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Et c’est ainsi que Last Action Hero devint un véritable film culte

Ça devait être The Big Ticket for ’93. Un succès assuré. Un carton. Le scénariste de L’Arme fatale et le réalisateur de Die Hard réunis autour de la star bodybuildée des deux Terminator. Dollars en vue. Sauf que parfois, rien ne marche comme prévu.
Et c’est ainsi que Last Action Hero devint un véritable film culte

Ça devait être The Big Ticket for ’93. Un succès assuré. Un carton. Le scénariste de L’Arme fatale et le réalisateur de Die Hard réunis autour de la star bodybuildée des deux Terminator. Dollars en vue. Sauf que parfois, rien ne marche comme prévu. Et tout ça à cause de Spielberg et de ses dinosaures – lui qui s’intéressa un temps au projet, avant l’arrivée de McTiernan.


Mais comment battre des T-Rex, même quand on est un action hero infaillible comme Jack Slater. Avec ses santiags, son jean, son t-shirt rouge et sa veste de cuir retourné. Toujours les mêmes. Sans oublier la décapotable, le hard rock et les punchlines débiles. On comprend aisément que le jeune Danny Manigan soit dingue de lui. Surtout lorsque vous découvrez le film à l’âge de dix ans, après avoir religieusement introduit la VHS du Club Dial dans l’antique magnétoscope JVC. Une déferlante de répliques culte en VF – devant beaucoup à la voix si charismatique du doubleur historique de Schwarzy, Daniel Beretta –, de folles poursuites, de méchants plus terrifiants que Freddy Krueger et Dracula réunis. Et puis des moments purement dingues : le Hamlet de Shakespeare à la sauce McT, ou le cross-over avec Le Septième Sceau de Ingmar Bergman. De quoi fasciner une génération de mômes plus habitués aux grands écarts de Van Damme ou aux sabres lasers d’Oncle George.

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Mais alors qu’est-ce qui a merdé ? Pas facile de démêler le vrai du faux dans toutes les explications a posteriori fournies depuis vingt ans par les principaux protagonistes. C’est qu’à Hollywood, en général, lorsqu’un film fait un bide, tout le monde se renvoie la faute. Zack Penn, auteur du script original, incrimine les différents scénaristes ayant réécrit son script ; Shane Black vise McTiernan, cinéaste trop « intellectuel » pour le projet ; et McT, lui, reproche à la Columbia de ne pas avoir pris la menace des lézards spielbergiens au sérieux et de lui avoir imposé un timing impossible pour la post-production. Seule la star temporise en reconnaissant que peut-être le film n’était tout simplement pas fait pour cartonner – sans oublier malgré tout de mettre en cause les médias, véritables oiseaux de mauvais augure depuis la première annonce du projet. Mais la vérité est que la production dans son ensemble fut une complète catastrophe. Les script doctors se sont succédés, les exécutifs hésitant entre faire un film tout public ou un film ultra-violent – comme l’était le script original –, et pour couronner le tout, ils tentèrent de masquer la déroute à venir en dépensant un budget promotionnel plus gros encore que le tour de biceps d’Arnie, qui comprenait des partenariats avec Burger King, Mattel et… la NASA. 


Alors, ok, le film se planta au box-office, annonçant un peu en avance la débandade du chêne autrichien et celle encore plus ennuyeuse du génial McTiernan. Mais très vite la découverte en cassette de ce conte de fée moderne et foutraque, un peu trop violent pour les enfants et un peu trop vulgaire pour les parents, par une génération de kids déjà prêts pour l’ère imminente du post-modernisme cool, allait redonner vie à ce chef-d’œuvre maudit sur ce qui fait qu’un gamin un peu perdu devant sa télé – ou dans une salle de ciné – admire un héros drôle et musclé qui s’en sort toujours à la fin : la magie du cinéma. 


Et lorsque plus tard, ces mêmes kids – avec un peu plus de poils mais toujours autant de cœur – ressortirent la vieille VHS d’un carton poussiéreux pour se remémorer la douceur de l’enfance, ils y trouvèrent un film toujours aussi fou et grisant, doublé d’une réflexion, passée inaperçue à leur regard d’enfant, sur la violence supposée des films d’action comparée à la violence parfaitement réelle de notre monde. Ils y virent aussi la maestria d’un réalisateur embarqué dans un projet bancal, certes, mais qui parvint malgré tout à livrer un film honnête et sincère, qui derrière l’amusante moquerie et le second degré assumé, laisse entrevoir un profond amour du cinéma et de ses héros.


Et c’est ainsi que Last Action Hero devint un véritable film-culte, jusqu’à la fin des temps.

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