Mon été avec Netflix... Et une secte un brin envahissante

Le pitch : quand le gourou d'une secte controversée érige une ville utopique en Oregon, le conflit avec les autochtones tourne au scandale national. 

Tout est vrai. On se le dit, on se le répète, plusieurs fois, tout au long des six épisodes que compte Wild Wild Country, premier documentaire des producteurs Jay et Mark Duplass, et réalisé par Chapman et Maclain Way, deux frères. Tout est vrai. Cette ville, Antelope, dans l’Etat de l’Oregon, comté de Wasco, quarante-six habitants, est bien réelle. Et ce qu'il s'y passa en cette année 1981, aussi dingue, fou, terrifiant pour les uns, beau pour les autres, est vrai également. Wild Wild Country, c'est l'histoire d'un gourou indien, Bhagwan Shree Rajneesh, superstar dans son pays, et qui, un jour, entreprend la création d'une ville dédiée au bonheur, à l'ouverture d'esprit, au sexe libre aussi. Une ville qui doit, pour exister, dévorer celle en place. Antelope donc.

Tout est vrai. 30000 personnes habillées de rouge. Cette secte incontrôlable qui possède une police, des supermarchés, organise son propre festival, tout en préparant une attaque bioterroriste. Tout est vrai. Ma Anand Sheela, la figure médiatique du mouvement, est bien vivante, et témoigne. Elle parle de tout, n'a honte de rien, ne se cache pas. Elle est terrifiante. Sidérante. Tout autant que la somme d'images d'archives réunies ici. Tout est vrai, tout est filmé. Les orgies. Les réunions. Les interviews. Les dérapages, les menaces. La Terreur.

On suffoque, on panique, on peine à comprendre. Comment est-ce possible ? Comment est-il possible qu'une secte s'installe aussi durablement (cinq années tout de même), parvienne à faire voter ses lois, à imposer ses idées, ses envies, par la force, la menace, ou tout simplement, par les urnes ? On ne comprend pas. Mais tout est vrai. C'était dans les années 80. Cinq années sur lesquelles reviennent bon nombre d'acteurs de l'époque. L'absence totale de remords de certains et certaines nous étouffe. Tout est vrai. Tout est dingue. On tient peut-être ici l'une des plus belles réussites du genre de Netflix. C'est à voir. Absolument.