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Predator : l'Opéra du futur de John McTiernan

Sept mercenaires dans la jungle, confrontés à une menace extra-terrestre invisible.
Predator : l'Opéra du futur de John McTiernan

Les sept mercenaires dans la jungle, confrontés à une menace extra-terrestre invisible. Personne ne peut savoir ce qu’avait en tête Joel Silver lorsqu’il proposa le script des frères Thomas à John McTiernan. L’ambitieux producteur imaginait-il un résultat final si proche de la perfection ? Sur le papier, Predator se résume à un actionner baignant dans une légère ambiance fantastique, servi par un casting de sales gueules emmenées par Arnold Schwarzenegger. Oui mais McTiernan est un visionnaire, un surdoué, pas un yes man qui va vous torcher le travail pour le chèque, sans apporter une touche de génie à l’entreprise.


Mc T. a immédiatement perçu le potentiel de cette histoire. Pour que la traque de ce commando par un reptile de l’espace prenne forme et accroche le spectateur, il fallait en faire un opéra. Les mercenaires partent alors dans un ballet infernal, embrassant la bête tour à tour jusqu’à une apothéose barbare digne des envolées de Wagner. Au milieu d’une jungle qui n’invoque jamais le spectre du Viêt-Nam (rare pour l’époque), la caméra de McTiernan définit en douceur un univers clos angoissant où la menace n’a pas de visage. D’abord chasseurs, les protagonistes deviendront chassés. L’avantage change de camp, à mesure que l’objectif s’éloigne des militaires, nous signifiant leur solitude et l’inéluctabilité de leur destin. Le tour de force visuel du film est immense. La maîtrise de l’espace est admirable. Alan Silvestri prend les commandes de la musique et écrit la meilleure bande originale de film des années 80, et certainement l’une des meilleures de tous les temps. 


McTiernan met en place les éléments qui feront la sève de son cinéma. On ne devient pas le meilleur réalisateur de film d’action de l’Histoire sans s’attacher à traiter le genre avec noblesse. Comprenant que le héros musclé plein de certitudes est en bout de course, il décide de le briser jusqu’à rendre toute continuité futile. Qui mieux qu’Arnold Schwarzenegger en personne pour boucler la boucle ?


Le dernier tiers du film est presque muet. Arnold retourne à l’âge de pierre, sans flingue, et se tient seul au milieu d’un paysage dévasté après une victoire amère. Le requiem du soldat a de la gueule. Voilà comment meurt le héros américain tout puissant et sûr de lui. Dans la galaxie de McTiernan, le major Dutch est le prédécesseur du détective John Mc Clane. Mc T. sait qu’il doit sacrifier un pan entier de l’histoire d’Hollywood, des cowboys aux barbouzes, pour préparer le héros du futur, cabossé et désabusé.

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