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La Folle Journée de Ferris Bueller, l'autre classique de John Hughes

Si seulement j'avais eu la moitié de l'intelligence de Ferris Bueller, j'aurais pu aisément esquiver cette interrogation de fin de chapitre sur la trigonométrie.
La Folle Journée de Ferris Bueller, l'autre classique de John Hughes

La seule fois où j'ai fait semblant d'être malade, c'était au collège, pour échapper à un devoir surveillé de mathématiques. Dans un grand élan d'intelligence, j'avais chauffé mon thermomètre sur une plaque électrique, et ma mère avait fini par me renvoyer à l'école en me suggérant que la prochaine fois, j'éviterais de prétendre une fièvre qui excède les 43 degrés.


Si seulement j'avais eu la moitié de l'intelligence de Ferris Bueller, j'aurais pu aisément esquiver cette interrogation de fin de chapitre sur la trigonométrie. Et si j'avais eu la moitié de son insolence, j'aurais aussi pu mater MTV pendant des heures en mangeant le bol d'Apple-Minis qui m'aurait servi de déjeuner. Lui préfère tracer dans les rues de Chicago en Ferrari, s'infiltrer dans des restaurants français huppés et s'émouvoir devant les tableaux de l'Art Institute, au moment même où son principal cherche à lui mettre le grappin dessus et où ses camarades de lycée organisent une collecte pour lui offrir un nouveau rein. 


Si on fait exception de ses cabotinages imbuvables, il est l'incarnation parfaite de l'adolescent qu'on a tous plus ou moins rêvé d'être : charmant et apprécié de tous, constamment flanqué de sa magnifique petite copine et d'un meilleur pote aussi déconneur que conciliant. À l'instar de ces jocks populaires qui finissent jeunes pères de famille aux carrières avortées une fois leur âge d'or passé, son interprète Matthew Broderick s'est tristement fait plus discret par la suite. 


De son côté, le réalisateur John Hughes avait déjà montré l’étendue de son talent pour raconter des histoires d'adolescents attachants avec Sixteen candles, The Breakfast Club ou encore Weird Science, tous portés par les jeunes acteurs du Brat Pack. Pour Ferris Bueller, il a sauté sur l'occasion de rassembler les éléments qui lui étaient le plus chers, à savoir les Beatles, une bande originale imparable, des adolescents effrayés par le désenchantement de l'âge adulte et la ville de Chicago - tout en trouvant le temps de faire apparaître Charlie Sheen dans un rôle très bref de bad boy en perfecto. Le film commence et s'achève sur une leçon universelle qui ressemble beaucoup trop aux phrases débiles des gens enclins à exhumer leurs cours de philo sur l'hédonisme pour justifier leurs bêtises : « La vie bouge bien trop vite. Si tu ne t'arrêtes pas de temps en temps, elle peut te filer entre les doigts ». Finalement il n'y a peut-être pas grand-chose à en tirer, mais putain, Ferris Bueller défonce. 


Julie LE BARON