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Jim & Andy : la création jusqu'à la folie

En 1999 arrive dans les salles Man On The Moon, bouleversant biopic d'Andy Kaufman réalisé par Milos Forman, avec dans le rôle principal, un Jim Carrey alors au sommet de son Art et de son pouvoir de séduction sur les foules.
Jim & Andy : la création jusqu'à la folie

En 1999 arrive dans les salles Man On The Moon, bouleversant biopic d'Andy Kaufman réalisé par Milos Forman, avec dans le rôle principal, un Jim Carrey alors au sommet de son Art et de son pouvoir de séduction sur les foules.


The Mask, Ace Ventura, Dumb & Dumber. Trois classiques instantanés de la comédie loufoque, trois cartons d'une seule et même année, 1994. Jim Carrey est la Star des Stars, personnage physiquement complexe, capable de toutes les distorsions, de tous les excès (ses rires doivent être plus longs que les autres, le montant de ses chèques plus élevés). Une seule chose lui manque : une certaine crédibilité, celle que les acteurs et les actrices cantonnés aux rôles de comiques guettent ou poursuivent. Celle qui ouvrira la voie, peut-être, à un Oscar, en tout cas à une longévité certaine. Car si les blagues les plus courtes sont les meilleures, il en est souvent de même pour la carrière de ces humoristes qui peinent à vieillir avec leur public.


En 1996, Disjoncté de Ben Stiller vient une première fois écorcher ce profil de mec trop parfaitement drôle et brillant. L'année d'après, il se caricature dans Menteur, Menteur. Puis en 1998, sort The Truman Show, début de réflexion sur l'écran et la célébrité, qu'il poursuivra l'année suivante avec ce Man On The Moon qui lui vaudra un Golden Globe, et qui est cette année, près de deux décennies après sa sortie, profondément documenté chez Netflix.


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Seul intervenant à revenir face à la caméra sur ce que nous voyons, Jim Carrey se livre, comme jamais. Sur ce qu'Andy Kaufman représente pour lui. Sur ce désir de ne jamais sortir du rôle, sur le plateau ou en dehors. Sur cette volonté de repousser les limites, quitte à en venir aux mains quand le catcheur Jerry Lawler, qui avait affronté le vrai Andy quelques années plus tôt, s'emporte contre Jim Carrey. Ou bien Andy Kaufman. Ou bien Tony Clifton, insupportable création du comique. Les frontières sont floues, les limites n'existent plus que pour être brouillées (dans une scène tout simplement glaçante, le vrai père d'Andy se dispute avec Jim, comme s'il s'agissait réellement de son fils). Restent les images d'époque de Lynne Margulies, la compagne de Kaufman, et Bob Zmuda, son alter ego. C'est Carrey lui-même qui leur demanda de filmer, tout, tout le temps. Universal refusa que cela sorte, de peur de voir l'image de son petit protégé écornée. 


Parfois grotesque, volontiers irritante, la "performance" de Jim Carrey durant le tournage n'épargne personne. Mais interroge : Jim & Andy n'est pas un making of, mais peut-être bien une... Farce ? En 1981, le comique, toujours limite, offre une prime de mille dollars à la première femme qui le battra lors d'un combat de catch. Lawler, un catcheur professionnel, lance à son tour un défi à Kaufman, qui finit à l'hôpital. Mais l'histoire ne s'arrête pas là, car quelques jours plus tard, les deux hommes se battent en direct sur un plateau de télévision. Mais tout était prévu entre les deux, tout était écrit. En est-il de même ici, sur ses images au grain d'époque ? On ne sait pas, et même le principal intéressé semble s'en amuser.


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Vertigineuse plongée dans les coulisses d'une création qui n'a pas peur de prendre possession de son créateur, Jim & Andy est le compagnon évidemment parfait du film de Milos Forman. Mais plus encore, il est la plus belle prestation de Jim Carrey depuis I Love You Phillip Morris, il y a huit ans déjà. Bouleversant. Et terrifiant à la fois.


Nico Prat


Jim & Andy : dispo sur Netflix