Et si le véritable héritier du Trône de Fer s’appelait Lin Manuel Miranda ?

Le tournage de la saison finale de Game of Thrones a tout juste commencé que déjà la guerre fait rage pour savoir qui va combler le vide laissé par la série dans le paysage audiovisuel et dans nos coeurs.

Alors que HBO s’apprête à user la franchise de George R.R. Martin jusqu’à la corde en explorant plusieurs pistes de spin-offs, Showtime et Lionsgate se posent en prétendants solides à la succession en confiant l’adaptation de la saga de Patrick Rothfuss, The Kingkiller Chronicles, à l’un des plus grands génies créatifs qu’ait vu émerger le XXIe siècle. Rien que ça.

Le matériel source est un petit bijou de littérature fantasy. La trilogie, dont on attend patiemment la conclusion, nous raconte la vie mouvementée de Kvothe. Musicien, guerrier, magicien, il a forgé sa propre légende, au risque de causer la ruine de la moitié du royaume. Aux quatre coins du monde, son nom est prononcé avec crainte par les hommes, envié par les femmes. On le rencontre des années après ses exploits, exilé, tenancier d’une auberge dans un petit village. Un chroniqueur passant par là le pousse à raconter son histoire. Il accepte, décidé à rétablir la vérité face au mythe. 

Tous les ingrédients d’un récit épique sont réunis. On se sent bien dans l’univers créé par Patrick Rothfuss. On y retrouve nos repères médiévaux, sans qu’ils soient outre mesure pollués par un bestiaire de créatures aux noms imprononçables. A l’instar de Westeros, la magie n’est pas omniprésente, mais ajoute le supplément d’âme qui rend ce monde fascinant.

La succession de chefs d’oeuvres littéraires saccagés lors de leur passage à l’écran pourrait inviter à la prudence. La vraie raison d’être enthousiaste sur ce projet, c’est l’homme en charge de son pilotage : Lin Manuel Miranda. Relativement méconnu en France, il est omniprésent aux Etats-Unis. A Broadway, Hamilton, sa comédie musicale est considérée par tous comme un game changer. 11 Tony Awards et le Prix Pulitzer confirment cet état de fait. Il est parvenu à raconter la vie du premier secrétaire au trésor américain sur fond de hip hop, soul et R’n’B. Une fresque aussi grandiose qu’intime, couvrant la guerre d’indépendance et les premières heures de la démocratie américaine. Il faut le voir pour le croire. Un tour de force.

Pour ce nouveau projet, il voit les choses en grand. Une simple série n’aurait pas suffi. L’adaptation des livres fera donc l’objet d’une trilogie de films produits par Lionsgate. La série TV proposera quant à elle en parallèle une histoire originale dans l’univers de Rothfuss. Sur le papier, Showtime ne fait pas figure de candidat idéal pour porter un projet de cette envergure, mais force est de constater que la chaîne s’efforce de monter en gamme. La reprise réussie du cultissime Twin Peaks est là pour nous prouver qu’elle a les épaules pour jouer dans la cour des grands.

Sylvain Belin