvel est le premier super héros à être adapté pour le grand écran, suivi de près par Batman. Captain America et Superman bénéficieront de ce traitement. Au cours des années 50 et 60, les serial sont en déclin. Mais Superman et Batman s’épanouissent plutôt bien dans leur série TV, tout comme Hulk. Il faut attendre le Superman de Richard Donner en 1978, immense réussite commerciale, pour qu’il y ait un renouveau du genre. Dans les années 80, le filon Superman est exploité jusqu’à la lassitude du public. Heureusement, le Batman de Tim Burton arrive à point pour perpétuer la flamme. Les adaptations de comics se multiplient alors (The Mask, Judge Dredd, Tank Girl, Men In Black…), jusqu’à l’avènement au début du millénaire. Les avancées technologiques permettent enfin d’exploiter de manière crédible l’extraordinaire ressource scénaristique que représentent les parutions régulières des bandes dessinées depuis des décennies. Soit une réserve de storyboards quasi-illimitée.
Aujourd’hui, l’heure est à la frénésie. Marvel enclenche la phase 3 de son plan pour dominer le monde et DC va passer la seconde. Entre les sequels, prequels, team-up et la machine à laver du reboot, nos rétines vont être accaparées par les héros de comics jusqu’en 3056. Sans compter le marché juteux des séries que Netflix (Daredevil, Luke cage, Jessica Jones, Punisher) et The CW (The Flash, Arrow) se partagent. C’est la grande braderie. Les studios farfouillent les pages à la recherche de la prochaine poule aux œufs d’or. Des personnages extraordinaires ont fait les frais des opportunistes. Ghost Rider, Spawn, Jonah Hex, Blade ou Constantine ont été sabordés sans vergogne. Dans cette impitoyable ruée, voici les outsiders sur lesquels il faut miser.
9. Abuse
Pour débuter ce classement, place à la nouveauté. Abuse est apparu en 2008 dans le monde du chevalier noir. Bien qu’il n’ait pas sa propre série, il possède un incroyable potentiel. Derrière ce nom choc se cache le jeune Colin Wilks, un orphelin de dix ans. Un gosse des rues perturbé : claustrophobe, paranoïaque, violent et, ironie du sort, chiroptophobe (souffrant de la peur panique des chauve-souris). Enlevé par l’épouvantail, il est dopé à un sérum semblable à celui du terrible Bane afin de terrasser Batman. Sans succès bien sûr. Encore une bête de foire de plus, nous direz vous. Un ennemi de seconde zone qui aura servi à remplir quelques pages. Sauf qu’en sortant de l’hôpital, le petit rouquin se rend compte qu’en se concentrant il peut activer le sérum et se transformer en un invulnérable mastard. Vêtu d’un imper et d’un stetson, il distribue les beignes pour protéger les enfants. Avec son poing américain, il inflige son sceau sur les visages de ceux qui se dressent sur son chemin. Un bagarreur qui rappelle le Goon d’Eric Powell.
Comme dans Shazam ! , qui sera porté à l’écran en 2019, en prenant un enfant ayant accès à un pouvoir immense, l’histoire d’Abuse traite du sentiment d’impuissance qui marque cette période de la vie. La comparaison s’arrête ici. Billy Bateson (Captain Marvel) est un garçon arrogant qui s’amuse de son statut de demi-dieu. Abuse, lui, veut défendre ses jeunes congénères des adultes qui lui ont fait du mal. Un mélange de Peter Pan et de Hulk qui pourrait être explosif.
8. Nick Fury’s Howling Commandos
Les équipes sont la recette gagnante pour des films bourrés d’action et de punchlines. Attention, ne pas confondre ces Howling Commandos avec l’unité d’élite que l’on peut croiser dans le film Captain America : The First Avenger. Ce bataillon secret du S.H.I.E.L.D n’est pas composé de soldats mais de la fine fleur des monstres: la créature de Frankenstein, l’homme invisible, le loup-garou, la momie et l’Homme-chose (une créature végétale qui a été l’objet d’un long-métrage navrant en 2005). Il serait temps de rendre hommage aux créatures qui ont largement participé à l’essor des comics au même titre que les encapés bodybuildés. A la fin des années 40, les horror comics sont ultra-populaires. Les enfants s’arrachent des titres comme Adventure into the Unknown, The Haunt of Fear, Tales from the Crypt… Une époque bénie où le cinéma d’épouvante et le 9ème art marchaient main dans la main. Mais la censure du Comics Code Authority portera un coup fatal au genre, qui reviendra timidement à partir des années 70. Ces bandes dessinées ont servies de laboratoire d’idées pour construire le bestiaire des ennemis des super-héros. Avec le temps, les monstres sont devenus le lumpenprolétariat des comics… Sus à la spoliation et laissez les Howling Commandos faire leur baroud d’honneur !
7. Kamandi, The Last Boy on Earth
Ne vous fiez pas à ses allures de Tarzan, Kamandi pourrait être le nouveau Mad Max. La création de Jack Kirby est un sommet de narration post-apocalyptique. La série a été lancée après que DC Comics ait échoué à obtenir les droits de la licence de La Planète des singes. Elle s’inspire directement des films à succès. Une œuvre à l’ADN cinématographique donc. Mais, par sa finesse, elle surpasse les aventures simiennes. Après le Grand Désastre, l’humanité est décimée. La Terre est désormais peuplée d’animaux intelligents qui ont formé des nations : rats, tigres, gorilles, lions, loups… Les homo sapiens survivants sont retournés à l’état sauvage et sont parqués dans une réserve naturelle. Kamandi, a grandi dans un bunker avec son Grand-Père et appris notre Histoire au travers de vidéos. Lorsque celui qui l’a élevé est tué, il décide de parcourir le globe pour chercher s’il a des semblables. Dernier écho d’une civilisation disparue, il découvre qu’il est irrémédiablement seul dans un monde sous la coupe de seigneurs de guerre cruels. Un arc narratif et une galerie de protagonistes foisonnante qui ouvre des possibilités immenses.
Dawn of the Planet of the Apes (2014) a montré que la technologie permet à des animaux anthropomorphes de transmettre de l’émotion dans un film à grand spectacle. Et son chiffre d’affaire de 500.000.000 de dollars montre qu’il y a un public pour de tels blockbusters. Reste qu’il faudrait injecter un peu plus de mauvais esprit à l’œuvre originale pour que Kamandi devienne aussi cool que les films de George Miller, sous peine d’être un peu lisse.
6. Plastic Man
Non, ce n’est pas une plaisanterie, Plastic Man mérite son film ! Contrairement à Marvel, qui a su injecter de la folie et des gags dans ses scripts (Iron Man, Les Gardiens de la Galaxie et Deadpool en sont la preuve), chez DC Comics on se prend au sérieux. Parfois cela sublime l’esthétique du héros, comme dans le Batman de Nolan. Parfois cela alourdit le propos, comme le montre l’accueil réservé au Superman de Snyder. Certes, DC essaie de se mettre à la page grâce à ses vilains dans l’imminent Suicide Squad. Mais quid d’un super-héros barré ? D’accord, Plastic Man, malgré qu’il soit né à l’Age d’Or des comics, n’a jamais connu de succès commercial. Pourtant, il est un personnage très apprécié des artistes. Parmi ses fans : Grant Morrison, Art Spiegelman, Alex Ross, Kyle Baker ou Frank Miller. Que du beau monde ! Pourquoi ? Parce que ses pouvoirs et son caractère loufoque débrident l’imagination. Plastic Man peut faire prendre à son corps toutes les formes possibles. Bien différent du fadasse Reed Richards des Fantastic Four, il ne se contente pas de jouer à l’élastique. Il joue toute sorte de tours à ses adversaires. Ses aventures sont empreintes de bouffonnerie et de dadaïsme. La série fonctionne autour du tandem qu’il forme avec son sidekick Woozy dont la personnalité est basée sur les acteurs comiques des années 40 Lou Costello et Hugh Herbert. Un duo parfait pour une comédie.
Patrick « Eel » O’Brian est un cambrioleur qui, exposé à des produits chimiques pendant un casse, est abandonné par son gang. Bien qu’il œuvre désormais pour le bien, O’Brian reste un filou qui connaît bien les voyous. Ses ennemis ne sont pas des robots ou des aliens. Ce sont de véritables gangsters aux gueules cassées, à la manière de la bande dessinée Dick Tracy. En mélangeant aspect cartoon et polar, Plastic Man le film pourrait s’inscrire dans la glorieuse lignée de Qui veut la peau de Roger Rabbit ?
5. Black Canary
Bien que Marvel et DC se soient attachés récemment à revaloriser le statut des super-héroïnes, celles-ci restent en majorité des dérivés de leurs homologues masculins : Batgirl, Supergirl, Spider Woman, She-Hulk et j’en passe. Créée en 1947 par Robert Kanigher et Carmine Infantino, Black Canary est l’une des premières héroïnes à avoir son identité propre, après Wonder Woman. Elle l’une des combattantes les plus aguerries du DC Universe. Dans le Arrow de Netflix, c’est Laurel Lance puis sa sœur Sara qui endossent le costume du canari. Oubliez ces versions BDSM de bas étage. Black Canary peut être bien plus que le faire-valoir sexy de l’archer vert. En 2015, Brenden et Annie Wu ont complètement transformé le personnage. Voulant s’éloigner de la vie de justicière, Dinah Lance devient leader d’un groupe punk appelé… Black Canary. Logique quand on possède le pouvoir d’émettre des cris soniques. Une esthétique qui transpose le look blouson de cuir et bas résilles de Mrs Lance dans le monde du rock indépendant. Mais les monstres et les organisations maléfiques ont tôt fait de perturber la tournée du quartet. La façon de combattre de Dinah Lance est cinématographique. Comme Jackie Chan, elle utilise tous les objets à sa portée pour flanquer des raclées. Le mélange punk et kung-fu pourrait produire un objet filmique jouissif, poussant plus loin les idées présentes dans le sympathique Scott Pilgrim. Car, moins cucul la praline que la création de Brian Lee O’Malley, Dinah Lance a l’appétit de la destruction. Malheureusement, il semble que les studios veulent la reléguer au rang de personnage secondaire dans le futur Justice League…
4. Lobo
Depuis des années, les fans n’en peuvent plus de réclamer que Lobo crève enfin l’écran. Vilain de seconde zone dans les années 80, Lobo explose la décennie suivante. Repensé comme une parodie survitaminée de Wolverine, il conquiert les fans et même le cœur du grand Stan Lee ! Lobo est un rebelle interstellaire parcourant les galaxies sur sa moto volante. Un Lorenzo Lamas de l’espace diront les détracteurs. Sauf que Lobo est le plus grand dur à cuire de l’univers. Lorsqu’il meurt, il en fait tellement baver aux démons des enfers qu’il est envoyé au Paradis. Arrivé là-bas, il fait tellement de ravage qu’il est banni de l’au-delà pour toujours. La classe. Sous sa carapace de mâle alpha exhalant la testostérone, Lobo a un petit cœur qui bat. Il est le fervent protecteur des dauphins spatiaux. Si on les touche, il les venge dans un bain de sang. Du gore pour défendre l’écologie, ça aurait une autre gueule que Yann-Arthus Bertrand, non ? Mélange de violence et de farce, Lobo mériterait son western spaghetti futuriste. Le chasseur de tête alien serait parfait pour Tarantino, si celui-ci touchait à la science-fiction. En 2009, la Warner annonçait que Guy Ritchie était sur le coup. Une bonne idée tant le réalisateur est doué pour dépeindre les petites frappes. L’anglais a préféré se concentrer sur la suite de Sherlock Holmes. Dommage. Dernier rebondissement en date, Jason Fuchs (scénariste de Pan et de Wonder Woman) écrirait le script. Patience, donc.
3. Savage Dragon
L’humanoïde à l’aileron sur la tête est devenu culte dans les années 90. Retrouvé nu et amnésique dans un incendie à Chicago, il utilise sa force dans son job d’officier de police. On découvre au fil de la série qu’il est en fait un tyran extra-terrestre abandonné par les siens alors qu’il projetait d’envahir la terre. Alors oui, le procédé de l’amnésie a été usé jusqu’à la moelle par Hollywood, mais un twist pareil vaut son pesant d’or ! La BD met en scène des mutants délinquants tous plus farfelus les uns que les autres : l’homme poulet, un type balançant des boules de feu par son séant ou un gorille avec le cerveau d’Hitler. Le Dragon doit aussi composer avec des super-héros en collants souffrant du complexe du messie. Sombre et fabuleusement drôle, Savage Dragon a dynamité les standards du comic book avec un esprit libertaire. La série se rapproche ainsi des Tortues Ninja d’Eastman et Laird à leurs débuts. Le Dragon les a d’ailleurs affrontées dans un crossover épique. Irrévérencieux, Savage Dragon ose tout, même la satire politique. Une liberté de ton qui manque cruellement dans les films de super-héros.
Certes sa popularité est en déclin, mais l’intérêt actuel pour les héros des années 90 lui ouvre une fenêtre de tir. Quand on voit le gâchis du dernier film Tortues Ninja, on se dit qu’il faut se méfier : la nostalgie n’est pas un prétexte pour produire des films d’action paresseux. Savage Dragon est la plus longue série écrite et dessinée par son créateur, Erik Larsen. Depuis 1982, il n’a laissé les rênes qu’une seule fois à d’autres artistes à l’occasion d’un numéro spécial. Le dragon est donc dépendant de son démiurge. En 2014, celui-ci déclarait avoir terminé un scenario. On sait que cela est loin d’être suffisant pour garantir que le film verra le jour…
2. Moon Knight
Souvent décrit comme le Batman de l’univers Marvel, le raccourci est facile. D’accord, comme le justicier de Gotham, Moon Knight agit principalement la nuit. Il possède un vaste arsenal de gadgets et joue parfois aux milliardaires philanthropes. De là à en faire un ersatz, ce serait une erreur. La psychologie de Moonknight fait tout son sel. Mercenaire, Marc Spector est laissé pour mort par son employeur lors du pillage d’un site archéologique en Egypte. Il est ramené à la vie par le dieu de la Lune Khonshu qui lui donne la mission d’être le gardien des voyageurs nocturnes. A moins que cela ne soit une hallucination, le fruit de sa pysché malade. Car le génie de ce comic book est de maintenir le flou. Spector est-il sujet à des visions psychotiques ou affronte t’il des phénomènes paranormaux ? Moon Knight est un funambule toujours prêt à sombrer dans la folie de sa justice expéditive. On ne sait plus bien s’il est un meurtrier ou héros. Moon Knight serait l’inspiration idéale pour un thriller teinté d’esotérisme. Pour vous dire à quel point il a une place à part chez Marvel, il est le seul qu’aucune équipe ne veut recruter lors de Civil War. Captain America s’en méfie et Iron Man veut le mettre sous les verrous. Team Moon Knight !
Fin 2015, Netflix annonçait qu’ils travaillaient à intégrer Marc Spector dans leur écurie, voire de lui consacrer une série. Depuis, plus aucune nouvelle. Moon Knight serait confiné au petit écran avec les autres combattants de rue de Marvel. Un format trop étriqué ou la bonne stratégie pour faire apprécier l’anti-héros ?
1. Hack/Slash
Les amateurs le savent, c’est chez Image Comics que l’on trouve les héros les plus sombres et déjantés. Le bilan du passage au cinéma de ces incroyables personnages est pour l’instant mitigé. Spawn (1997) a été un échec cuisant tandis que The Crow (1994), la dernière prestation de Brandon Lee, est devenu culte. Hack/Slash pourrait marcher dans les pas du film d’Alex Proyas tant son univers est riche et tordu. Cassie Hack est une freak malmenée au Lycée. Oubliez le plan à la Peter Parker, l’histoire part vite en bain de sang. Sa mère massacre sans vergogne les pimbêches qui ont rudoyé sa fille puis se suicide. Attendez, ce n’est pas fini. Elle revient sous la forme d’un slasher, une sorte de zombie animée par la rage et le goût de l’hémoglobine. La petite Cassie ne se laisse pas abattre et plombe elle-même sa petite maman de quelques balles dans le crâne. Quand même un petit peu traumatisée, elle exorcise sa culpabilité avec sa batte cloutée en chassant les autres slashers à travers tous les Etats-Unis. Dans sa quête de rédemption, la jeune gothique est accompagnée du géant Vlad, un boucher sociopathe amateur de machettes dissimulant sa gueule d’amour derrière un masque à gaz. L’association de malfaiteurs débouche sur un génocide de zombie, un festival d’humour gore. Alors ? Si ça ne vous donne pas l’eau à la bouche, il n’y a plus rien à faire… Si les studios l’adaptaient, Buffy pourrait aller se rhabiller à tout jamais. Cassie la remplacerait dans le cœur des fans illico presto.
Alors oui, le film serait R rated aux USA. Mais le succès de Deadpool a montré que cela n’entrave guère le potentiel d’un film tant que l’ingéniosité et l’humour sont au rendez-vous. La rumeur d’une adaptation sur grand écran courait depuis 2008. Fin 2015, Relativity Television annonçait le projet d’une série basée sur le comic book dont le script a été confié à Skip Woods. Vu le pedigree du bonhomme (la franchise Hitman, Die Hard 5, Sabotage ou le premier Wolverine), on peut être craintifs. Pas sûr que vouloir surfer artificiellement sur la vague Walking Dead soit vraiment une bonne idée. Déconnez pas les mecs…
Félix Lemaître