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Sebastian Stan nous parle de Civil War, de Bucky et de Taxi Driver

Tout juste aperçu dans l'excellent Black Swan en 2010, c'est réellement l'année suivante, avec le premier Captain America, que Sebastian Stan devient un acteur de premier plan.
Sebastian Stan nous parle de Civil War, de Bucky et de Taxi Driver

Tout juste aperçu dans l'excellent Black Swan en 2010, c'est réellement l'année suivante, avec le premier Captain America, que Sebastian Stan devient un acteur de premier plan.


Dans le rôle de Bucky, meilleur pote et compagnon d'armes de Captain America, il marque les esprits, et trois ans plus tard, vole la vedette à Steve Rogers dans Le Soldat de l'Hiver. En 2016, il est bien évidemment dans la team Captain pour ce Civil War. Entretien.


Pas trop chiant de jouer avec ton faux bras en métal ? Certains acteurs se plaignent de ce genre de contraintes.


"Pour le coup je suis plutôt content d'avoir ça, ça m'aide à rester dans le personnage. C'est vrai que d'autres acteurs détestent ça, c'est ressenti comme un handicap d'avoir quelque chose qui, physiquement, t'alourdit ; tu ne peux pas faire comme si ça n'existait pas, ça c'est clair. Mais c’est marrant".


Il y a une grosse différence avec tes autres tournages ?


"Je n'ai pas vraiment de moyen de comparaison. En réalité, les films des Russo sont finalement plus ancrés dans la réalité que les autres, donc j'ai tendance à oublier qu'on est dans « un film de comics » la plupart du temps. Notre histoire est plutôt terre-à-terre. Je dirais que le côté action reste la caractéristique principale. Tu dois apprendre à faire confiance à ton metteur en scène, tu dois aussi savoir quand être ferme et dire non à certaines choses, c’est un rapport  différent. Je n’ai jamais vraiment eu d’entraînement ou de formation spéciale pour ce type de films, qui pour moi appartiennent à la famille des Mission Impossible, ou des Fast & Furious".


Comment tu vois l’évolution de Bucky depuis le dernier film ?


"Cette fois ils lui ont permis de parler ! (rires) Par rapport au film précédent, c'est pas rien comme changement, y'a du progrès. Il est... Dans ma tête je pense Taxi Driver quand je pense à la confusion qui règne dans la tête de Bucky, tu vois ce que je veux dire ? Ça m'a sauté aux yeux en lisant le script. J'aime me replonger dans des classiques, parfois ça aide à préparer un rôle, et là, Taxi Driver avec ses virées nocturnes, le héros qui tente de se comprendre lui-même mais qui reste perdu, tout était là. Bucky réapprend à se connaître lui-même, il découvre le monde d'aujourd'hui qui est différent du sien. Il a perdu son identité, souffre de trouble de stress post-traumatique... Lui, son vrai but, c'est de se tenir éloigné de tous et de ne plus se battre, il ne veut embêter personne ! C'est son état d'esprit dans ce film, il est paumé, il ne sait pas à qui faire confiance, etc. C'est un peu un Jason Bourne : au fil de l'action, il découvre de plus en plus ses facultés. Parce qu'il n'a plus vraiment de mémoire à court terme, certaines choses lui semblent familières, mais pas plus. C'est spécial parce qu'il y a plein de façons de le jouer : un type pour qui tout est inconnu, une sorte de robot insensible, comme quelqu'un d'effrayé... Là, il en est arrivé à un point où il a suffisamment de lucidité sur lui-même pour savoir que quand il perd le contrôle, il peut être utilisé comme une arme".

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Quel est ton rapport aux comics ?


"Que ce soit une adaptation littérale ou au contraire très éloignée, les comics restent une source inestimable. C’est là que tu trouves des détails et des infos qui te servent, même inconsciemment. Je suis quelqu’un qui fonctionne beaucoup au niveau visuel, mon imagination se construit autour de ça, et aussi autour de la musique. Pour ce film, j’étais à fond dans du Pink Floyd, et des soundtracks de Hans Zimmer".


Zimmer ? Mais il bosse beaucoup pour la concurrence (rires).


(rires) "Le dis pas trop fort, mais il fait quand même de la super bonne musique".


On est parti pour te voir dans d’autres films de groupe ? Un Avengers par exemple ?


"J’en sais foutre rien. Même après le 1er film, je n’avais aucune idée de l’avenir du personnage, pour moi il était mort, et je pensais qu’on me ferait peut-être revenir en flashback, c’est tout. Personne ne te prévient, sauf quand la machine se remet en marche et qu’il faut que tu reviennes ! Je ne peux pas te révéler ce qui se passe à la fin du film pour le personnage, mais c’est le même cas de figure : si on me dit « c’est fini, tu ne reviens plus, sauf dans les souvenirs ou les rêves de Captain America », ça se tient. Si on me dit « tu vas revenir pour combattre des gens » ça se tient aussi. Et voilà le truc le plus marrant : même les scénaristes ne savent pas. Vraiment, ils ne savent pas encore, parce que ça ne dépend pas que d’eux. Je veux dire, si je leur demandais…"


Attends, tu ne leur as pas encore demandé ?


"Ben… J’ai un peu peur de leur demander précisément, en fait. Bien sûr, je sais exactement ce qui se passe dans les comics pour mon personnage, mais… On va dire que c’est possible que Marvel Studios ait un bureau super grand avec une frise sur le mur qui part du 1er Iron Man et qui se prolonge jusqu’au dernier Avengers. C’est possible. Mais ça ne veut rien dire. Tout peut être modifié à tout moment. Kevin Feige est venu sur le tournage et j’ai pu le rencontrer, parler un peu avec lui. C’était dingue, je pensais pas qu’il avait une vision si précise des protagonistes. Il y a 3 ans, quand on a tourné le 1erfilm, il ne pensait pas qu’on puisse arriver à Civil War. Pas du tout. Donc il y a vraiment un côté pragmatique qui évolue de film en film".

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Tu vois Bucky comme un antihéros ?


"Clairement. Pour une raison simple : c’est à toi de décider si tu le vois comme une victime ou comme quelqu’un qui est responsable de ses actes. Il peut être très facilement manipulable, c’est un gros souci. Mais d’un autre côté, et c’est un peu creusé dans ce film, il garde toujours une certaine conscience, c’est ambigu. Le truc c’est qu’il n’a pas d’empathie. Il ne connaît pas les remords, il ne pense pas comme ça, c’est ce qui lui permet de ne pas hésiter. D’habitude ce sont des caractéristiques de méchant, c’est ça qui le rend intéressant. Il reste instable."


Quel est ton critère pour savoir si tu fais du bon boulot ? Entre la réception du film, les exigences de studio, les fans hystériques, c’est parfois compliqué.


"C’est difficile, parce que tout le monde n’a pas la même vision des superhéros. Pour certains ça veut dire pop corn et coca light, se vider la tête devant une intrigue simple et de l’action. Pour d’autres c’est un symbole fort, et il ne faut pas oublier tous les gens qui s’en foutent complètement, ils sont nombreux (rires) ! Le challenge pour moi, depuis le début ça reste : est-ce que j’y crois, quand je me regarde dans une séquence ? C’est pour ça qu’on essaie de rendre ces films les plus crédibles possibles, tout en se ménageant certains clins d’œil, histoire de rappeler qu’on sait bien ce qu’on fait et qu’on ne se prend pas trop au sérieux. Ça reste des mecs en costume… Les fans que j’ai rencontrés m’ont surpris. Ils ne voient pas du tout Bucky comme un méchant. Ils ont de la peine pour lui, ils veulent le « sauver » d’une certaine façon, le consoler… C’est gratifiant parce que de mon côté j’essaie de le rendre le plus humain possible, donc savoir que des gens sont touchés par Bucky c’est une victoire".


Propos recueillis par Yérim Sar


Captain America : Civil War - Au cinéma