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Blade Runner 2049 : un hommage appliqué

Blade Runner 2049 arrive dans les salles obscures demain, avec beaucoup d'attente et de questions. Bonne nouvelle : nous avons vu le film. Mauvaise nouvelle : les réponses ne sont pas toujours les bonnes.
Blade Runner 2049 : un hommage appliqué

Blade Runner 2049 arrive dans les salles obscures demain, avec beaucoup d'attente et de questions. Bonne nouvelle : nous avons vu le film. Mauvaise nouvelle : les réponses ne sont pas toujours les bonnes.


Une suite à Blade Runner ? Quelle drôle d'idée ! Mais après tout, la pop culture se nourrissant plus que jamais, en 2017, de ses propres icônes, ce n'était qu'une question de temps. Et sur le papier, qu'espérer de mieux ? Denis Villeneuve, orfèvre de tous les possibles (Dune, bientôt). Ryan Gosling, l'un des meilleurs acteurs de sa génération. Harrison Ford, en pleine relecture de son passé après Star Wars et en attendant un nouveau Indiana Jones. Ridley Scott, trop attaché à rater son Covenant pour prendre la place derrière la caméra, mais ici producteur et gardien du temple. Hans Zimmer à la musique, et le légendaire Roger Deakins à la photographie. Oui, sur le papier, tout cela ne manque pas de classe, d'ambition. Et nous avions donc le droit de rêver.

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Et de rêve, il est fortement question ici. Après tout, l'oeuvre d'origine se nomme Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?. Un rêve éveillé donc, un voyage onirique, une longue, lente épopée au sein d'un univers familier mais ici agrandi. Tout est plus beau, large. Dennis Villeneuve, en élève appliqué, livre, visuellement, une suite digne. Mieux : un réel hommage. On est dans Blade Runner, aucun doute là-dessus. On y est en fait tellement, jusqu'au cou, qu'on se noie. Passé une séquence d'introduction d'une rare élégance dans sa façon de dévoiler notre héros (Ryan Gosling, mutique, sec, d'une sauvagerie toute en retenue), on se retrouve face à un mur. Infranchissable. Blade Runner 2049 est un film froid, clinique. Un film sans humanité.

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Certes, là est le sujet du film. Une recherche constante d'humanité au coeur d'un monde qui en est dépourvu. Le classique de 1982 ne parlait que de cela, Blade Runner 2049 aussi. Mais là où Ridley Scott mettait en scène un méchant charismatique, une romance aventureuse, un flic égaré dans un univers noir, Denis Villeneuve n'a pour lui qu'une galerie de stars fantomatiques : Jared Leto, antagoniste spirituel, beau parleur pour ne rien dire. Ana de Arma, qui n'a pas son nom sur l'affiche, mais surtout, aucun rôle à tenir dans le film, si ce n'est celui de livrer de belles images (la scène avec Mackenzie Davis est à ce titre un beau cliché de ce qu'est le film - beau mais creux). Harrison Ford est là, bougon, et c'est à peu près tout. Ryan Gosling, lui, porte le film sur ses épaules, mais n'exprime rien. On ne s'attache jamais, on se contente de suivre, à l'aveugle.

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Denis Villeneuve le disait lui-même au moment de se lancer dans cet absurde projet : il n'avait rien à perdre, et seul l'échec l'attendait au bout du chemin. Mais non, il semblerait qu'il ait réussi, en quelque sorte, son coup. Sa suite est respectueuse du matériau d'origine. Son casting est propre, soigné. Trop ? Une chose est certaine, il ne se passe pas grand chose, sur l'écran comme chez nous, durant ces 2049 minutes (temps ressenti).


Visuellement captivant mais émotionnellement vide de toute substance, Blade Runner 2049 n'est pas une purge, ni un chef d'oeuvre.

Blade Runner 2049 est... un film.


Nico Prat