Club VHS : Escape from New York
Escape from New York (New York 1997, 1981, John Carpenter) Par Joe HumeLes 80’s, à part quelques miracles genre Pale Rider, furent avares en westerns marquants.
Tombé en désuétude, il n’attire plus le public et n’inspire pas des masses de réalisateurs. Travesti, réinventé, le genre subsiste pourtant, sauvegardé par des auteurs désireux d’amener de grand ouest ailleurs. À cette discipline, l’un des grands maîtres se nomme John Carpenter. On exagère à peine affirmant qu’il n’a signé quasiment que des westerns. Des westerns violents, sombres et réglés comme une montre à gousset. Parmi ceux-ci de dresse Escape from New York, une course contre la montre mettant en scène un nouveau type de hors-la-loi, un Clint Eastwood taillé pour les années 80.
Après Assault on Precinct 13, un film de siège évoquant Alamo, et Halloween, qu’on pourrait apparenter à l’attaque d’une ville tranquille par un terrible black rider (et je ne vous parle pas de la horde sauvage zombie de The Fog), Escape from New York s’aventure sur de nouvelles terres. Celle de l’outlaw, d’un antihéros américain dont la légende surpasse la réalité. Snake Plissken est un cow-boy solitaire qui se voit contraint de prendre part à un drame qui ne le concerne en rien, afin de retrouver sa liberté. C’est un mercenaire dont le seul intérêt est de sauver sa peau, quitte à y laisser des plumes. L’un des aspects intéressants du personnage, campé pour l’éternité par Kurt Russell, c’est la manière assez peu flatteuse dont Carpenter le présente. Si avec le temps le public et les fans se sont mis à fantasmer Snake comme le personnage badass et indestructible qu’il est plus ou moins devenu dans la culture populaire, n’oublions pas qu’il passe la moitié du film à se planter, à se blesser, à foirer ses plans et qu’il fait sa sortie en boitant. C’est une tête brûlée, un instinctif qui réfléchit après avoir agi. Forcément, il lui arrive des bricoles et c’est ironiquement de ces failles que naît la puissance du personnage. Snake n’est pas un surhomme, c’est un héro marqué par son passé et au futur plutôt incertain. En cela, il nous évoque plus les personnages troubles portés par Clint Eastwood ou Franco Nero que ceux de l’immaculé John Wayne. Mais au-delà de la figure typiquement western de Snake, Escape from New York regorge de références au genre. Le quartier de Manhattan, sorte de Badlands moderne, abrite tout un tas de personnages qui auraient largement leur place dans un western. Et ne venez pas nous dire que c’est un hasard si Lee Van Cleef et Ernest Borgnine figurent au casting !
On vous laissera le plaisir de jouer au jeu des ressemblances lors de votre prochaine séance du samedi soir. Mais ne vous y trompez pas : Escape from New York, sous ses airs de film de science-fiction et d’anticipation, est simplement un western postmoderne, une formidable ode en cinémascope à tout un pan de l’histoire du cinéma. Carpenter continuera tout au long de sa carrière à rendre hommage au genre, si bien qu’on se demande encore pourquoi il ne s’y jamais attaqué de front. Sûrement parce qu’il le respecte trop.
Escape from New York (New York 1997, 1981, John Carpenter)
Par Joe Hume