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Hard Boiled : Dirty Harry et grandiloquence wagnérienne chez John Woo

Si Piège de Cristal reste, en 1992, la référence absolue du cinéma d’action américain, son pendant asiatique s’impose cette même année avec perte et fracas. John Woo ne le sait pas encore mais il prépare ses adieux à Hong Kong aux commandes d’un requ
Hard Boiled : Dirty Harry et grandiloquence wagnérienne chez John Woo

à l'occasion des vingt ans de Volte Face, retour sur l'un des plus grands films de John Woo.


Si Piège de Cristal reste, en 1992, la référence absolue du cinéma d’action américain, son pendant asiatique s’impose cette même année avec perte et fracas. John Woo ne le sait pas encore mais il prépare ses adieux à Hong Kong aux commandes d’un requiem à la violence cinématographique. Hard Boiled pour les fouineurs, À toute épreuve pour la sortie française. Les années 60 se terminèrent à Hollywood sur La Horde Sauvage (1969). La décénnie 90’s ouvre sur sa suite illégitime.


Woo cite le cinéma U.S à travers toute son oeuvre. Bizarrement, cela se produira surtout lorsqu’il bossera pour les studios. Ses films américains ne parviendront jamais à dissimuler la manière qu’à Woo de se cacher derrière son style. Comme un bon élève qui ne veut pas faire vague, trop content de la chance qui lui est accordée de jouer avec les « grands ». Hard Boiled reste peut-être son film le plus incroyable, dans la mesure où, alors en pleine possession de ses moyens, il n’avait rien à prouver, ni aucune conduite à racheter. Woo était la nouvelle coqueluche d’une cinéphilie internationale curieuse de cette énergie nouvelle à l’écran.

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Son dernier polar made in HK en date le porte au sommet de son art. Un sommet qu’il n’aura depuis, bien évidemment, plus jamais fréquenté. Pour la première fois devant ses caméras, Chow Yun Fat joue le flic. Dur, bestial, taciturne, l’inspecteur Tequila emprunte beaucoup à Dirty Harry. À ses côtés, Tony Leung, meilleur acteur chinois depuis 25 ans, joue en finesse son personnage de flic infiltré. Si Woo était né à une autre époque, Delon jouait ce personnage. 


Woo aime truffer ses films d’un esprit à l’ancienne, d’amitié forte et d’esprit de sacrifice. Ses deux stars, avec lesquelles il a déjà collaboré, construisent l’essence du style du réalisateur. Ensemble, il définissent ce qu’est un film de John Woo. Comme toujours, Woo construit son film comme un drame épique. Une grandiloquence wagnérienne pour un récit qui tente de raconter la sainte trinité : noir, blanc, gris.


C’est précisément sur sa capacité à transformer l’écran en ballet de violence virtuose que Woo rassemble au-delà de ses frontières. Ses super-flics tireurs d’élites luttent à mort contre de sombres trafiquants d’armes sans coeur, au milieu de mouvements désormais désignés par les connaisseurs comme véritables ballets. Rien d’incroyable dans son scénario. Non, Woo, qui réécrit à l’arrache un premier traitement (débile) qui ne lui convient plus, mise sur les douilles. 


À ce petit jeu, en 2014, personne n’est venu lui prendre le titre.


Guillaume Baron 

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