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Rocky III : L'Œil du tigre

En 1982, rien n’arrête Stallone. Il est acteur, scénariste, réalisateur et surtout, il est Rocky Balboa. Rocky, encore plus que Rambo, c’est l’incarnation à l’écran de toute la philosophie Stallone.
Rocky III : L'Œil du tigre

Généralement quand on te dit « film d’auteur », les noms qui te viennent à l’esprit ne sont pas forcément de ceux qu’on retrouvera dans le bouquin que tu tiens entre tes mains. Et même si j’avais voulu écrire un papier sur Perceval le Gallois de Rohmer (chouette film, soit dit en passant) je ne suis pas persuadé que la rédaction en chef aurait apprécié l’idée. Parce que chez Rockyrama, on a nos auteurs à nous. McTiernan, James Cameron, Francis Ford Coppola, Steven Spielberg, Michael Bay. 


Vous allez dire que je mélange les torchons et les serviettes mais voici pourtant des exemples de cinéastes ayant imposée sur leur œuvre une empreinte artistique incontestable. Parmi ces auteurs, il en est un qui représente toutes les contradictions fascinantes du cinéma US sous Ronald Reagan : Sylvester Stallone. C’est bien simple, dans les années 80, Sly c’est le Woody Allen de l’action, et Rocky III est sa Rose Pourpre du Caire.

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En 1982, rien n’arrête Stallone. Il est acteur, scénariste, réalisateur et surtout, il est Rocky Balboa. Rocky, encore plus que Rambo, c’est l’incarnation à l’écran de toute la philosophie Stallone. Le mec qui arrive de nulle part, ne sait rien faire à part cogner, se hisse au sommet, qu’on remet à terre et qui se relève, inlassablement, toujours nourri de cette foi inébranlable en lui-même. En deux films Sylvester Stallone a créé un mythe, une nouvelle variation sur le rêve américain, sa version solaire et passionnée du Parrain. Et comme je vous le disais, rien ne l’arrête. Alors plutôt que de laisser le temps à Rocky de devenir une légende, Sly préfère enchainer. 


Le round 3 de la saga Balboa déboule donc sur les écrans trois ans après Rocky II et met son personnage principal dans la position auparavant occupée par son rival Apollo Creed. Rocky est une superstar. Et comme toute superstar bien installée, il s’empâte et prend confiance, ce qui lui vaudra une sévère fessée infligée par Clubber Lang. Lang est interprété par un terrifiant débutant : Mister T, qui fait entrer son personnage dans le top 5 des meilleurs méchants de cinéma des années 80, easy. Casting de génie. Bref, Rocky se fait défoncer, perd son titre et son entraineur, le brave Mickey meurt dans ses bras. C’est la merde. Je ne vous raconte pas la fin mais vous vous doutez bien que le reste du métrage implique du deuil, une sérieuse remise en question, un entraînement intensif à base de tabassage de côtes de bœuf en chambre froide et un inévitable rematch à l’issue incertaine jusqu’au coup de cloche final. Entre temps, le spectateur a une fois de plus tout vécu aux côtés de Rocky. 


Parce que malgré le succès, malgré les millions de dollars au box office, malgré l’image naïve du nouvel American Hero, Stallone a su sauvegarder l’essentiel : l’humanité du personnage. Rocky reste un type simple et sensible, qui agit et réagit à l’émotion, ne calcule rien et trace sa route. La célébrité, il la subit plus qu’il n’en jouit. C’est un héros presque paumé, qui regarde l’agitation autour de lui d’un œil triste et se retrouve, malgré sa tonne de muscle, désemparé face aux drames qui le frappent. Sa seule issue, c’est la boxe. Après cette trilogie exemplaire, il faudra attendre près de 25 ans pour revoir Rocky comme on l’avait découvert dans ces trois premiers films. Entre temps, qu’importe les épisodes IV et V, le mythe est devenu légende.

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