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Certaines choses que vous saviez peut-être mais après tout peut-être pas sur Bambi

Classique parmi les classiques, Bambi fait partie de la culture pop depuis bien trop longtemps pour qu’on ne prenne réellement le temps de s’y replonger, si ce n’est au moment de devenir jeune parent et de s’interroger: « dois-je le montrer, oui ou n
Certaines choses que vous saviez peut-être mais après tout peut-être pas sur Bambi

Classique parmi les classiques, Bambi fait partie de la culture pop depuis bien trop longtemps pour qu’on ne prenne réellement le temps de s’y replonger, si ce n’est au moment de devenir jeune parent et de s’interroger: « dois-je le montrer, oui ou non, à mon enfant ? ». Laissons les psychologues s’écharper à ce sujet (même si l’auteur de ces lignes a plutôt envie de dire oui, n’ayant pas d’enfant), et retournons en pleine Seconde Guerre Mondiale, en 1942, année de la sortie du sixième long métrage d’animation des studios Disney (après, dans l’ordre, Blanche-Neige et les Sept Nains, Pinocchio, Fantasia, le documentaire Le Dragon Récalcitrant, et Dumbo).


Non, vous ne savez pas tout sur Michael Jackson.


Les enfants à l’honneur

La chose est plutôt inhabituelle pour l’époque, mais les voix enfantines entendues dans le film ont été réalisées par de vrais enfants, et non par des adultes prenant des voix de gamins, comme cela était d’ordinaire l’usage. Et bien que Bambi ne comporte en tout et pour tout que mille mots de dialogues, nul doute que cela eut son petit impact auprès des jeunes spectateurs, et particulièrement l’un d’entre eux, Peter Behn. Alors âgé de seulement six ans, l’acteur en herbe passe l’audition pour doubler les enfants de la maman lapin. Mais au moment de prononcer la phrase « Did the young prince fall down ? », le directeur de casting, furieux, congédia le môme, au prétexte qu’il ne savait tout simplement pas jouer. Les animateurs du studio ne l’entendirent pas de cette oreille, et après audition des bandes, rappelèrent le jeune Peter, avant de lui confier le rôle de Thumper (Panpan en français), allant même jusqu’à adapter l’animation du personnage au jeune acteur, qui ne fera pas grand chose d’autre après 1942. Rien, en fait. Panpan, lui, n’était pas présent dans le roman, mais fut ajouté afin d’apporter un peu de joie au sein d’une histoire tout de même pas super fun avec des animaux qui meurent.

Du retard à l’allumage

S’il n’est que le sixième film d’animation de Disney, il devait au départ être le second, et griller la politesse à Pinocchio. Le projet fut lancé en 1935, parallèlement à la production de Snow White, et seulement douze années après la parution du roman dont il s’inspire, Bambi, l’Histoire d’une Vie dans les Bois, de l’autrichien Felix Salten. Finalement, c’est le 13 août 1942 que les spectateurs londoniens découvrirent le film dans les salles, à l’occasion de la première mondiale (culotté, en temps de guerre). Celle de New-York eut lieu le 13 août, et la sortie nationale, le 21 août. Mais l’ambiance n’était pas à la fête, tant Walt Disney avait grand besoin d’un succès, suite aux échecs de Pinochio et Fantasia, et le début de la guerre, qui le priva du marché européen. Après un emprunt à la Bank Of America, tout semblait reposer sur les épaule du petit faon. Mais le film fit un flop, ce qui obligea Disney à ressortir son premier carton, Blanche-Neige. Bambi, lui, ne commença à rapporter de l’argent qu’à l’occasion de son retour sur les écrans en 1947.

 

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Autour de Disney


Une information en plus, en passant, parce qu’on est comme ça chez Rockyrama: Bambi était distribué par RKO Radio Pictures. Une autre ? Allez ! Les droits du roman Bambi furent d’abord achetés par Sidney Franklin, producteur et réalisateur affilié à la MGM, avec l’intention d’en réaliser un film en prises de vues réelles. Face à la difficulté de la tâche, il céda finalement les droits au papa de Mickey, après avoir vu Blanche-Neige et avoir compris qui était le patron (le film lui est d’ailleurs dédié). Après Bambi, malheureusement, plus rien du côté du studio d’animation, jusqu’à Cendrillon en 1950. La faute à la guerre, qui priva le studio des matériaux et animateurs nécessaires.


Sérieux, pourquoi ?


Le film eut une suite, en 2006, sobrement intitulée Bambi 2. C’est une énorme merde réalisée par Brian Pimental, scénariste de La Belle et la Bête et Aladdin, et dans laquelle Sir Patrick Stewart donne également de la voix (et après tout, payer son loyer c’est important, qui juge ?). Que dire de ce truc alors ? A sa sortie, Bambi 2 éclata un record sans gloire, celui du plus long intervalle entre un film et sa suite, précédemment tenu par Le Magicien d’Oz (1935) et Oz, Un Monde Extraordinaire (1985). D’ailleurs, le titre Bambi 2 est un mensonge, puisqu’il ne s’agit pas à proprement parler d’une suite, mais d’une sorte de complément, Bambi 2 se déroulant au beau milieu de Bambi. Ce qui n’empêcha pas le film de se frayer un chemin jusqu’aux salles obscures, sauf aux Etats-Unis, où il fut un Direct To Video à succès, avec plus de 2.6 millions de copies vendues le jour de sa sortie. A part ça, Bambi 2, Le Prince de la Forêt, son titre de merde complet, est le tout dernier film d’animation sorti sur VHS (le dernier film tout court étant A History Of Violence, en 2005).


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Pas de quoi rire


On a tendance à l’oublier (enfin, surtout si on n’a pas vu le film), mais Bambi est une oeuvre sombre. Et le roman dont le film s’inspire l’est bien plus. Oeuvre écolo davantage que conte, l’ouvrage de Felix Salten dépeint une nature implacable, faite de mort (pas moins de six décès au fil des pages), de copulation sauvage, de sang, de boyaux. Bref, la vraie vie (qui est une pute, rappelons-le). Au passage, l’un des moments les plus poignants du roman a lieu quand le Prince de la Forêt met le jeune Bambi face au cadavre d’un homme tué par un autre homme, lui expliquant ainsi que nous ne sommes pas des dieux, mais bien des mortels (et également, au passage, des merdes sans morale). L’Homme, justement, est le grand méchant du film, bien qu’il ne soit jamais nommé, et qu’il n’apparaisse pas à l’écran, faisant de lui une menace intangible, une ombre. Et dans la liste des 100 Greatest Heroes And Vilains dressée par l’American Film Institute, « Man » se tient fièrement à la vingtième place. Si tout cela vous rappelle ces litres de larmes versés lors de la mort de la maman de Bambi, sachez que votre imagination vous joue des tours quand vous pensez visualiser la scène, qui n’est jamais montrée à l’écran, et sachez également que Bambi était supposé retourner auprès du corps ensanglanté de sa mère, avant que l’idée ne soit écartée. C’est sans doute mieux ainsi.


Mère Russie


Il existe une autre version de Bambi. Non pas un remake du film de Walt Disney, mais bien une nouvelle adaptation du roman, une réalisation soviétique du nom de Detstvo Bambi, sortie en 1985, et suivie en 1986 de Yunost Bambi. Tous deux furent réalisés par Natalya Bondarchuk, également actrice vue dans le Solaris de Tarkovsky (qui sera plus tard remaké par Soderbergh avec George Clooney les fesses à l’air), et le résultat, en prises de vues réelles où de vrais acteurs côtoient des animaux, laisse un sentiment étrange: les hommes, ici, chassent-ils les hommes ? Apparemment. C’était la Guerre Froide en même temps. Ceci n’explique rien, mais on cherche. Et nous vous conseillons vivement le visionnage de ces choses.


Nico Prat


Article paru dans le Rockyrama Classic Walt Disney