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George Lucas : The Skywalker

George Lucas fait partie de ce tout petit cercle de créateurs d’univers. Les réalisateurs qui analysent notre société ou qui porte un regard curieux et parfois personnel sur notre civilisation sont pléthore, bien que tous ne soient pas égaux face au
George Lucas : The Skywalker

George Lucas fait partie de ce tout petit cercle de créateurs d’univers. Les réalisateurs qui analysent notre société ou qui porte un regard curieux et parfois personnel sur notre civilisation sont pléthore, bien que tous ne soient pas égaux face au talent ou au succès. Mais Lucas dès le départ désirait autre chose. Il est de cette trempe de créateurs qui, armés d’une vision et d’une lecture du monde différentes, font du cinéma ce formidable médium de la retranscription des rêves. 


Star Wars. Ces deux mots mis côte à côte se suffisent à eux-mêmes. On pourrait simplement s’arrêter là et saluer l’homme qui a pensé, qui s’est battu et qui a su concrétiser au cinéma ce monde qu’il avait en tête. Star Wars est un univers d’une richesse absolue et quasi infinie, construit de multiples races, d’innombrables planètes et d’une cosmogonie si vaste que tout y semble possible et envisageable. Si bien que l’on a rapidement la possibilité de s’y perdre, comme ce fût le cas de Lucas lui-même.


Si la littérature est depuis toujours le format idéal de la création de fresques universelles et complexes, rares sont ceux ayant su transcrire un univers aussi riche que celui de Star Wars à l’écran. Ceux qui comme Lucas ont crée un univers d’une telle ampleur sur pellicule sont à compter sur les doigts de la main. George Lucas fait parti de ceux qui ont su, pièce par pièce, mettre en place et faire vivre dans nos yeux une mythologie complète, complexe et merveilleuse.


Avec peu de moyens et une ingéniosité sans bornes, Lucas a réussi en un film à faire germer Star Wars dans nos cœurs et nos esprits, à ancrer pour de bon ses personnages, leurs vies, leurs espérances, leurs croyances et leurs doutes, et à nous faire croire, le temps du film, à cet univers. Lucas a ensuite réussi à gérer sa franchise, à faire croître cette saga en jardinier bienveillant qu’il est, et à faire entrer au panthéon de la pop culture ce qui avait germé dans son esprit et ses rêves.

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Bien entendu, Lucas n’est pas parfait et a aussi réussi à mettre à mal sa propre saga. Pour autant, en grand enfant rêveur qu’il est, Lucas s’est aussi toujours adressé, autant à l’âme d’enfant qui palpite en chacun de nous qu’aux enfants eux-mêmes. C’est dans leurs cœurs et dans leurs yeux qu’il a su le mieux faire de Star Wars l’œuvre universelle qu’elle est devenue, en créant des personnages qu’ils entendent, qu’ils comprennent et qu’ils ont envie de suivre. Des héros flamboyants, chancelants mais vainqueurs, des méchants terrifiants et des side-kicks attachants. L’espace, le futur et les batailles se mélangent à merveille avec les influences asiatiques et les monstres formidables. Donjons et dragons, samouraïs et navettes spatiales, un amalgame splendide de références oniriques, au service de la quête d’un palefrenier au destin incroyable. Tout est là. D’Alan Watts à Campbell, du roi Arthur à Kurosawa et du Muppet Show à Metropolis. Star Wars est l’œuvre pop ultime.


Mais le reste de l’œuvre de Lucas dénote aussi du regard enfantin et rêveur qu’il porte sur le cinéma et de sa propension à réfléchir ses films et ceux qu’il produit, sous la forme d’univers. THX 1138 pourrait largement inspirer d’autres histoires se déroulant dans cet univers futuriste aseptisé, que ce soit pour les Daft Punk ou bien d’autres réalisateurs. L’imagerie du film a marqué son temps et les esprits. American Graffiti qui est le film le plus classique de son auteur, respire le fantasme de cette époque et des souvenirs d’un Lucas de 20 ans, au sortir de l’adolescence, évoluant au cœur des sixties et des clichés d’une époque où tout semblait possible. Si l’univers n’est pas ici au centre de la création du film, Lucas n’oublie pas pour autant son âme d’ado et son regard sur une époque qu’il a traversé. 


La saga Indiana Jones par contre, arpentée en covoiturage avec Spielberg, dépeint elle aussi un univers fantasmé, habité par la sorcellerie, regorgeant d’artefacts chargés d’histoire et de puissance biblique, de malédiction et de nazis malveillants. Le monde dans lequel évolue le docteur Jones, à l’instar de celui de James Bond, est bel et bien un univers pop, où les méchants sont « bigger than life » et ou les possibilités d’histoires et de scénarios semblent infinies.

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En tant que producteur aussi, Lucas a toujours favorisé et choisi de s’investir sur des projets où l’univers avait une place primordiale. Willow et Labyrinth sont chargés d’héroïc fantasy et pourraient facilement donner lieu à d’autres aventures. Le Japon féodal fut de tout temps un terreau particulier de la création de Lucas et son investissement dans la production de Kagemusha semble presque être la pièce qu’il paye à l’inspiration, tant de l’auteur, en la personne de Kurosawa, que de son sujet. Même lorsqu’il adapte un comics, il choisit de s’investir sur la mise en image d’Howard The Duck, un héros hors-norme, aussi enfantin que barré, et propice à l’écriture d’un univers riche et bariolé.


Si Star Wars a été l’œuvre d’une vie pour Lucas, un univers dans lequel il a passé les 40 dernières années, un monde qu’il a tricoté de films en films, de livres en jeux vidéo et de comics en séries d’animation, le flambeau est désormais entre les mains de Disney. Pour le meilleur et, on le réfute de tous nos vœux, pour le pire.


Aujourd’hui, ce sont d’autres qui déjà se sont réappropriés cet univers, et Disney compte bien faire grossir Star Wars au rythme des estimations de bénéfices. Une chose est assurée ; l’œuvre de Lucas va perdurer, prospérer en bien ou en mal, mais elle va continuer de s’étendre, infiltrant toutes les strates de la pop culture, pour toucher encore des millions d’enfants et des millions d’adultes à travers le monde.


Lucas quant à lui, qui a toujours regardé les étoiles pour créer, parcourt désormais le ciel et marche au milieu des astres avec les rares, trop rares créateurs d’univers, assuré de voir son œuvre propager sa vision d’un monde autre, encore plus loin, jusqu’aux galaxies les plus lointaines.


JAC

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