Super Sons : quand je serai grand

Sortie il y a quelques mois chez Urban Comics, la gamme Rebirth proposait un nouveau tournant dans DCverse.

Sortie il y a quelques mois chez Urban Comics, la gamme Rebirth proposait un nouveau tournant dans DCverse. L’univers de Superman prenait un nouveau départ, dévoilant un Kal-El venu d’un univers parallèle et tâchant de trouver sa place dans ce nouveau monde. La plus grande surprise ne venait pas des nouvelles relations qu’il allait tenter d’entamer avec ses confrères encapés, mais de la connivence avec son fils Jon Kent, fruit de son union avec Loïs. Ce « Super Fils » nous offrait un point de vu inédit dans l’univers du héros, le montrant comme un père face à un gamin commençant à appréhender des pouvoirs naissants.

Si le personnage de Damian Wayne est maintenant bien ancré dans l’univers de Batman, puisqu’il porte le costume de Robin depuis plus de dix ans; celui de Jon Kent est quant a lui plus inédit. Si vous lisez des comics depuis de nombreuses années, vous savez que ce que les auteurs aiment le plus après les crossovers, ce sont indéniablement les « Team Up ». De « Luke Cage & Iron Fist » à « Green Arrow & Green Lantern », la plupart de ses associations ont été faites bon gré mal gré au fil du temps avec des réussites très variables.

Quand Peter Tomasi a décidé d’intégrer le personnage de Jon Kent, crée par Dan Jurgens en 2015, tout porte à croire qu’il avait déjà une vision claire de l’avenir du jeune héros. Associer les fils de Batman et Superman tombait certes sous le sens, mais Tomasi a pris le temps de faire les présentations en bonne et due forme avant de les lancer dans le grand bain.

On sait que les relations entre Batman et Superman ont souvent été conflictuelles, mais les deux étendards de l’univers DC sont maintenant aussi indissociables l’un de l’autre que les faces d’une même pièce. Ainsi, Jon et Damian vont être propulsés dans la cour des grands pour jouer aux héros comme leurs pères respectifs. Peter Tomasi va pourtant être obligé de changer de prisme pour aborder son histoire. Le fait d’avoir affaire à des enfants apporte la fracheur qui fait souvent défaut au monde des comics actuels. Alors certes, ce premier tome joue bien entendu avec l’ombre et la lumière inhérent à chacun des personnages, mais opposer le côté cabochard d’un Robin rodé aux pires situations et la candeur de Superboy, donne un mélange à la fois explosif et réjouissant.

Les deux kids vont, comme dans un récit de super héros ultra classique, affronter un ennemi surpuissant en la personne du rejeton d’Amazo, qui comme son « père », peut copier les pouvoirs de ses adversaires. Vous l’aurez compris, ce qui fait la saveur du récit ce n’est pas la trame super héroïque, mais bel et bien les interactions entre tous les protagonistes. Tout est écrit avec justesse, que ce soit les apparitions de Loïs et Alfred en tuteurs à la fois inquiets et agacés par les agissements des deux enfants, ou la présence en filigrane de Superman et de Batman veillant dans l’ombre sur leur progéniture. Tomasi présente des personnages ultra attachants bien que parfois un peu caricaturaux, mais qu’importe puisque le récit est d’une efficacité à toute épreuve.

Au dessin Jorge Jimenez propose un trait soigné, frais et coloré qui fonctionne parfaitement avec le ton du comics. L’espagnol arrive à retranscrire à la fois les acrobaties flamboyantes de Robin, tout en gardant les morphologies et les visages mutins des deux enfants.

Ce duo nouvellement formé va rapidement faire parler de lui tant il déborde de sympathie et de joie de vivre. Un comics « feel good » qui arrive à combiner une élégance aussi bien dans son trait que dans sa façon d’aborder ses personnages. Malgré une intrigue assez simpliste, « Super Sons » souffle un tel vent de fraicheur qu’il serait dommage de passer à côté.

Christophe BALME