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Alejandro Amenábar sème le doute avec son film Regression

C'est peu dire que le dernier film d'Alejandro Amenábar est passé inaperçu lors de sa sortie en octobre dernier, rapidement mis à mal par des critiques peu élogieuses. Et pourtant, avec Regression, le metteur en scène réalise une œuvre dans la droite
Alejandro Amenábar sème le doute avec son film Regression

C'est peu dire que le dernier film d'Alejandro Amenábar est passé inaperçu lors de sa sortie en octobre dernier, rapidement mis à mal par des critiques peu élogieuses. Et pourtant, avec Regression, le metteur en scène réalise une œuvre dans la droite lignée de ses précédents films, à travers laquelle il continue de s'intéresser à deux notions qu'il perçoit comme complémentaires et qui imprègnent sa filmographie : la certitude et le doute.


Tesis, son premier film sorti en 1996, abordait déjà ces questionnements en confrontant la légende urbaine du snuff movie à la réalité. Un an plus tard, Ouvre Les Yeux déstabilisait les spectateurs en remettant constamment en doute ses interprétations tandis que Les Autres explorait encore davantage ce cheminement dans un final qui démentait ce qui nous apparaissait jusque là comme une évidence. Tout aussi ambitieux, Agora plaçait cette dualité dans un cadre historique, dans une confrontation de la science et de la religion, des doutes face aux certitudes. Voir Regression dans cette optique  permet de contextualiser une œuvre qu'il est difficile d'apprécier totalement sans tenir compte de ces obsessions thématiques.

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Au même titre que ses précédents films, Regression ne se limite pas à un seul genre. Ainsi, le registre horrifique est utilisé avec parcimonie et plutôt que de s'y attaquer frontalement le réalisateur maintient jusqu'au bout sa détermination à offrir une atmosphère qui appuie une interrogation face aux images, à savoir: faut-il y croire ou non ?

Un questionnement qui caractérisait déjà Tesis et Les Autres, où l'horreur est tout autant affaire de psychologie que d’effroi. Tandis que bon nombre de films de genre choisissent d'instaurer une atmosphère pour rapidement la dynamiter à coup de scènes chocs, de sursauts ou de révélations, Regression joue à nouveau sur l'exploitation, mais aussi l'approfondissement, d'une ambiance mystérieuse qui n'offre ses vérités que lors des dernières minutes. Une approche qui n'est pas anodine de la part d'Alejandro Amenábar qui avoue avoir comme films favoris des titres tels que Rosemary's Baby, L'Exorciste et La Malédiction, des œuvres dont l'aura mystérieuse n'est jamais désamorcée par ses intentions horrifiques ou fantastiques.


A ce titre Regression marque aussi l'évolution personnelle d'un réalisateur dont les propres doutes sont constamment retranscris à l'écran. A l'époque où il réalise Les Autres il se considère lui-même comme agnostique avant de se définir comme athée quelques années plus tard. Un changement idéologique qui devient dès lors très intéressant si l'on compare ce dernier aux mystères et aux résolutions de films comme Les Autres puis Regression, ou au positionnement d'un film comme Angora sorti entre-temps.

Si Regression peut être apprécié comme une série B (ce qui, il faut le rappeler, n'a rien de péjoratif), qui mêle à la fois le thriller et le film d'horreur teinté de surnaturel, il semble important de faire le parallèle avec les autres œuvres de l'auteur pour en extraire les véritables intentions et questionnements.


Un long-métrage singulier jusque dans sa résolution anti-spectaculaire, parfaite résonance d'une filmographie aussi obsessionnelle qu'en mouvement perpétuel.


Nicolas Milin

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